Il existe une économie raisonnable qui défend les pauvres contre la nouvelle idéologie mondialiste. Philippe Herlin a décidé qu'il fallait s'attaquer à tous les tabous, en particulier ce tabou typiquement européen de la transition énergétique, qui permet ici et là de créer de nouveaux marchés mais qui va coûter cher aux pauvres... que nous risquons tous de devenir. Propos recueillis par l'abbé Guillaume de Tanoüarn
Entretien avec Philippe Herlin*
Selon vous, l’origine de l’inflation qui s'installe depuis deux ans est à cherché dans la politique anti-Covid et le quoi qu'il en coute macronien. Pouvez-vous expliquer cela simplement aux Béotiens que nous sommes en économie ?
La principale cause de l’inflation vient de ce que on appelle « la planche à billets » : l’État fait du déficit budgétaire, pour le financer il émet des bons du Trésor, mais ceux-ci ne trouvent pas suffisamment d'acquéreurs privés (tellement ces bons sont pléthoriques, ou alors il faudrait nettement relever leur taux d’intérêt), alors la banque centrale se porte à son secours en les achetant. Pour ce faire, elle crée littéralement de la monnaie, par un simple jeu d'écriture : le bilan de la Banque centrale européenne (BCE) est passé de 3 000 milliards d'euros avant le Covid (plus exactement les confinements) à 9 000 milliards d’euros aujourd'hui. Autant d'argent injecté dans l’économie alors que la production de biens et services augmentait peine. La valse des étiquettes était inéluctable.
Quel est le rôle de la guerre en Ukraine et des nouveaux enjeux géopolitiques qu'elle dévoile, dans ce krach économique qui s'annonce ?
Il faut aborder la deuxième cause de l’inflation. Certes la guerre en Ukraine a provoqué une tension sur les matières premières, et les sanctions-boomerang sont vraiment stupides, mais sans elle les prix de l’énergie, de l’alimentation, etc., auraient de toute façon augmenté à cause de la « transition énergétique ». Cette marche forcée vers les énergies renouvelable (éolien, solaire) renchérit structurellement le coût de l’électricité, les taxes pesant sur les énergies fossiles s'alourdissent, et cette politique se décline dans tous les domaines : le malus automobile renchérit les véhicules à moteur thermique au profit des électriques de toute façon plus chers, le Diagnostic de performance énergétique (DPE) fait sortir des logements du marché locatif, ce qui provoque hausse des loyers et pénuries, la décarbonation de l’industrie coûte de l’argent sans améliorer en rien la compétitivité, etc. , Ia liste est longue et elle s'allonge chaque jour !
Vous envisagez de constituer une liste aux élections européennes contre la transition écologique. Pour vous cette idéologie de la transition écologique (qui n'a rien à voir avec le vrai souci écologique) va avoir des conséquences dramatiques sur l’économie européenne. Un peu comme le communisme il y a encore un demi-siècle, en Russie ou en Chine ? Pouvez-vous donner quelques exemples des enjeux d'une telle prise de conscience ?
La transition énergétique (plutôt qu'écologique, je préfère ce terme plus exact) est faite au nom de la lutte contre le réchauffement climatique anthropique, une hausse des températures de la planète provoquée par nos émissions de CO2. Je le conteste formellement. Cette théorie ne repose sur aucune loi physique mais sur des modèles, ceux du GIEC, qui se trompent régulièrement. Des physiciens sérieux (en France Francois Gervais, Christian Gerondeau, Vincent Courtillot, I'association CLINTEL au niveau International) démontrent l’inanité de cette allégation. Mais pourquoi a-t-elle tant de succès ? Parce qu'elle justifie l’intervention de l’État dans tous les domaines de notre vie (habitation, transport, industrie, agriculture), un prétexte en or pour tous ces communistes repeints en vert que sont les écologistes ! Et cette théorie appelle à une politique de coordination mondiale, le rêve pour tous les mondialistes ! Nous subissons en réalité un coup d’État des gouvernement contre les peuples et leurs libertés. Il faut s'y opposer radicalement, c'est pourquoi je lance une liste anti transition énergétique dans le cadre des élections européennes du 9 juin [voir son compte Twitter/X pour plus d'informations NDLR]. Apres l’intérieur de notre corps attaqué par le « vaccin », au tour de son extériorité (habitation, déplacement, etc.). C'est la soumission de nos libertés et de notre âme qui est visée.
Vous montrez à vos lecteurs ou à vos auditeurs une France qui s'appauvrit, avec 3 000 milliards de dettes. Ce sont évidemment les Français qui vont vivre cette pauvreté. En revanche, I'inflation n'est-elle pas un moyen, pour l’État, d'augmenter ses propres ressources et donc de payer sa dette ?
