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Journée internationale des droits de la femme : la valse de l’hypocrisie et de la médiocrité

Je n’irai pas par quatre chemins : j’abhorre la “journée internationale des droits de la femme”. L’époque étant aux vierges effarouchées et à la sensiblerie à fleur de peau, je me doute bien que cette affirmation entraînera son lot de réactions outrées, et de commentaires “il est intolérable qu’on puisse penser ça en 2023“, et je risque probablement quelque bannissement quelque part pour avoir écrit ces mots.

Mais ce n’est pas grave, les plus courageux et courageuses me liront jusqu’au bout, les autres retourneront à leur misérable commisération et à leurs signalements “ne respecte pas les standards de la communauté“.

Journée mondiale contre le cancer (4 février), journée mondiale de la bicyclette (3 juin), journée mondiale du thon (2 mai)… oui, j’affirme pouvoir honnir la journée internationale des droits de la femme. Parce qu’en tant que femme, je n’apprécie guère être mise à la même enseigne qu’une maladie incurable ou que l’Holocauste. “Après la journée mondiale de la plomberie, mesdames, on pense à vous !

Je n’ai aucun besoin de cette farce pour me rappeler que je suis part de la moitié de l’humanité (la majorité, même si l’on veut être précis). Rappelons d’ailleurs que le nom a été modifié il y a quelques années passant de la journée internationale des femmes à celui de droit des femmes, ses promoteurs s’étant certainement rendu compte que l’énoncé n’avait pas de sens.

Loin de moi l’idée de vouloir jouer sur les mots, je sais bien que ce n’est pas une histoire de quantité mais que par le terme de minorité il faut entendre minorité politique : fêtons les femmes libérées de leur état de domination, empêchées, minorées, bannies, interdites.

Au regard de l’histoire, il y a certes, des périodes où ce fut le cas, et ça l’est encore dans moult pays (qui n’ont d’ailleurs que faire de cette journée). Mais cette célébration me pose problème parce que seul l’accès aux droits est considéré. Seuls les manquements, les problèmes, les manifestations de sexisme sont rappelés. Pas un mot sur les honneurs, les privilèges, la gloire, les possibilités, les responsabilités que nous avons eus tout au long de cette histoire.

J’ai l’immense chance d’être née en Europe où mes aïeules ont guidé des empires, gouverné des royaumes, mené des hommes au combat, réalisé les œuvres dont tous s’inspirent aujourd’hui. Elles ont été peintes, chantées, louées. J’aimerais bien que cela aussi soit rappelé à la mémoire. Comme les milliers de noms de femmes illustres qui jalonnent nos annales. La puissance des reines franques par exemple, est-elle jamais évoquée ? Oui, vous savez, les Francs, ceux de la loi salique. On nous martèle du CP à la terminale sur ce qu’elle a engendré : l’exclusion des femmes dans l’héritage du trône, mais que des reines aient gouverné pendant des siècles, que nenni. On a, au mieux, droit à quelques lignes sur les régentes. Mais avez-vous jamais entendu parler des douze gouvernantes mérovingiennes et carolingiennes qui ont régné en leur nom propre pendant plus d’un siècle et demi ? (1)

Pas un mot, non plus sur la protection dont jouissait le beau sexe, dans une civilisation qui les a considérées comme la chose la plus précieuse qui soit. Le codes Francs sont à ce sujet tout à fait significatifs : traiter un homme de merdeux ou de lâche vous coûtait une amende de 3 sous d’or, enculé 15, mais insulter une femme noble de putain en valait 45 ! Entraver le passage d’un homme valait 15 sous d’or, 45 celui dune femme. Le harcèlement sexuel était réprimé : toucher la main d’une femme libre coutait 15 sous, un bras 30, la poitrine 45. Le viol : de 200 sous à la peine de mort. (2) Mais on voudrait nous faire croire que notre passé est celui de la femme battue.

L’hypocrisie de cette célébration m’est insupportable. Nos bourgeoises mystifient notre histoire, délirent sur le patriarcat convaincues de vivre telles les femmes d’Arabie Saoudite, sans jamais professer un mot sur les meurtres, les viols, les agressions, les insultes dont nous sommes victimes dans la rue, dans les moyens de transport, chaque jour que Dieu fasse. Pas un mot. “Vous comprenez, faudrait quand même pas faire un amalgame“, autocensurons-nous pour ne pas “stigmatiser“. Fermons les yeux sur une réalité que bien des femmes doivent affronter chaque jour.

Alors Mesdames, au lieu de poster des photos de Frida Kahlo et de Rosa Parks sur votre mur virtuel, et si vous commenciez pas simplement décrire ce qu’il se passe en France, en Italie, en Suède, en Allemagne etc. ? Car là se trouve la misogynie. Là, y’a du boulot.

Allez, je vais vous choquer une dernière fois, en vous décrivant cette réalité : des Européennes sont, quotidiennement harcelées, considérées de vulgaires putes à maltraiter par certains membres de populations allogènes qui ne partagent pas notre respect et notre considération des femmes.

On en parle aujourd’hui ? Chiche !

Quelque unes des véritables victimes européennes de racisme

Audrey D’Aguanno

(1) Clotilde, Frédégonde, Brunehilde (38 ans de règne), Nanthilde, Himnelinde, Bathilde, Plectrude, Beltrade, Judith, Edgive De Wessex, Gerberge de Saxe (29 ans de règne), et Emma Ire ont gouverné les royaumes francs 147 ans sur 457, soit un tiers du temps.

(2) Elianne Viennot, La France, les femmes et le pouvoir, L’invention de la loi salique, Perrin, 2006.

Crédit photo : DR

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