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Assurances : vous payerez pour les émeutiers !

650 millions d'euros. La facture s’alourdit pour les assureurs qui se retrouvent devant plus de 11.000 sinistres déclarés directement liés aux émeutes qui ont éclaté après la mort du jeune Nahel, à Nanterre. Une facture salée qui pourrait bien s’alourdir encore, car toutes les informations ne sont pas encore remontées. Dans le détail, les sinistres sur les biens professionnels représentent 55 % des 650 millions d'euros évoqués, et ceux sur les biens des collectivités locales 35 %, indique France Assureurs auprès de l'AFP.

Une addition salée, donc, qui pose la question du coût, certes pour les compagnies d’assurance, mais aussi pour les clients. « Dans certains quartiers, des commerçants vont voir leur prime d’assurance exploser », réagit un professionnel du secteur joint par BV, et encore, ce serait dans le meilleur des cas. « Au pire, certains auront le plus grand mal à trouver un assureur acceptant de les prendre en charge, au vu des risques », craint-il. C’est le problème du principe de la mutualisation des risques… Vous subissez un dommage et c’est l’ensemble des assurés qui payent pour vous. On est donc bien loin du principe du casseur-payeur et de la volonté des politiques de mettre les émeutiers et leurs familles à contribution.

Heureusement pour les assurés, aucune compagnie d’assurance n’a essayé de faire passer ces dommages sous le compte d’une « émeute » au sens juridique. En effet, « l’émeute » ne fait pas partie des éventualités couvertes par les assurances, puisque cette éventualité engage la responsabilité de l’État. « Les assureurs vont donc payer… cette fois », craint le député de Vaucluse Hervé de Lépinau, qui martèle : « Si ce scénario venait à se reproduire, le risque sera[it] de voir les assureurs refuser de payer l’ardoise des manquements de l’État. »

Les « petits connards » ne payeront pas ?

La classe politique et particulièrement les élus locaux n’ont pas directement mis la main au portefeuille pour réparer les dégâts, et c’est le moins qu’on puisse dire. Comme le déclare le sénateur LR Thierry Meignen, ancien maire du Blanc-Mesnil, : « Ces gamins-là qui n’ont pas de cerveau paieront […], on ne cédera pas à cette poignée de petits connards qui veulent troubler l’ordre public », a déclaré l’élu, dans une courte vidéo sobrement intitulée « J’en ai marre de cette poignée de petits connards ! », le 4 juillet dernier.

Car la question est posée. Il y a une semaine, on signalait une hausse anormale des assurances habitation due, notamment, à la hausse des cambriolages ! Ou quand l’action de quelques-uns appauvrit l’ensemble de la population.

Face à face mais solidaires ?

Les joies du vivre ensemble ? Les dépenses pour les compagnies d’assurance explosent quand, en quelques nuits d’émeutes, ont été brûlées « autant de voitures qu’en dix 14 Juillet », explique Geoffroy. Ce cogérant d’une agence d’assurance à Paris relativise toutefois le montant de 650 millions d’euros. « À titre comparatif, les aléas climatiques ont coûté 10 milliards d’euros aux compagnies d’assurance pour l’année 2022 », assure-t-il. De quoi faire passer la pilule des émeutes ? Pas vraiment… Car « la philosophie de l’assurance, c’est justement de prévoir l’aléa », assure un spécialiste du secteur qui craint « qu’à l’image des aléas climatiques, les épisodes de vandalisme deviennent bien plus qu’un aléa. Quand un risque devient une norme, les prix s’envolent », conclut-il.

En d’autres termes, et quelle que soit la contribution des casseurs à l’effort de guerre et quelle que soit l’importance de l’impact des émeutes dans votre quartier, cet épisode se ressentira dans les mois à venir sur vos contrats d’assurance. Car, oui, au fond, vous allez payer. D’une manière ou d’une autre. Et quand ce ne sont pas les assurances, c’est évidemment l’argent public qui sera déboursé. Ainsi, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes présidé par Laurent Wauquiez a voté une aide immédiate de 15 millions d'euros pour les commerçants victimes des émeutiers. Une décision qui a entraîné une réaction tout aussi immédiate du groupe Liberté, Identité et Souveraineté de la conseillère régionale Isabelle Surply. S’ils se réjouissent de cette mesure et « l’appuient sans réserve », ils demandent à la région d’étudier « la possibilité de se constituer partie civile ou toute autre méthode permettant de faire payer les casseurs ».

Marc Eynaud

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