dans Politique — par Ex Libris — 14 novembre 2023
François-Xavier Pietri, journaliste économique, a notamment dirigé la rédaction de La Tribune et le service économique de TF1.
Il a également animé Le club de l’économie sur LCI. Il signe un véritable réquisitoire contre les politiques européennes imposant la voiture électrique au mépris du réel.
L’ouvrage n’aborde que de façon marginale la fâcheuse habitude que peuvent avoir les batteries lithium-ion de facilement prendre feu. Les départs de feu dans les sites de recyclage commencent pourtant sérieusement à inquiéter les assureurs avec à la clé une augmentation sensible des primes, voire un refus d’assurer. Mais c’est sur les terrains de l’économie, de l’emploi et de l’énergie que François-Xavier Pietri concentre son tir et démontre l’absurdité des nouvelles règlementations européennes.
Le 14 juillet 2021, la Commission européenne a annoncé sa volonté d’interdire, purement et simplement, la vente de véhicules émetteurs de CO, d’ici à 2035. Cela va du diesel en passant par l’essence, mais concerne aussi les hybrides qui tentent de concilier l’électrique et le thermique. Ne seront autorisés que l’électrique et l’hydrogène. Les vingt-sept Etats membres de l’Union européenne ont adopté définitivement le texte le 29 juin 2022. Mais tous les observateurs lucides constatent l’incohérence des choix politiques.
En France, près de 83 % des déplacements (en kilomètres parcourus) s’effectuent en voiture, dont la moitié pour aller travailler.
Une autonomie qui fond au moindre coup d’accélérateur
Premier souci : l’autonomie du véhicule. Il y a les écarts liés à la puissance et au prix de la voiture. La différence va de 200 km à 600 km, la moyenne actuelle étant de 338 km. L’autonomie est proportionnelle au nombre de cellules de batterie, qu’on peut installer dans les planchers ou le coffre, en en diminuant donc la contenance. La voiture électrique la plus performante utilise les cellules comme des éléments structurels du véhicule, mais son prix tourne au bas mot à 130 000 euros, sans les options.
Le consommateur lambda se contentera donc de ses 300 kilomètres – la moitié d’un véhicule thermique – mais il devra tenir compte d’une autre réalité : la moindre accélération, la moindre vitesse rapide, le moindre dépassement des 110 km/h sur autoroute provoquent une chute spectaculaire de l’autonomie. Idem pour la climatisation l’été, le chauffage l’hiver ou encore une route de montagne et ses cols : tout cela fait fondre la batterie comme neige au soleil. Or, sur une prise ordinaire, il faut au minimum une nuit pour recharger la batterie.
Bien sûr, il y a la jungle des bornes de recharge. Des centaines de possibilités, des abonnements multiples à payer, des réseaux différents et concurrents, des données techniques complexes à assimiler et pas moins de 1 300 formules de prix différentes sur le seul territoire français !
Un scénario insensé de technocrates
Sachez aussi que la vitesse de la recharge dépend également du chargeur interne dont est équipé votre véhicule. que le temps de recharge s’allonge s’il fait chaud, qu’il dépend du type de courant “servi”, alternatif ou continu, que certaines voitures n’acceptent qu’un type de courant, que le système de contrôle des batteries qui équipe les bornes peut décider du volume et du temps de la recharge… Er encore faut-il trouver ces bornes de recharge publiques. Le gouvernement en avait prévu 100 000 à l’échéance 2021. Or les 53 000 sont tout juste dépassées à la fin de cette année. Le retard est énorme. Et 93 % des bornes installées par les pouvoirs publics délivrent une puissance à peine mieux qu’une prise électrique dans son garage. Dès lors, nul ne voit comment servir 15 millions d’automobilistes en 2035 dans ce scénario illusoire de technocrates.
Bientôt 17,5 millions de véhicules interdits dans les agglomérations
Ces aberrations ne freinent pas la loi qui prévoit qu’à partir du 1er janvier 2025, vous ne pourrez plus conduire dans 45 grandes métropoles et agglomérations, de Paris à Lyon, en passant par Annecy, Limoges, Metz ou Perpignan, si vous possédez un véhicule qui ne répond pas aux normes européennes Euro 5 et 6. 17,5 millions d’automobiles sont ainsi menacées d’interdiction de circuler dans toutes les agglomérations ! Or, une grande part des Français ne pourra pas se payer une nouvelle voiture électrique et se verra donc de facto fortement limitée dans ses déplacements.
Des conséquences en cascade sur l’emploi
François-Xavier Pietri examine également l’impact sur l’emploi. Selon l’Association européenne des fournisseurs automobiles, 500 000 emplois sont condamnés dans le secteur en Europe d’ici 2035, dont 100 000 en France. Par contre, les constructeurs automobiles devraient faire de plantureux bénéfices. L’objectif ne sera plus de vendre beaucoup mais de vendre avec les meilleures marges. Il faut aussi compter sur l’effet en cascade sur les sous-traitants dont l’immense majorité n’a plus d’avenir, des milliers de pièces mécaniques cessant d’avoir une utilité, sur les garagistes (l’entretien et les réparations d’une voiture électrique étant réduites à leur plus simple expression), et sur les stations-service indépendantes qui ne pourront pas se recycler.
Et pour couronner le tout, l’Union européenne a ouvert une voie royale aux voitures électriques chinoises qui proposent des tarifs plus que concurrentiels par rapport aux constructeurs européens.
Ce livre stupéfie le lecteur de page en page.
Voiture électrique : ils sont devenus fous !, François-Xavier Pietri, éditions LITOS, 192 pages, 7,50 euros
A commander en ligne sur le site de l’éditeur
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