Dans un pays où, à l’instar de la France, les turpitudes de cette crise sanitaire n’intéressent plus les principaux médias, la commission d’enquête sur le Covid-19 du parlement du Land de Brandebourg mêne ses investigations afin de savoir qui a décidé, comment, quand et avec quelles connaissances. C’est ainsi qu’au mois de septembre dernier, l’ancien président de l’Institut Robert Koch (RKI), Lothar Wieler, a dû témoigner devant cette commission d’enquête après avoir quitté son poste au mois d’avril 2023. Cet Institut Robert Koch, faisant figure d’institution centrale du gouvernement fédéral dans le domaine de la surveillance et de la prévention des maladies étant subordonnée au ministère fédéral de la Santé, a reçu plus de 162 millions d’euros de budget fédéral en 2022.
À noter par ailleurs que cette commission d’enquête a vu le jour sous l’impulsion de l’AfD, formation politique qui compte 23 des 88 députés membres du parlement brandebourgeois quand, au niveau fédéral, le SPD, les Verts, le FDP et la CDU/CSU ont tenté d’empêcher sa mise en place. Tout comme le ministère fédéral allemand de la Santé qui ne se montre pas très coopératif…
Une liberté de parole très limitée
Dans le Land de Brandebourg, ce comité Covid-19, ayant officiellement pour mission de s’occuper de « l’enquête sur la politique de crise du gouvernement du Land en rapport avec le coronavirus Sars-CoV-2 » est déjà le deuxième à être mis en place, la commission se concentrant cette fois sur la période à partir de septembre 2020. Sous la direction d’un député de la CDU et d’un député de la gauche, il s’agit de déterminer si le gouvernement du Land de Brandebourg a réagi de manière adéquate à la pandémie.
Aussi, l’audition de l’ancien président de l’Institut Robert Koch était attendue avec impatience, l’établissement fédéral ayant pris durant la crise sanitaire plusieurs mesures imposées aux Landër allemands.
Malgré une prétendue indépendance de l’institut vis-à-vis du ministère fédéral de la Santé, Lothar Wieler s’est présenté, selon les membres de la commission d’enquête, avec une « autorisation de déclaration » très limitée et secrète du ministère en question. En étant par ailleurs accompagné d’un membre du ministère de la Santé, Heiko Rottmann-Großner, chef de la « sous-division 61 – sécurité sanitaire », qui lui coupait parfois la parole lorsque la situation devenait trop délicate. Le document de trois pages n’a été remis aux membres de la commission que la veille de l’entretien et ne pouvait pas être lu en public.
Le ministère fédéral de la Santé très opaque sur le Covid-19
Selon Lars Hünich, député AfD du parlement du Land de Brandebourg cité par le journal allemand Junge Freiheit, Lothar Wieler « s’est vu interdire d’apporter des dossiers. De plus, selon l’autorisation, il ne pouvait parler que de choses en rapport avec le Land de Brandebourg et relevant de la compétence d’enquête du parlement de Brandenburg ».
Il s’agissait en outre d’informations classées secrètes. Si Lars Hünich dit qu’il ne croit pas à « un grand complot autour du Covid-19 », il note que « la longue liste des interdictions de témoigner pour Wieler ou son mystérieux accompagnateur ne donnent pas l’impression que le ministère fédéral de la Santé veuille éclaircir quelque chose ».
Il y a par exemple des faits qui sont classés secrets par le gouvernement fédéral, entre autres « pour protéger la République fédérale et éviter des dommages pour la sécurité de l’Allemagne ou ses relations internationales avec des pays étrangers ». Ces informations « ne peuvent être discutées qu’en séance privée dans des conditions de protection du secret ». Or, si un échange à ce sujet « n’est pas possible dans des conditions de protection du secret, il ne doit pas s’exprimer », poursuit le député de l’AfD.
Tests PCR, vaccins et effets secondaires…
Face à différentes questions des députés de l’AfD sur le nombre et la date des cas de Covid-19, sur l’efficacité du vaccin ou sur le prétendu manque de places en réanimation, l’ancien président de l’Institut Robert Koch aurait invoqué à plusieurs reprises des trous de mémoire. De plus, selon lui, le RKI n’aurait joué qu’un rôle de « conseiller ».
La Commission permanente pour les vaccinations (STIKO) et l’Institut Paul Ehrlich (PEI) seraient compétents pour les effets secondaires des vaccins. En ce qui concerne l’efficacité de la vaccination, le RKI réaliserait actuellement une étude, selon Lothar Wieler. Mais celle-ci n’est toujours pas terminée.
Enfin, Lothar Wieler a confirmé une fois de plus qu’un test PCR seul ne pouvait pas prouver si une personne pouvait en contaminer d’autres et que le RKI ne pouvait pas garantir une collecte de données fiables en rapport avec le Covid-19 et les vaccins.
Les députés de la commission d’enquête du Land de Brandebourg ont également auditionné une autre invitée, Brigitte Keller-Stanislawski, qui a dirigé pendant 20 ans le département de sécurité des médicaments biomédicaux et des diagnostics au PEI et qui a pris sa retraite cette année. Elle aussi était munie d’une autorisation de témoigner limitée. Il ressortait de ses déclarations que le PEI était à la fois surpris par le grand nombre d’effets secondaires des vaccins et dépassé par l’organisation. L’institut a reçu près de 100 millions d’euros du budget fédéral en 2022. Keller-Stanislawski a expliqué que le PEI avait demandé l’aide du RKI pour réaliser une évaluation du nombre des éventuels effets secondaires des vaccins. Sans résultat pour l’instant.
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