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Déserts médicaux : Que Choisir attaque l’État en Justice, le ministre furieux

On est très sourcilleux, dans ce gouvernement. On prise peu la critique, encore moins l’étalage des vérités qui dérangent. Il est pourtant un problème français que nul ne peut nier : l’extension inexorable des déserts médicaux. L’UFC-Que Choisir a donc décidé de se saisir du problème, d’abord en diligentant une étude, publiée ce mardi, sur « l'aggravation dramatique de la démographie médicale ». Il faut dire que les chiffres sont plus qu’alarmants : en deux ans seulement, entre 2021 et 2023, « 44,4 % de la population ont vu l'accessibilité aux généralistes se dégrader ».

L’étude a été réalisée à partir de deux critères : l’éloignement géographique des médecins et les tarifs pratiqués. Il en ressort que « 19,3 % des Français résident dans un désert médical pour l'ophtalmologie, 24,8 % des femmes dans un désert médical gynécologique et 28,9 % des enfants dans un désert médical pédiatrique ». En excluant les médecins qui pratiquent un dépassement d’honoraires pour s’en tenir au strict tarif Sécu, c’est la catastrophe : ce sont alors plus de 50 % des enfants qui n’ont pas accès à un pédiatre, 59,3 % des Français à un ophtalmologue et 69,6 % des femmes à un gynécologue.

Trouver un nouveau médecin traitant ? Plus de 50 % de refus

Détail, en passant : le 11 janvier 2022, le Président Macron déclarait l’endométriose « cause nationale » pour un « enjeu de santé publique ». Alors, traitée par qui, l’endométriose ? Le boulanger du coin ?

Pour son enquête, l’UFC-Que Choisir a embauché des bénévoles qui, anonymement, ont contacté 2.642 médecins généralistes afin de « leur demander s'ils accepteraient de les suivre en tant de médecin traitant ». Voilà le résultat, repris par l’AFP : 51,5 % de refus, contre 44 % lors d'une précédente enquête en 2019.

Ces chiffres ne sont évidemment pas contestables et, tous, nous connaissons des proches dans la détresse pour devoir attendre des mois – voire plus d’une année parfois – pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste, lequel se trouve souvent entre 50 et 100 km de distance.

Le ministre de la Santé n'apprécie pas !

Forte de ce constat étayé par des chiffres accablants, l’association a donc décidé d’attaquer l’État en Justice pour « inaction », ce qui énerve fort le ministre de la Santé.

Aurélien Rousseau s’en est ouvert à Libération. Ces critiques, dit-il, sont « inacceptables »« Qu'on nous accuse d'inaction m'énerve. Laisser planer cette idée que, pour les politiques, la vie des gens serait un décor dans lequel on se balade est insupportable. Je ne suis pas déconnecté », s’emporte-t-il. Peut-être. Le problème est que les Français, eux, sont déconnectés des soins.

M. Rousseau a un bilan dont il est fier : la vaccination contre le Covid. Ben oui, c’est ça, le problème, vous ne le saviez pas ? « On compte 1 million de vaccinations supplémentaires par rapport à l'an passé, dit-il, avec un total de 3,8 millions de doses injectées, à 75 % à destination des personnes fragiles. » Et puis il a commandé à Sanofi 50.000 doses supplémentaires de Beyfortus (destiné aux nourrissons) contre la bronchiolite, et 20.000 doses pour les plus de 5 kilos. Et puis il « généralise la présence possible (sic) d'une régulation dentaire (re-sic) dans les services d'accès aux soins ». Côté vue, il veut « pousser » les ophtalmos « à accepter de partager certaines tâches avec les orthoptistes ». Ça n'est pas gagné.

Quant à accéder à la demande de l’UFC et des patients, c’est niet : « Le gouvernement n'est effectivement pas d'accord pour contraindre un médecin [...] à s'installer quelque part. » Le ministre en est convaincu : « Le remède serait pire que le mal » et pousserait les médecins à vouloir « changer de métier ». Comme les enseignants ?

Marie Delarue

https://www.bvoltaire.fr/deserts-medicaux-que-choisir-attaque-letat-en-justice-le-ministre-furieux/

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