La Pologne fournit actuellement un cas d’étude majeur de ce qui se passe lorsqu’un pays conservateur change de gouvernement, qui souhaite le réaligner avec le reste de l’Europe – un memento mori pour la Hongrie. La composition du nouveau gouvernement, dont les postes socio-culturels clés sont tous occupés par des représentants du parti de gauche et d’extrême gauche Lewica, qui ne cachent pas leurs opinions ouvertement anti-chrétiennes et pro-LGBTQ, prouve que les affirmations du gouvernement actuel selon lesquelles il serait la meilleure alternative, même pour les conservateurs, n’étaient qu’un leurre. Mais la guerre culturelle a pris une nouvelle intensité ces derniers jours, lorsque le gouvernement a annoncé dès son entrée en fonction son intention de mettre au pas les médias publics, à commencer par la chaîne TVP.
La nuit dernière, le Premier ministre Tusk a limogé les PDG et les membres du conseil de surveillance non seulement de la chaîne de télévision TVP, mais aussi de la radio polonaise et de l’agence de presse PAP, et a nommé de nouveaux conseils de surveillance qui éliraient de nouveaux administrateurs. Cela s’est fait apparemment sans préavis et donc sans respect des règles en vigueur, comme l’ont rapporté des personnes directement concernées. Le Tribunal constitutionnel polonais conteste la compétence du gouvernement pour procéder à une restructuration aussi soudaine et profonde, mais son autorité n’est que partiellement reconnue par le gouvernement en raison du litige latent sur l’État de droit.
Toutes les branches de la chaîne ont été coupées jusqu’à nouvel ordre
Face à cette évolution, des sympathisants de l’ancienne direction de la TVP, dont des parlementaires, se sont retranchés depuis mardi soir avec une partie du personnel dans le bâtiment principal de la chaîne et ont dû être expulsés de force par les services de sécurité, ce qui a entraîné des blessures chez certaines personnes évacuées manu militari, si l’on en croit les images et les vidéos qui circulent sur le net. La police est également intervenue, d’abord pour protéger les personnes retranchées dans le bâtiment, mais ensuite pour soutenir le gouvernement, selon des témoins de la situation toujours chaotique. Toutes les branches de la chaîne ont été coupées jusqu’à nouvel ordre par décision du gouvernement et ne diffusent que des images fixes. D’ici Noël, la restructuration des principaux médias publics devrait être achevée : une vague de licenciements sans précédent menace. L’opposition (nouvelle) y voit des violations massives de l’État de droit. L’ex-Premier ministre Morawiecki parle dans un message de l’instauration d’une dictature.
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