L'inflation n'est rien d'autre qu'un impôt masqué, il pèse sur les Français qui en supportent déjà tant ! L’État, lui, s'en accommode : une taxe ou un impôt est essentiellement un pourcentage, son rendement suit la hausse des prix. L'inflation permet d'effacer la dette, entend-on souvent, mais ce n'est plus si vrai : L’État continue de faire du déficit et les taux d'intérêt remontent partout dans le monde, ça lui coûte donc plus cher de s'endetter. De surcroit, environ un dixième de nos emprunts sont indexés sur l’inflation, une bonne affaire lorsqu'elle était faible, un boulet aujourd’hui, et Bercy continue d'en émettre pour complaire à ses créanciers, c'est suicidaire. La France reste persuadée que la BCE fera tourner sa planche à billets pour lui éviter de faire défaut sur sa dette, l’alternative serait donc la faillite ou l’explosion de l’inflation. Une autre éventualité est possible : une cure d'austérité la grecque qui serait parée - tiens, justement - des atours de la transition énergétique et de la « sobriété », le mot poli pour désigner I'effondrement et la pauvreté.
La consommation d'électricité en France est en recul de 9 % sur un an se vante la ministre de la transition énergétique Agnes Pannier-Runacher, qui y voit de la sobriété, non, ce sont les faillites de boulangeries, de PME, d'usine et les délocalisation qui expliquent cet inquiétant effondrement. Le 17e baromètre Ipsos/Secours Populaire montre que les privations atteignent un niveau record en France : 53 % des Français ne parviennent plus à mettre d'argent de coté, 18% vivent à découvert, un sur trois (32 %) « n’est pas toujours en capacité de se procurer une alimentation saine en quantité suffisante pour manger trois repas par jour », la privation la plus répandue porte sur la viande (28 % jamais, 25 % rarement), et ça tombe bien, l’élevage émet des gaz à effet de serre bravo pour votre sobriété.
Le 31 aout dernier, Bruno Le Maire a annoncé qu'il allait « casser définitivement la spirale des prix », en imposant des prix bloqués ou en baisse sur 5 000 produits du quotidien. Que faut-il penser de I'efficacité de ce genre de mesures ?
Un réflexe typique d'un bureaucrate, d'un étatiste le blocage des prix est l’apanage des régimes communistes et, on le sait, il ne produit que de la pénurie. On le voit déjà en partie dans le logement locatif : les loyers augmentent de façon très contrainte (par I'Indice de référence des loyers, IRL), ou sont même carrément bloqués dans certaines villes, et à cela on rajoute les DPE, un niveau de taxation qui décourage l’investissement locatif, ainsi qu’une loi laxiste envers les squatteurs, et on se retrouve avec des pénuries dans de nombreuses villes alors que la demande solvable existe une illustration du mal français : le « marché » immobilier et les méchants propriétaires sont mis sur le banc des accusés, alors que le mal provient d’une étatisation étouffante.
Quel genre de mesures préconiseriez-vous pour dompter ce mouvement inflationniste qui semble systémique ?
II faut équilibrer les comptes publics, mais cela ne se fera pas car il y a tellement de clientèles électorales à satisfaire ! Et il faut complètement sortir de la transition énergétique, mais cela ne se fera pas car nous avons affaire ici à un projet de nature religieuse ! L'inflation actuelle n'est qu’une manifestation parmi d’autres de l’entreprise d'étatisation et d'étouffement que nous subissons. L’inflation n'est pas le problème, le problème c'est l’emprise totalitaire et notre perte de liberté, une menace aussi grave que les régimes dictatoriaux du XX siècle, mais plus insidieuse.
Photo : Partout, dans nos villes, dans nos rues, une misère visible s'installe bien loin du clochard d’antan. Pourtant, cette misère visible n’est qu'une infime partie du grand déclassement qui touche l’ensemble de la société, classes moyennes incluses : la fin de mois ne se pose plus en terme de découvert bancaire. Elle voit s'enfoncer dans la plus grande précarité des millions de foyers.
Philippe Herlin est chargé de cours au CNAM, auteur de nombreux ouvrages publiés chez Eyrolles, parmi lesquels Pouvoir d'achat, le grand mensonge (2018), qui a rencontré un vrai succès public. II est spécialiste des crypto-monnaies sur lesquelles il rédige une lettre mensuelle. Nous signalons son site philippeherlin.com, sur lequel on trouve son étude « Cancel economy : Pourquoi la transition énergétique est une catastrophe économique »
Monde&Vie 31 aout 2023