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Après la victoire des droites aux élections locales, où en sont les accords PP/Vox ? Vers une union des droites ? Un exemple pour la France ?

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Michel Festivi

Comme je l’avais indiqué, le Parti Populaire (PP) de centre-droit a largement gagné les élections régionales et municipales le 28 mai. Vox, parti qui refuse l’immigration sauvage et massive, qui combat pour l’unité de l’Espagne, sa langue, son drapeau, et contre tous les séparatismes, qui s’oppose fermement aux doxas des gauches sur le plan sociétal et mémoriel notamment, a obtenu de très bons scores par rapport à la précédente consultation similaire de 2019. Il a fait plus que tripler le nombre de ses députés régionaux et conseillers municipaux, entrant dans plusieurs régions ou municipalités où il n'était pas encore présent.

Dans plusieurs communautés autonomes et municipalités, des accords PP/Vox étaient donc attendus pour que les droites puissent les gouverner, sans être soumises au PSOE, qui dispose encore d’un solide socle électoral.

Ces alliances étaient d’autant plus indispensables, que le parti centriste Ciudadanos (les citoyens) a subi un revers tel qu’il a disparu et n’a quasiment plus aucune représentation en députés régionaux ou en conseillers municipaux, privant ainsi le PP de toute autre alternative, sauf à faire le jeu des socialistes.

Le patron du PP, Alberto Nuñez Feijoo est un apparatchik galicien, froid et triste comme un jour sans pain, dénué de charisme politique. Comme Vox l’insupporte (parti qui a été créé en 2013 par des dissidents du PP), il est prêt à bien des compromissions pour écarter le parti de Santiago Abascal de sa route et parvenir à ce qu’il croit être son destin national, quitte à faire « la danse du ventre » au PSOE. On connait aussi ce même phénomène en France.

C’est donc dans des conditions difficiles, à cause du PP, que se sont déroulées les négociations entre les deux partis, régions par régions, municipalités par municipalités, pour parvenir à accoucher des accords de gouvernements régionaux ou municipaux, partout où cela s’avérait indispensable.

Un précédent existait, en Castille et Leon, vaste région centrale, la plus grande en superficie, mais la moins peuplée d’Espagne. L’an passé, le Président PP de cette entité avait provoqué des élections anticipées, suite à la rupture de l’accord que son parti avait avec Ciudadanos, qui menaçait de s’allier avec le PSOE. Le PP maintenait ses positions obtenant 2 sièges de plus, sans obtenir la majorité absolue qu’il convoitait, Vox un député de plus (de 12 à 13), mais Ciudadanos perdait 11 sièges sur les 12 qu’il possédait, les gauches perdant 12 sièges. Ce n’est qu’in extremis, qu’un accord intervenait, octroyant à Vox la présidence et la vice-présidence des Cortès de Castille et Leon, ainsi que trois membres dans l’exécutif régional. Les gauches révolutionnaires, toute honte bue, n’avaient pas craint de crier au retour du fascisme !

Cet exemple pouvait se dupliquer à la suite des élections du 28 mai. Un bonne nouvelle tombait assez rapidement. Dans la riche communauté Valencienne, la 4e région d’Espagne en nombre d’habitants, le PP et Vox sont parvenus à un accord de gouvernement. Le PP avec ses 40 sièges avait impérativement besoin des 13 députés vox pour atteindre la majorité absolue des 50 sièges. C’est Vox qui présidera les Cortès valenciens, et qui va entrer dans l’exécutif.

Dans cette même région, à Elche, ville de plus de 200 000 habitants, proche d’Alicante, un contrat municipal est intervenu entre le PP et Vox.

Un même pacte municipal est advenu à Burgos, Valladolid, Guadalajara, Alcalà de Henares, Tolède, Aranjuez, Ciudad Real et à Mostoles, en banlieue sud de Madrid, ville de plus de 200 000 habitants. Dans plus de 140 autres municipalités environ, de moindre importance, des accords similaires ont été conclus. Un exemple, dans el municipio andalou de Nijar près d’Almeria (31000 habitants), le PP a eu 10 conseillers, le PSOE aussi, et Vox un seul, mais un accord salutaire est intervenu entre le PP et Vox pour prendre cette municipalité au PSOE, qui la détenait depuis deux mandats.

Dans plusieurs autres villes comme Valence, Saragosse, Palma de Majorque, le PP avec sa majorité relative, devra au coup par coup négocier avec d’autres formations, dont Vox, notamment pour le vote du budget.

Restaient les régions de Murcia, d’Aragon, des Baléares et d’Estrémadure où une alliance était possible pour que les droites prennent franchement la direction de ces communautés autonomes, afin que le PP puisse avoir la majorité absolue avec Vox.

