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CROUS de Bordeaux : la préférence étrangère en matière de logement étudiant

Le 5 janvier dernier, le CROUS [centre régional des œuvres universitaires et scolaires, NDLR] de Bordeaux-Aquitaine a annoncé avec fierté, sur X, une récente initiative en faveur de l’accueil international. Il s’agit de la mise en place d’une priorité sur son parc de logements pour les étudiants sénégalais bénéficiaires ou futurs bénéficiaires d’une allocation d’études gouvernementale.

Le directeur général du CROUS Bordeaux-Aquitaine, Jean-Pierre Ferré, et Émile Bakhoum, chef du service de gestion des étudiants sénégalais à l'étranger (SGEE), ont en effet signé une convention dans le but d’améliorer l’accueil des étudiants étrangers. Et pour cause : le Sénégal est dans le top trois des pays africains qui ont le plus important contingent d’étudiants en France. En février 2023, Le Monde révélait qu’ils n’étaient pas moins de 14.000 répartis dans les universités françaises.

La crise des logements étudiants à Bordeaux

Or, la ville de Bordeaux est confrontée à une pénurie de logements étudiants. Selon Iban Delavoie, étudiant à l'université Bordeaux-Montaigne et président de l'UNEF Bordeaux (syndicat étudiant très à gauche), il y a environ 13.3000 étudiants pour 10.400 places en logement CROUS, ce qui représente 8 % des besoins. Outre le cruel manque de places réservées aux étudiants, les loyers ont augmenté, selon l’UNEF, de 6,9 %. Les étudiants n’ont pas de proposition de logement. Lorsqu'ils en obtiennent, les loyers sont trop élevés par rapport au montant de leur bourse. Selon ce même syndicat, le coût de la vie étudiante aurait augmenté de 6,47 % à la rentrée 2023-2024.

Dans cette situation, la décision du CROUS de Bordeaux de prioriser les étudiants sénégalais dans certains logements ne passe pas. Les commentaires sous le tweet annonçant cette mesure sont sans appel : « Que puis-je répondre à mon fils qui n’a pas eu de logement CROUS ? Alors que je paye mes impôts pour ça ! » peut-on lire, entre autres, au milieu de commentaires tout aussi outrés. Au téléphone, le député RN de la Gironde Grégoire de Fournas déplore « cette préférence étrangère, alors même que les étudiants français n’ont jamais connu une crise du logement aussi importante. Le problème n’est pas de loger les étudiants étrangers bien évidemment, le problème, c’est cette priorité sur nos étudiants locaux. »

L’UNI Bordeaux dénonce la préférence étrangère

Le syndicat de droite UNI Bordeaux, contacté par nos soins, dénonce sur X cette préférence des élèves étrangers alors que les étudiants sont confrontés à une misère grandissante, se trouvant parfois obligés de faire jusqu'à trois heures de transport par jour pour aller étudier ou de « squatter » chez des amis, position pour le moins inconfortable et instable. Certains se voient même contraints à renoncer à leur projet d’étude. « C’est une provocation contre les étudiants qui ont du mal à se loger », tempête le responsable de l’UNI Bordeaux. Il s'indigne : « Des associations au conseil régional, départemental, aux associations étudiantes, tout le monde constate qu’il y a un énorme problème de logement étudiant et le CROUS annonce qu’une priorisation est faite pour des étudiants étrangers au détriment des étudiants locaux. » Selon cet étudiant à Bordeaux depuis huit ans, c’est la première fois qu’une préférence étrangère assumée est mise en place. Pour lui, la raison est simple : « À Bordeaux, depuis la loi Immigration, on voit la gauche et l’extrême gauche essayer de montrer qu’ils sont bien dans la bonne mouvance d’accueil d’immigrés. » Clément Rossignol-Puech (EELV), le maire de Bègles, commune de la banlieue sud de Bordeaux, avait par ailleurs déclaré « refuser la préférence nationale ».

Outre le rejet de la loi Immigration, cette décision du CROUS semble aussi motivée par les « pressions de Révolution permanente et de Poing levé [respectivement organisation politique trotskiste et association étudiante bordelaise d'inspiration marxiste, NDLR] qui multiplient les manifestations et les meetings à l’université de Bordeaux-Montaigne en vue d’un accueil plus développé envers les étrangers », poursuit le responsable de l'UNI.

L’UNI Bordeaux entend contrer cette décision qu'il juge injuste. « Alors que nous dénonçons la même chose, à savoir la précarité des logements des étudiants, les syndicats de gauche tels que l’Union étudiante ou l’UNEF ne s’opposeront pas à cette convention signée. Parce que cela va à l’encontre de leur logique d’accueil de toujours plus d’immigrés » assure auprès de BV le responsable de l’UNI Bordeaux.

Raphaelle Claisse

https://www.bvoltaire.fr/crous-de-bordeaux-la-preference-etrangere-en-matiere-de-logement-etudiant/

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