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Maxime Vivas : « Le Tibet du dalaï-lama était un régime d’une cruauté inimaginable » [Interview]

Prix Nobel de la paix, le dalaï-lama incarne le martyre d’un Tibet soumis au joug chinois. Symbole de sagesse, il est adulé voire sacralisé en Occident. Dès lors, qui remettrait en cause ce dieu vivant qui prétend porter avec lui l’espoir de liberté de tout un peuple ? 

Maxime Vivas ose, dans un ouvrage intitulé « la Face cachée du Dalaï-Lama », paru aux éditions Max Milo , s’attaquer au mythe : et si le dalaï-lama était un théocrate qui remplit d’or les coffres de ses palais tandis que les Tibétains ne seraient que des serfs auxquels on refuse toute éducation ? Et s’il faisait le jeu des Américains et de la CIA davantage que celui des Tibétains qu’il prétend défendre ? Et s’il était au courant depuis de nombreuses années des agressions sexuelles, viols et actes de pédophilie, qui ont été révélés récemment dans son mouvement religieux ?

S’appuyant sur les propos du dalaï-lama, sur les témoignages de prosélytes ainsi que sur des documents confidentiels, l’auteur dresse un portrait au vitriol de « Sa Sainteté » et nous démontre que tout n’est pas si zen au royaume de Bouddha. 

Nous avons interrogé l’auteur ci-dessous, sur cette enquête passionnante.

Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Comment est-ce que l’on passe d’ATTAC à une enquête sur le dalaï Lama ?

Maxime Vivas : Natif de l’Aveyron, deuxième d’une famille de 6 enfants, parents espagnols, ex-postier, ex-cadre de France Télécom, ex-ergonome européen®. J’ai publié des romans dans la « blanche » et dans la « noire ». J’ai publié de nombreux essais dont « Marine Le Pen amène le pire » aux éditions Golias, en collaboration avec mon fils aîné. J’ai obtenu le prix Roger Vailland pour « Paris Brune » (1997) et le prix du zinc sous l’égide de Régine Deforges pour un polar historique écrit contre un écrivain antisémite et traître à son pays : « La cathédrale au fond du jardin », réédité (2023) sous le titre « Pourquoi j’ai voulu tuer Louis-Ferdinand Céline ». Autre prix, le «  Special book award of China » (2021) pour mes livres de promotion des échanges culturels entre la France et la Chine où je me suis rendu 5 fois.

Je suis père de trois enfants, et je vis dans les collines du sud de Toulouse après vingt ans passés à Paris.

Breizh-info.com : Quel a été le point de départ de cette enquête ? Aviez vous un objectif particulier ?

Maxime Vivas : Un voyage d’étude journalistique au Tibet avec de grands reporters (Le Figaro, Le Monde) m’a persuadé que toutes nos informations sur le Tibet et sur le dalaï-lama étaient fausses. J’ai voulu le dire.

Je suis du pays de Jaurès : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. » (Jean Jaurès, “Discours à la Jeunesse”, Albi, 1903).

Breizh-info.com : Qui est le Dalaï-Lama ? Quelle est son influence, sur son continent mais aussi dans le monde ?

Maxime Vivas : Le dalaï-lama était le chef d’une des 4 branches des bouddhistes tibétains : les « Gilets Jaunes ». Au plan international, il pèse 2 % parmi les bouddhistes. Mais il pèse beaucoup plus politiquement, comme instrument des Etats-Unis pour ébranler la Chine. Un Tibet indépendant verrait des bases militaires s’installer sur le « Toit du monde ».

Le dalaï-lama est vieux, malade, discrédité. Des scandales d’agressions sexuelles, viols, pédophilies dans les temples et monastères (y compris en France) ont éclaté. Il y a des preuves irréfutables que je donne dans deux chapitres de mon livre où il apparaît que le dalaï-lama était au courant depuis 1993. Son combat pour rétablir son règne au Tibet est perdu. Les Etats-Unis ont déplacé leurs attaques médiatiques sur le Xinjiang.

Breizh-info.com : Quelles sont les principales conclusions et trouvailles que vous avez faites au sujet de ce personnage influent ?

