par Maan Bachour
La guerre sur la Syrie ayant explosé en mars 2011, le monde apprenait en Octobre de la même année qu’un projet de résolution condamnant la Syrie n’avait pas été approuvé par le Conseil de sécurité des Nations Unies en raison d’un double veto russo-chinois.1,2.
La résolution avait été proposée par la France, l’Allemagne, le Portugal et le Royaume-Uni pour violations des droits de l’homme et usage excessif de la force contre des civils. Elle exigeait la fin immédiate de toutes les violences prétendument commises par les autorités syriennes, la libération de tous les prisonniers politiques, le retour des réfugiés en toute sécurité, tout en menaçant la Syrie d’éventuelles sanctions et en sommant tous les États de s’abstenir de lui vendre des armes. Une sommation qui ne concerne toujours pas les livraisons d’armes aux séparatistes, aux terroristes et aux mercenaires d’une «Coalition internationale» qui violentent les citoyens syriens depuis plus de douze ans. Et cela, en dépit de la résolution 2253 (2015) condamnant et sanctionnant les suppôts d’un tel terrorisme, adoptée sous les conditions contraignantes du chapitre VII la veille de l’adoption de la fameuse résolution 2254 que chacun des protagonistes voudrait appliquer à sa manière, sans tenir compte des réserves de l’État syrien.
Avant de s’interroger sur le comportement des peuples suite aux dernières évolutions de la situation mondiale, M. Maan Bachour, président-fondateur du Forum national arabe, revient sur ce premier double veto russo-chinois et nous rapporte une déclaration intéressante du président syrien Bachar al-Assad. [NdT].
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Fin octobre 2011, c’est-à-dire, quelques mois après le début de la guerre universelle sur la Syrie, l’alliance américano-atlantique a tenté d’arracher au Conseil de sécurité une résolution menaçant la prise de «mesures limitées» contre la Syrie, ce qui n’a pas empêché son rejet par un double veto russo-chinois.
Une délégation du forum réunie quelques jours auparavant à Beyrouth, à l’invitation du Centre international arabe afin d’exprimer son opposition à l’ingérence étrangère et son soutien au dialogue et aux réformes en Syrie, s’est alors rendue à Damas à la rencontre du président Bachar al-Assad.
Lors de cette rencontre, le président a déclaré :
«Comme vous, nous avons entendu parler du veto russo-chinois par les médias, sans que les gouvernements de Moscou et de Pékin nous informent de leur intention d’adopter une telle position… Il semble que nos amis à Moscou et à Pékin aient pris conscience de la nature de la guerre sur la Syrie et de ses objectifs, lesquels ne se limitent pas à détruire notre pays, mais cherchent aussi à dominer complètement l’Ouest de l’Asie et, partant de là, à menacer la sécurité nationale de la Fédération de Russie et de la République populaire de Chine».
À cette époque, Moscou n’avait pas pris sa décision de collaborer militairement avec Téhéran et le Hezbollah pour contrecarrer cette conspiration mondiale contre la Syrie et l’ensemble de la région. Cependant, il devenait de plus en plus clair pour toutes les forces opposées à l’hégémonie coloniale que l’avenir du monde entier dépendait des résultats de la guerre en Syrie.
Autrement dit, tout comme les guerres contre l’Irak et l’Afghanistan auront marqué le début de l’hégémonie mondiale de l’ordre unipolaire dirigé par Washington, les résultats de la guerre sur la Syrie décideront de son devenir : soit il restera en place pendant des décennies, soit il reculera face à l’instauration d’un ordre mondial multipolaire.
L’accueil chaleureux et exceptionnel réservé ces jours-ci au président syrien, en Chine, est une annonce de l’avance de ce nouvel ordre libéré de l’hégémonie américaine. Une annonce qui s’inscrit dans le cadre d’un certain nombre d’évolutions confirmant cette tendance, dont la multiplication de rassemblements internationaux échappant au contrôle de Washington et de ses alliés : le sommet des chefs d’État de l’organisation de la conférence de Shanghai (OCS), le sommet des BRICS, le sommet du G77 + Chine réunis récemment à la Havane afin de briser le blocus historique de Cuba en tant que base avancée de la résistance à l’impérialisme mondial…
C’est en ce sens que l’accueil réservé au président Bachar al-Assad par l’un des pays les plus vastes et les plus riches du monde ne se limite pas au seul soutien que la Chine peut apporter à la reconstruction de la Syrie et à l’élimination des effets de l’agression universelle menée contre elle. Il indique plutôt que le monde commence à entrer dans un nouvel ordre mondial où il n’y a ni blocus ni sanctions. D’autant plus que Washington et ses alliés n’ont plus d’armes à brandir contre les peuples rebelles, mis à part l’arme du blocus et de la discorde profitant des failles internes des pays agressés.
Finalement, la question est : les peuples confrontés aux blocus et aux discordes internes, manipulées par l’étranger, chercheront-ils à former un front mondial pour leur résister ?
Source : Al-Binaa
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Traduction par Mouna Alno-Nakhal