L’historien Joachim Bouflet vient de publier un remarque ouvrage intitulé Le charnier de la république (aux éditions Salvator) qui nous plonge dans la Grande Terreur à Paris durant les mois de juin et juillet 1794. Précédemment, Bertrand Barère, rapporteur du Comité de salut public, avait prévenu : “Le vaisseau de la République ne peut arriver au port que sur une mer rouge de sang”. C’est dans ce contexte de folie républicaine sanguinaire que l’enclos de Picpus devint un charnier où s’entassèrent les restes des mille trois cent six personnes mises à mort à la barrière de Vincennes en six semaines. Le principal artisan de cette barbarie n’est autre que Fouquier-Tinville.
A la tête du Tribunal révolutionnaire, il n’eut de cesse d’apporter chaque jour son lot de monstruosités. Il fit guillotiner en six semaines à peu près autant de malheureuses victimes que ses prédécesseurs n’en avaient fait exécuter en quatorze mois. Il avait un malin plaisir à condamner à mort prêtres (cent huit) et religieuses (vingt-trois), dont l’abbé de Fénelon et les carmélites de Compiègne. Mais sa frénésie meurtrière n’épargnait personne. On trouve parmi ses victimes des ouvriers, des paysans, des avocats, des nobles, des cultivateurs, des militaires, des filles du peuple, des bourgeois, des actrices, des employés, des savants, des marins, des princes, des boutiquiers,… Sa vindicte frappait au hasard et atteignait même le personnel du tribunal.
La barbarie de Fouquier-Tinville ne connaissait aucune limite. Il fit traduire en jugement, sans examen et sans pitié, des paralytiques, des infirmes, des malheureux tombés dans la démence ou la sénilité, des aveugles,… Certains furent présentés au tribunal sur des brancards. De même, il fit des victimes parmi tous les âges et jusque des adolescents.
Cet ouvrage dont les sources sont indiscutables livre aussi des moments poignants. Comme lorsque la princesse de Monaco tresse ses cheveux, brise une vitre et, avec un morceau de verre, tranche la natte à la racine, et en fait un paquet à destination de ses enfants qu’elle ne reverra pas, ultime souvenir de leur mère guillotinée après avoir passé la nuit en prières.
Le sadique Fouquier-Tinville finira lui-même guillotiné le 7 mai 1795.
Le charnier de la république, Joachim Bouflet, éditions Salvator, 235 pages, 20, 90 euros
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