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À contre-courant, Marion Maréchal apporte son soutien aux écoles hors-contrat

Amélie Oudéa-Castéra aurait sans doute rêvé d’une prise de fonction plus sereine. Cinq jours après sa nomination à la tête de l’Éducation nationale, la polémique sur son choix de scolariser ses enfants à Stanislas, un établissement privé catholique, et non dans une école publique, ne s’essouffle toujours pas. Au contraire, le ministre, acculé par une gauche faussement indignée, a même été contraint de se rendre, ce 16 janvier, dans l’ancienne école publique de quartier fréquentée par son fils aîné afin de présenter ses excuses. Dans ce brouhaha médiatique, quelques voix profitent de l’occasion pour vanter les mérites de l’enseignement privé sous contrat, remède miracle, selon eux, contre le naufrage de l’Éducation nationale. Mais qu’on ne se leurre pas. À l’exception de quelques rares écoles privées sous contrat - dont, notamment, l’école Stanislas -, la très grande majorité des établissements privés, contraints de suivre les programmes et méthodes de l’Éducation nationale, connaissent malheureusement la même dérive - certes en léger différé - que l’école publique.

Chèque éducation 

Face à cette faillite généralisée, Marion Maréchal, invitée sur CNews ce 16 janvier, a préconisé, d’une part, une refonte complète de l’Éducation nationale - gangrenée, selon elle, par un syndicalisme de gauche - et, d’autre part, une « ouverture à la concurrence ». À contre-courant de la doxa qui voit dans les écoles indépendantes l’ombre du séparatisme, la candidate de Reconquête aux élections européennes a ainsi réclamé plusieurs mesures visant à soutenir les écoles hors contrat qui attirent chaque année toujours plus de familles.

Jugeant qu’une saine concurrence obligerait l’Éducation nationale (écoles publiques et privées sous contrat) à revoir ses programmes et ses méthodes pour attirer toujours plus d’élèves, elle souhaite tout d’abord donner aux communes « la possibilité de financer les écoles hors contrat ». Cela permettrait de soutenir leur création et, dans de nombreux cas, d’abaisser les frais de scolarité qui peuvent représenter un frein pour les familles. Par ailleurs, elle se dit favorable à ce que l’État finance les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) qui font le choix de travailler dans des structures hors contrat afin d’offrir aux parents d’enfants porteurs de handicap la liberté d’inscrire leur progéniture dans l’école de leur choix. Enfin, bien consciente de la charge financière que représente l’inscription dans une école hors contrat - qui, rappelons-le, ne bénéficie d’aucune aide de l’État -, Marion Maréchal, se déclare « à titre personnel » pour la mise en place d’un chèque éducation [somme annuelle forfaitaire attribuée à chaque enfant et versée à l’établissement choisi par les parents, NDLR], vieille mesure déjà promue par Jean-Marie Le Pen et Philippe de Villiers en 2007. Cette aide permettrait que « les familles qui travaillent puissent scolariser leurs enfants dans le hors-contrat » sans discrimination. Avec ce chèque éducation, Marion Maréchal espère ainsi que les « stratégies d’évitement », bien maîtrisées par nos ministres qui s’empressent de scolariser leurs propres enfants dans des établissements élitistes, puissent être accessibles à tous les Français.

Boom des écoles hors contrat

Car, comme le souligne si justement la Fédération des parents d’élèves des écoles indépendantes, si des parents consentent au sacrifice financier d’inscrire leurs enfants dans le hors-contrat, « c’est bien pour fuir l’enseignement et le niveau de l’Éducation nationale ». Et l’essor grandissant de ces écoles indépendantes (100.000 élèves, un chiffre qui a doublé en dix ans) est bien la preuve de la faillite - ou, du moins, des très nombreux dysfonctionnements - de l’Éducation nationale. Selon une source bien informée au sujet des écoles hors contrat, contactée par BV « il y a à peu près 30 à 50 % des familles qui inscrivent leurs enfants dans le hors-contrat qui ne sont pas des "cœurs de cible" mais qui sont des déçus de l’enseignement privé sous contrat ». Selon cette personne, « de la même façon qu’il est hypocrite de dire qu’on a fait le choix du privé seulement à cause des heures non remplacées dans le public, il est hypocrite de penser que les parents qui choisissent le hors-contrat le sont pour fuir l’enseignement catholique privé en tant que tel. En réalité, ils font le choix du hors-contrat pour trouver un enseignement catholique digne de ce nom avec une véritable transmission pédagogique et intellectuelle. »

Pour François-Xavier Clément, directeur de la Fondation Saint-Joseph pour l'Éducation, les propositions avancées par Marion Maréchal vont dans le bon sens. Notamment sur la question du financement par l'État des AESH, il déclare : « Je trouve particulièrement injuste que les enfants des familles qui font le choix du hors-contrat ne puissent pas bénéficier de ces aides alors qu’elles sont financées par leurs impôts et servent à aider un enfant et non un établissement scolaire. » L'ancien directeur de Saint-Jean-de-Passy (Paris) va même plus loin : « On pourrait travailler sur un nouveau contrat qui ne serait pas un contrat d’association mais un contrat simple. Ce contrat ne nécessiterait pas la titularisation ni la certification des professeurs par l’État, mais plutôt des financements apportés aux établissements. Cette aide viendrait justifier les contrôles menés par l’État dans ces écoles et leur reconnaîtrait une participation au service d’éducation. »

Clémence de Longraye

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