Maxime Vivas : Le Tibet du dalaï-lama était un régime d’une cruauté inimaginable. Wang Gui, tibétologue qui a travaillé et vécu au Tibet de 1950 à 1981 a dit : « Trois couteaux frappaient les serfs : les corvées, les impôts et les intérêts des prêts, trop élevés. Les paysans avaient alors trois options : l’exode, l’esclavage ou la mendicité. ». Pour vous donner des exemples : l’esclavage n’avait pas été aboli (cas unique dans le monde). A leur naissance, les enfants pouvaient naître avec des dettes de leurs parents, les impôts étaient innombrables, 95 % de la population était exclu de l’école, les sanctions en cas de délit pouvaient être amputation d’une main ou d’un pied, énucléation. L’espérance de vie était de 37,5 ans. Les moines en nombre pléthorique ne travaillaient pas et étaient nourris par les paysans. Dans les mois qui ont suivi la fuite du dalaï-lama en Inde en 1959, le gouvernement chinois a aboli l’esclavage, les dettes héréditaires, il a ouvert les écoles à tous (et en langue tibétaine). Quelles que puissent être les préventions sur la Chine d’aujourd’hui et sur sa politique envers ses régions, force est de reconnaître que l’aube de Lhassa est venue de Beijing qui a transformé ce que les maîtres du Tibet appelaient des « animaux parlants » en citoyens disposant des mêmes droits que ceux des autres Chinois, droits qui gagneraient certes à être élargis, mais dont, jusque-là, les Tibétains étaient privés.

Breizh-info.com : La face sombre du dalaï-lama que vous décrivez dans votre livre a-t-elle une influence en Occident, terre devenue celle des « dévots du bouddhisme » comme dénoncé dans un livre précédent ?

Maxime Vivas : Le dalaï-lama a perdu sa bataille politique. Le Tibet a rattrapé son retard sur les autres régions chinoises. La culture, la langue, la religion sont préservées (je l’ai constaté avec les confrères du Monde et du Figaro) et le niveau de vie a spectaculairement augmenté. La population qui stagnait depuis des siècles à 1 million d’habitants est passée à 2,7 millions. L’espérance de vie a presque doublé. Les Tibétains ne voudraient plus revenir au passé.

Cependant, le dalaï-lama est une sorte de dieu vivant (il se réincarne). Sa force est spirituelle.

Je copie ici un passage de mon livre : « Nous assistons à un recul de la première religion de France. Les églises se vident. Dans les campagnes, on compte souvent un prêtre pour plusieurs paroisses. Cependant, jamais le matérialisme ne fut suffisant à combler une vie humaine. Une part variable de spiritualité, de rêve si l’on veut, d’espoir d’un impalpable bienveillant, existe en chacun d’entre nous. Et un transfert s’opère. La croyance qui décline ici, minée par une histoire de l’Église dévouée aux riches, aux puissants et aux armées, coupable de mille crimes, on va la chercher ailleurs, dans une religion pour nous immaculée, aux rites nouveaux, parée des vertus de l’amour paisible de son prochain, capable de dispenser un calme intérieur inespéré, voire de préserver la santé, porteuse de mots délicieusement exotiques, parfumée de bougies au beurre de yak, abritant dans ses monastères, où des multitudes de prêtres s’affichent en robes safran, de gigantesques bouddhas brillants sous la feuille d’or, une religion dont la Mecque est située sur le « Toit du monde », symbolisée par un éternel sourire public placardé urbi et orbi sur le visage d’une icône vivante et itinérante, sorte de Bisounours international pour grandes personnes. Ainsi vu, le bouddhisme du dalaï-lama est en mesure de séduire, non seulement les bobos parisiens et les babas cool (qui ont été les premiers à en devenir des prosélytes actifs), mais aussi d’autres couches de la population en mal de spiritualité, de bonheur, ou tout simplement de découverte. Et pourquoi pas ? »

Breizh-info.com : Comment répondez-vous aux critiques qui pourraient vous accuser d’être partial ou d’avoir des motivations politiques ? 

Maxime Vivas : Je réponds qu’il faut lire mon livre et me donner des cas concrets où, sur des faits, des chiffres, je me suis trompé ou j’ai menti sciemment. Ce que j’ai découvert au Tibet en 2010, ce que j’ai découvert ensuite en étudiant le sujet m’ont imposé d’écrire (pensons à Jaurès).

Suis-je partial ? Oui, je n’ai pas écrit un mémoire de doctorat (thèse, antithèse, synthèse) mais un témoignage qui vise à rétablir des vérités. Ce sont donc ces vérités que j’ai essentiellement exposées. Je suis l’avocat de l’accusation. Les avocats du dalaï-lama ont beaucoup parlé et écrit depuis des décennies. On a le droit de dire que je n’ai aucune estime pour le dalaï-lama, ce tyran : je ne le dissimule pas. Je dis dans ce livre ce qu’était le malheureux Tibet des dalaï-lama, je pousse un cri. Si l’on me lit, on verra que ce n’est pas un cri contre la religion bouddhiste mais contre une dictature théologique. Je prétends que les religions doivent être libres, mais que leur instrumentalisation politique est un désastre. Un désastre pour les peuples et, au bout, pour les religions.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
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