Une partie de bonneteau place de la Gare a fini en règlement de comptes entre les communautés africaine et nord-africaine le 11 mars, à Strasbourg. Deux rivaux, âgés de 22 et 24 ans, ont été jugés vendredi devant le tribunal correctionnel pour des violences réciproques.
Un jeu d’argent clandestin est à l’origine d’un affrontement en plusieurs épisodes. Le 9 mars, Mohamed Ali Trabelsi, 22 ans, aurait gagné. Ce qui a mis en rage les organisateurs. Une bagarre a éclaté dans le secteur de la gare. Le jeune homme d’origine tunisienne a réussi à fuir.
Le lendemain au centre commercial des Halles, cet apprenti peintre a reçu un coup de couteau dans une fesse, alors qu’il se promenait avec sa compagne.
Encerclé, il a gazé tout le monde
Le 11 mars dans la soirée, il est retourné à la gare de Strasbourg. Sachant qu’on le cherchait, il s’est muni d’une bombe lacrymogène.
« C’est lui ! », a entendu une amie qui l’accompagnait. Plusieurs personnes l’ont poursuivi. Encerclé, il a gazé tout le monde. Le groupe est réapparu sur les images de vidéosurveillance. Dans les escalators du tram, il s’est retrouvé « bloqué par plusieurs hommes d’origine africaine » dont l’un tenait « une ceinture, la boucle en bas », décrit le président du tribunal, Philippe Schneider.
L’un de ses assaillants a été identifié comme étant Arnold Kinzunga, âgé de 24 ans. (…)
Mohamed Ali Trabelsi l’identifie pourtant parmi ses poursuivants. « Ils me disaient “Tu ne connais pas la mafia noire” », se souvient-il. En réponse, il les a encore gazés au milieu des voies du tram. Roué de coups, il est tombé, a sorti un couteau « récupéré » plus tôt dans la bagarre. Il a frappé devant des usagers du tram, médusés.
Deux hommes ont été blessés à l’abdomen — Arnold Kinzunga et l’un de ses amis qui, sérieusement touché, a dû être opéré. (…)
« Une sphère où la place de la justice est assez secondaire »
Après les faits, le jeune tunisien a disparu sans aller déposer plainte. « Il s’est laissé entraîner dans une sphère où la place de la justice est assez secondaire », regrette la procureure, Anne-Gaëlle Breit, requérant à son encontre trois ans de prison.