En Aragon on s’oriente vers le soutien, au PP, sans participation de Vox à l’exécutif, mais c’est Vox qui présidera les Cortès d’Aragon. Le PP de la région de Murcia semble vouloir gouverner seul sans l’appui de Vox. Aux Baléares, un accord Vox/PP est intervenu sur 110 propositions pour mettre fin : « aux politiques socialistes et séparatistes ». Si Vox ne fait pas partie de l’exécutif, il entre dans les conseils insulaires de Majorque et de Minorque et présidera les Cortès des Baléares.

L’Estrémadure est un cas des plus emblématique. Cette communauté autonome, très pauvre et excentrée le long de la frontière portugaise est à gauche depuis 1983, sauf un intermède entre 2011 et 2015. Or, le 28 mai le PP et le PSOE se sont retrouvés à égalité avec 28 députés chacun, mais dans une dynamique inversée puisque le PSOE a perdu 6 sièges et le PP en a gagné 8. Vox qui n’en avait aucun en 2019 se retrouve avec 5 sièges et un autre parti de gauche avec 4 sièges. Les comptes étaient donc vite faits, pour que le PP gouverne, il lui fallait faire un accord avec Vox, la majorité absolue étant de 33 sièges.

Mais c’était sans compter avec le chef local du PP Maria Guardiola, qui comme l’a noté le subtil chroniqueur Federico Jimenez Losanto : « Seul le PP est capable de défendre les idées du PSOE avec l’enthousiasme de Maria Guardiola ». Finalement, grâce à la ténacité de Vox, Maria Guardiola s’est séparée de son conseiller, son gourou comme désigné par la presse espagnole, qui venait de l’extrême gauche, pour changer de discours et entamer des discussions sérieuses avec Vox. Pour l’instant les pourparlers ont repris, la situation devrait évoluer dans les tous prochains jours, aux alentours du 5 juillet.

En réalité, si Feijoo était un véritable patron avec une volonté inextinguible de barrer la route aux gauches devenues révolutionnaires, il y a longtemps qu’il aurait intimé l’ordre à ses barons locaux de conclure avec Vox.

Quant à Isabel Diaz Ayuso la dynamique, pétillante et droitière Présidente PP de la communauté de Madrid, elle a très clairement indiqué que le PP n’avait pas à raisonner avec les mantras des gauches et devait passer des accords, sans avoir de « ligne rouge » à tenir.

En tout cas, cela peut promettre des déconvenues après les élections générales du 23 juillet. Si le PP ne peut obtenir la majorité absolue qu’avec l’appui de Vox, comme le prédisent pour l’instant tous les sondages, il sera contraint de ne pas faire n’importe quoi. Dans le cas contraire, s’il obtenait la majorité absolue, sa politique centriste, donc sans rupture avec la gauche, se révèlerait dans toute sa splendeur, comme cela s’est déjà produit sous la mandature de Mariano Rajoy.

Car beaucoup de chroniqueurs en France omettent de signaler que le PSOE est devenu un parti révolutionnaire et sectaire sous les houlettes respectives de José Luis Zapatero puis surtout de Pedro Sanchez. Ce n’est plus du tout le parti social-démocrate du temps de Felipe Gonzales. Il n’hésite plus à s’allier avec les pires radicaux communistes, séparatistes, anciens terroristes, comme le parti basque EH Bildu, héritier de l’ETA.

Par contre, le PP n’a jamais voulu attaquer les gauches sur le terrain métapolitique, sur leur falsification de l’Histoire (les lois mémorielles scandaleuses), sur leurs multiples infractions à la séparation des pouvoirs. Le PP d’Aznar ou de Rajoy s’est en réalité toujours comporté en parti centriste, laissant totalement aux gauches le combat des idées. Feijoo, sans un aiguillonneur puissant sur sa droite sera dans le même schéma. On a connu cela chez nous, les LR et leurs prédécesseurs étant des exemples parfaits de cette absence totale de volonté de rompre définitivement avec les politiques de gauche, sauf le temps des campagnes électorales.

Comme l’a déclaré Santiago Abascal : « Quatre années de plus de Sanchez seraient un drame pour l’Espagne. C’est maintenant ou jamais. ». Oui, mais quatre années avec Feijoo seul, c’est la certitude que la rupture avec le Sanchisme ne se fera pas. Espérons qu’à la suite des législatives du 23 juillet il soit contraint de s’entendre avec Vox, en tout cas à ce jour, tous les sondages confirment que le PP n’obtiendra pas seul, la majorité absolue, et Ciudadanos ne présentera aucune liste. Mais même si tout cela reste imparfait, l’Espagne nous prouve, comme en Italie, qu’une union des droites est indispensable et possible. Ces élections capitales qui concernent notre voisin, pourraient avoir des conséquences sur notre vie politique.

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2023/06/29/apres-la-victoire-des-droites-aux-elections-locales-ou-en-so-6449767.html

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