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Mais que fait donc le Syndicat de la magistrature à la Fête de l’Huma ?

C’est une grande première, et même le Syndicat de la magistrature, contacté par nos soins, en convient : « Nous n’avions jamais été invités à la Fête de l’Humanité ! » Voilà donc qui est fait. Et pour trois jours de rang, du vendredi 15 au dimanche 17 septembre ! Le programme ? Le premier jour se déroulera sous l’égide de « représentant.es de la NUPES ». Pour démarrer les agapes, l’intitulé est des plus vagues, s’agissant d’un « débat sur la justice ». Avec le deuxième jour, on entre dans le dur, avec une « Table ronde sur les contrôles d’identité et les violences policières » et ce débat consacré à un thème brûlant : « Comment le mouvement social peut faire face aux violences policières, à une répression accrue et aux dissolutions ». Quant au troisième débat, il se penchera sur « la question sécuritaire ou "l’ordre" qui déborde ».

Les gauchistes contre les communistes…

L’ambiance est donnée, mais voilà qui nécessite un petit retour historique. Fondé le 8 juin 1968, le Syndicat de la magistrature s’inscrit dans la mouvance gauchiste, contre l’ordre gaullo-communiste. Les communistes, c’est du solide ; les gauchistes, du fluide. D’où leur aisance à se fondre dans l’actuelle société libérale et libertaire.

Premier événement : le fait que ce syndicat, adversaire traditionnel de l’ordre, qu’il soit « public » ou « républicain », devienne soudain persona grata à la fête d’un mouvement qui fut jadis partisan de ce même ordre a de quoi laisser perplexe. Surtout au moment où le nouveau Secrétaire national du PC, Fabien Roussel, tente de renouer les liens avec les forces de police ! Bref, c'est un peu la revanche de Daniel Cohn-Bendit contre Georges Marchais dont le fils, Olivier, est le proche conseiller du même Fabien Roussel.

Mais il est vrai que le Syndicat de la magistrature a lui aussi depuis longtemps évolué, passant de la lutte des classes à celle des races. Cela, sans ménager ses efforts pour que la lutte des places lui permette de pousser ses pions au sein de l’administration judiciaire. Jadis, tel que nous le confirme le magistrat Philippe Bilger, bien connu de nos lecteurs, « certains juges rouges avaient tout de même de la gueule ! » Mieux, poursuit-il : « Ils ont donné une forme de décontraction dans un monde qui était alors très étouffant. »

D’ailleurs, confirme Philippe Bilger, « aujourd’hui, le Syndicat de la magistrature se sert plus de la justice qu’il ne la sert. Certes, je n’ai pas d’opposition de principe à ce que ses représentants aillent discourir à la Fête de l’Humanité. Mais ils seraient autrement plus crédibles s’ils faisaient de même dans d’autres événements politiques de sensibilité différente. Ce qu’ils ne font évidemment pas. »

Salir l’honneur de la police

Et Philippe Bilger d’ajouter : « On remarquera que ce syndicat est plus prompt à salir l’honneur de la police qu’à défendre celui de la justice. » Il est vrai qu’avec son « mur des cons », le Syndicat de la magistrature avait jeté en pâture nombre de célébrités à la vindicte publique. Ce qui n’est pas exactement le rôle qu’on est en droit d’attendre de magistrats censés protéger les prévenus contre cette justice de la rue… Sur ce mur, des personnalités aussi diverses que les ministres Jack Lang, Michel Charasse et Manuel Valls. Des personnalités politiques telles que Christine Boutin, Christian Jacob et Éric Ciotti. Ou des humoristes, dont Dieudonné, Jacques Attali et Alain Minc, les deux derniers l’étant à titre involontaire.

Pour autant, ces gens ont-ils encore le vent en poupe ? Pour Philippe Bilger, la réponse est claire : « Ce qu’ils avaient à donner, ils l’ont donné. Aujourd’hui, le Syndicat de la magistrature est en train de se fondre dans l’USM, l’Union syndicale des magistrats, le mouvement majoritaire. »

Cette tournée d’adieux à la Fête de l’Humanité, façon « Âge tendre et tête de bois », serait une sorte de chant du cygne pour ces jeunes vieux, condamnés à prendre en marche des trains prêts à dérailler avant de prendre le dernier bus, en direction des mauvais tréfonds de l’Histoire.

En attendant, Fabien Roussel devra un jour expliquer à ceux parmi les forces de l’ordre qui persistent à adhérer à la CGT comment et pourquoi il laisse inviter en grande pompe ceux-là mêmes qui leur crachent au visage dans les journaux télévisés et les prétoires. On lui souhaite bien du courage…

Nicolas Gauthier

https://www.bvoltaire.fr/mais-que-fait-donc-le-syndicat-de-la-magistrature-a-la-fete-de-lhuma/

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