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Notre-Dame célèbre la béatification de cinquante martyrs français du nazisme

Par Bernhard Walter — Yad Vashem: "Jews undergoing selection on the ramp. Visible in the background is the famous entrance to the camp. Some veteran inmates are helping the new comers.", Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39226962
Par Bernhard Walter — Yad Vashem: "Jews undergoing selection on the ramp. Visible in the background is the famous entrance to the camp. Some veteran inmates are helping the new comers.", Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=39226962
La béatification, ce samedi 13 décembre 2025, de cinquante Français victimes du nazisme constitue un événement historique, pour l’Église catholique comme pour la France. Prêtres, religieux, séminaristes ou laïcs, jeunes ou plus âgés, tous ont été reconnus martyrs après de longues années d’instruction par le dicastère des Causes des Saints. Enfin, en juin 2025, le pape Léon XIV signait le décret déclarant que tous étaient tombés en haine de la foi sous le régime nazi, entre 1944 et 1945, des sacrifices qui continuent aujourd’hui de nous éclairer et de nous avertir.

La cérémonie de béatification à Notre-Dame

La messe solennelle de béatification se déroulera sous les voûtes restaurées de Notre-Dame de Paris, présidée par le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg, entouré de nombreux évêques, prêtres et religieux. L’événement est alors exceptionnel : cinquante nouveaux bienheureux sont honorés ensemble au cours d’une même célébration.

Ces martyrs avaient suivi ou avaient été contraints de partir en Allemagne avec d’autres travailleurs français envoyés de force dans le cœur du Reich dans le cadre du Service du travail obligatoire. Animés par leur foi, ils apportaient alors un soutien spirituel, un réconfort aux plus faibles et organisaient des célébrations clandestines malgré les risques immenses qui étaient encourus. Leurs gestes de charité et de fidélité chrétienne, perçus par les autorités nazies comme des actes de résistance à l’ordre imposé, furent souvent payés au prix d’interrogatoires, de séances de torture, de déportations et de la mort dans des camps tels que Buchenwald, Dachau ou Mauthausen.

Des martyrs de la foi

Parmi ces cinquante figures, certaines incarnent avec une force particulière le courage chrétien et français. Raymond Cayré, prêtre, fut exécuté sordidement après avoir accompagné spirituellement de jeunes travailleurs français. Arrêté pour « apostolat sacerdotal », il disparaît au camp de Buchenwald, le 22 ou le 24 octobre 1944. Atteint du typhus, il fut jeté dans une fosse où il fut aspergé d’eau glacée avant de succomber d’hypothermie.

Le frère franciscain Gérard-Martin Cendrier, envoyé au STO puis déporté à Buchenwald pour « résistance spirituelle », consacra toutes ses forces à soutenir ses compagnons d’infortune. Son dévouement, mené jusqu’à l’épuisement total, l’affaiblit irrémédiablement. Il mourut le 24 janvier 1945 après avoir exhorté les siens à prier pour leurs bourreaux : « Il faut les aimer. Ce sont des malheureux. » À ceux qui lui reprochaient de donner sa ration alimentaire aux autres, actes presque suicidaires vu les conditions de vie dans les camps, il répondait simplement : « François d’Assise, mon Maître, n’aurait pas fait autrement. »

Jean Mestre incarne, quant à lui, la ferveur des laïcs engagés. Membre de la Jeunesse ouvrière chrétienne, il fut envoyé en Allemagne et participa à l’organisation d’événements clandestins, dont une fête de Noël, pour permettre aux travailleurs français de garder vivante leur foi. Arrêté pour « rencontres clandestines », il fut transféré dans une annexe du camp de Neuengamme « pour activité religieuse ». Il y mourut le 5 mai 1944, terrassé par une pleurésie purulente, déclaré « victime de son zèle ».

D’autres martyrs proviennent encore des rangs des Scouts de France, des mouvements de jeunesse ou des séminaires. Leurs histoires, diverses mais complémentaires, témoignent de ces nombreuses existences simples et généreuses qui, confrontées à la brutalité des nazis, devinrent des exemples de courage ultime.

Des persécutions qui n’ont pas cessé

Cependant, la cérémonie de demain n’est pas seulement tournée vers le passé. En effet, elle invite également à réfléchir à la réalité, encore actuelle, des persécutions contre les chrétiens, que ce soit en France, en Europe et dans le monde. Ainsi, dans plusieurs pays d’Afrique, vivre sa foi expose encore à des risques graves : enlèvements, attaques contre les paroisses, expulsions forcées ou assassinats des prêtres et des fidèles ; dans ces régions, l’Église continue de payer un lourd tribut.

En France, également, les atteintes contre les églises et les symboles chrétiens se sont multipliées, ces dernières années. Les chiffres officiels font état d’une hausse notable des actes antichrétiens au premier semestre 2025, avec plusieurs centaines d’incidents : profanations, vols, dégradations de lieux de culte, parfois même agressions contre des personnes en raison de leur appartenance religieuse. Rapports parlementaires et enquêtes médiatiques s’accordent pour souligner cette progression inquiétante. Ces faits donnent à la béatification de ce samedi 13 décembre une résonance particulière : ils rappellent que la protection des chrétiens et de leurs lieux de culte reste un sujet d’actualité, car le temps des persécutions n’est pas achevé.

Eric de Mascureau

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