(…) Sur les grands écrans de la salle d’audience du tribunal de Cherbourg défilaient les images d’une voiture entraînant de plus en plus vite un homme le bras passé dans la portière côté conducteur…
Jusqu’à ce que, ne pouvant plus courir assez vite, l’homme se trouve éjecté brutalement sur la chaussée, face sue le bitume, et y reste inanimé, le conducteur de la voiture accélérant à nouveau pour quitter les lieux.
C’était l’épilogue d’une altercation entre un gendarme de la base navale (qui n’était pas en service), et un conducteur pressé, le 29 octobre 2022 à la sortie de l’arsenal de Cherbourg, du côté du rond-point de la Bretonnière.
Ce dernier, âgé de 24 ans, n’avait pas supporté qu’on lui fasse des remarques sur sa conduite… D’abord inquiète de la tournure des événements, l’épouse du gendarme a filmé les quelques secondes de la scène jusqu’à la chute de son mari et la fuite de la voiture. (…)
(…) le gendarme comme la victime, gravement atteinte : traumatisme crânien, fracture du nez, muqueuses en sang, dents brisées. Il a fallu des points de suture, l’intervention du service neurologique.
La suite, avec arrêt de travail, est une longue période de malaises, d’anxiété, de vertiges, de troubles du sommeil. Son conseil avait souhaité qu’une expertise médicale soit ordonnée pour définir son préjudice.
Quant au prévenu, qui estimait ne pas avoir grand-chose à se reprocher et qui s’est choqué de l’intervention des gendarmes après le drame, qui l’ont traité, dit-il, « comme un malfrat », le procureur avait requis à son endroit une peine de 10 mois de prison ferme.
Oui, c’est un malfrat, celui qui laisse un homme pour mort sur la chaussée. Sur son casier judiciaire, il a déjà des mentions pour rébellion, outrages. Il faut une peine sévère pour qu’il comprenne ça.
Le procureur
(…) ce 28 novembre 2023, le prévenu à 4 mois de prison ferme, à accomplir à domicile sous surveillance électronique.
En outre, celui-ci devra accomplir un stage de citoyenneté, ne pas détenir une arme pendant trois ans, et il devra remettre son véhicule qui a servi lors des faits, considéré comme employé comme une arme.
Pour le gendarme victime, une expertise médicale est ordonnée, avec à sa charge une provision de 1 200 €. Pour lui et sa femme, plaignants, l’affaire est renvoyée sur intérêts civils à l’audience du 24 juin 2024. (…)