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Véran découvre au Danemark le remède anti-Le Pen : lutter contre l’immigration

On ne présente plus Olivier Véran, depuis qu'il a brillamment validé tous ses diplômes de grand sophiste de la Macronie durant le Covid. Il était donc l'homme de la situation pour lutter contre le nouveau virus du moment. Souvenez-vous : à l'automne 2021, le même Olivier Véran dénonçait un « virus nouveau » qui représenterait « 15 % du corps électoral ». C'était Zemmour. Le bon docteur Véran ne se dérobe jamais quand ce type de virus menace : aujourd'hui, bien sûr, c'est Marine Le Pen. D'où une visite au Danemark, le pays qui a su faire reculer l'extrême droite en appliquant un programme… anti-immigration. L'expérience fascine une Macronie en pleine dérive. Elle a,en plus, été réalisée par des sociaux-démocrates ; ça tombe bien, c'est justement la pouponnière de Macron et Véran. Tout est donc possible ! Et les think tanks de gauche phosphorent à plein régime sur le modèle danois.

Celui qui est encore porte-parole du gouvernement (pour cent jours ?) nous a donc envoyé une petite vidéo de son voyage et de sa réflexion politique : comment faire passer Marine Le Pen de 40 % à 4 % ?

À vrai dire, cette vidéo mal fichue est révélatrice des ambiguïtés d'une Macronie aussi mal fichue qu'elle. Elle continue à nous faire le coup du « en même temps » (on ne se prive pas d'une arnaque payante électoralement) : le macronisme serait soucieux des problèmes nés de l'immigration tout en réaffichant son pedigree socialiste et européen. Mais elle avoue surtout que, pour elle, le problème du moment, c'est Marine Le Pen, et le vote de plus de 40 % des Français, mais pas l'immigration ! La lutte contre l'immigration ne serait que le moyen de « mettre au tapis l'extrême droite », comme il le dit, de faire baisser la fièvre Le Pen. Car le docteur Véran ne se départit jamais de ses métaphores médicales : « Mourir guéri, c'est pas trop mon truc. » On aurait aimé qu'il explicite un peu. On se contentera de trouver la formule malheureuse, tant elle a été employée, à juste titre cette fois, contre sa politique sanitaire délirante durant le Covid. Mais sur l'immigration, à quoi rime l'exercice ? Naïveté ? Imposture ? Préparation de la suite du quinquennat, avec un virage à droite sur l'immigration ?

Évidemment, la vidéo a suscité de vives réactions à La France insoumise. À droite, on pouvait se contenter d'ironiser, comme Damien Rieu : « Je vous en supplie, faites chuter l’extrême droite comme les sociaux-démocrates danois. » Ou comme Grégoire de Fournas, député RN de la Gironde : « Monsieur Véran est enfin sorti de sa grotte pour découvrir que c’est à cause du laxisme migratoire de nos dirigeants que de plus en plus de Français se tournaient vers Marine Le Pen. On attend des actes maintenant. »

Mais l'on aurait tort de s'en tenir à une ironie certes bien méritée. En effet, malgré les gros sabots et les grosses ficelles d'Olivier Véran, un candidat social-démocrate ou démocrate-social (Édouard Philippe ou un autre) peut très bien rafler la mise en 2027 en remobilisant l'électorat macroniste et en l'élargissant à droite par une affiche anti-immigration à la danoise. Patrick Buisson fait sans cesse remarquer que l'électorat Macron de 2022 s'est droitisé par rapport à sa base de 2017. La démarche de Véran n'a pour seul but que d'opérer la conversion de l'offre à la demande. Et paradoxalement, la caution social-démocrate danoise d'une politique anti-migratoire pourrait davantage servir les sociaux-démocrates que la fermeté migratoire. Pour la droite, il ne suffit pas de gagner la bataille des idées sur l'immigration, désormais acquise. Il faut aussi remporter celle de la crédibilité des méthodes et de la stratégie électorale. L'heure n'est plus à la métapolitique.

Frédéric Sirgant

https://www.bvoltaire.fr/veran-decouvre-au-danemark-le-remede-anti-le-pen-lutter-contre-limmigration/

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