Des victimes plus importantes que d’autres
Emmanuel Macron a pris la parole immédiatement après la mort de Nahel en mettant en cause, d’emblée, le geste du policier. Cela nous confirme, encore une fois, que le locataire de l’Élysée n’a pas pris la mesure de ses responsabilités. Notamment, en qualité de premier magistrat de France, il aurait dû veiller, avec intransigeance, au respect du principe de non-ingérence du politique dans les enquêtes de police et de justice.
En instillant un sentiment de suspicion quant à un acte de police, il ne pouvait qu’attiser les émeutes de rue et provoquer la colère, ou pire peut-être, la dépression des policiers. L’avenir nous confirmera le tout.
En revanche, le silence fut assourdissant à la suite de certains crimes dus à un manque de sécurité chronique. Pourtant, le premier rôle de l’État est bien d’assurer la sécurité de tous. L’État est donc incompétent en amont et révoltant en aval par son mutisme à la suite de ces meurtres sauvages. Des personnes mortes pour un mauvais regard, une nuisance sonore qu’ils tentaient d’empêcher ou encore pour avoir tenté de rappeler au bon sens un homme qui urinait sur un pas de porte…
Nous avons vu cette liste s’accroitre de façon cauchemardesque au fil de ce qui ne peut plus être appelée « la trêve estivale ».
Nous notons que ces victimes n’appartenaient pas à une dite minorité d’origine étrangère. Contrairement à Nahel et d’autres « jeunes » blessés ou tués lors de leurs altercations avec les forces de l’ordre, qui, eux déclenchent systématiquement une avalanche d’émotion et de réactions tonitruantes.
Cette inégalité dans les réactions s’accentue d’une façon tout simplement grossière.
Effectivement, nous constatons que des politiques, même en responsabilité, ne redoutent plus d’afficher les différences éclatantes de leur perception des crimes selon leur contexte ! Ils n’ont peur de rien. C’est bien la preuve de leur sentiment de « toute-puissance » et cela devrait véritablement nous alarmer.
L’arrogance des hommes politiques signe-t-elle l’avancée de notre lobotomisation ?
Le succès des manipulations médiatiques quotidiennes – par exemple le traitement du phénomène des Gilets Jaunes ou bien encore l’acceptation des mesures liberticides d’une grande majorité de Français au temps du coronavirus – semble en attester.
Il serait peut-être temps de se ressaisir mais comment ?
Les partis souverainistes d’opposition, soi-disant sensibles à la situation des Français, continuent à battre leurs propres campagnes, à-coup de tweets et de petites phrases, sans évoquer, ou que trop rarement, la nécessité de l’union des forces.
En définitive, les Français ont peu de recours pour résister à l’oppression politico-médiatique, particulièrement asservissante, qui avance sans pudeur et sans gêne comme dans un ventre mou.
Pour renforcer cette mollesse : une bonne dépression estivale !
La répétition de ces actes monstrueux, que l’on nous égrène au quotidien dans les détails les plus sordides, est certes source de dépression chez les Français mais, en même temps, elle œuvre à la banalisation de ces maux.
Le terme même de « fait-divers » est symptomatique. Revenons avec humilité au Petit Larousse qui nous apporte deux définitions :
- Événement sans portée générale qui appartient à la vie quotidienne.
- Rubrique de presse comportant des informations sans portée générale, relatives à des faits quotidiens.
Ces crimes sont donc considérés par le monde politico-médiatique sans incidence et leur caractère « quotidien » est souligné avec clarté.
Le choix d’utiliser ce terme est donc bien une stratégie évidente de « banalisation » et aussi, plus malheureusement encore, un acte de torture psychologique vis-à-vis des victimes et de leurs proches. En effet, comment accepter de voir un être aimé trainer dans la rubrique « Faits-divers » ?
Ces actes, par leur quantité incroyable, doivent devenir en quelque sorte habituels tout en étant source d’anxiété. Un peuple déprimé peut être asservi à l’insupportable et devient ainsi manipulable à souhait.
En fait, les Français doivent non seulement accepter de vivre dans la peur face à la montée de la violence… tout en étant soumis quotidiennement à une doxa qui la nie ! Voilà un bel exemple de situation source de dissonance cognitive particulièrement délétère quant à l’équilibre de l’esprit humain.
Dissonance cognitive que nous connaissons depuis des années déjà et qui s’étend du « sentiment d’insécurité », terme tant médiatisé afin de minimiser une menace pourtant réelle, jusqu’aux injections paradoxales qui ont ponctué nos vies sous coronavirus : « Allez au théâtre mais ne sortez plus » – « Café debout mais pas assis » – « Tour du pâté de maison avec auto-attestation de déplacement dérogatoire », etc.
Il faut nous attendre à des dissonances plus criantes encore aux heures des futures rencontres sportives internationales qui vont se dérouler en France.
Préparons-nous psychologiquement à une pathologie du spectacle qui aura office de ménager notre image dans la presse mondiale missionnée pour dissimuler les plaies et les peines des Français. La médiatisation des peines affligées aux pilleurs du mois de juin, peines d’une lourdeur si peu habituelles, sont une première illustration de la France Potemkine en cours de fabrication. La France Potemkine, sommet de la dissonance qui rend fou. Que deviendront les Français ? Tout le monde ne peut pas être Corse.
Laurence Maugest 29/08/2023
Crédit photo : Domaine public
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