Comme chaque année, les manifestants se caractérisaient par leur moyenne d’âge très juvénile, et comme on n’empêche pas la jeunesse d’être jeune, selon l’amusante expression de la comtesse de Ségur, ces graves causes étaient portées avec une grande gaieté et en musique tout le long du parcours.
Une caractéristique relevée dans son discours sur la tribune par Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Lejeune : « Cette manifestation détient le record de jeunesse de toute l’histoire des manifestations. » Une boutade, mais qui devrait alerter les rédactions, les politiques, les universitaires et tout cet entre-soi de gauche qui détient aujourd’hui le magistère moral et se permet, fort de cette supériorité, de faire le coup du mépris quand cette France catholique, bien élevée, descend dans la rue.
Pourtant, soyons lucides : cette bien-pensance qui tient le haut du pavé depuis plus d’un demi-siècle a démographiquement disparu et a vocation à s’éteindre. Son message malthusien, entre féminisme, hédonisme et écologie, a été entendu cinq sur cinq… par son propre écosystème. Elle a eu peu d’enfants et a convaincu ceux-ci de ne pas en avoir du tout. Seuls (ou presque) les croyants pratiquants restent hermétiques - ou peu perméables - à cette doxa et continuent de procréer. Musulmans, certes, mais aussi juifs et catholiques. Certaines paroisses ont (et ce n’est quasiment pas une plaisanterie) le taux de natalité du Nigeria. En Israël, la très forte croissance démographique des Juifs orthodoxes fait estimer à 25 % leur proportion à horizon 2050, remettant en cause leur exemption du service militaire (en principe permise pour étudier la Torah). Bref, ces bouleversements d’équilibres démographiques ont de fortes implications. Pourquoi en serait-il autrement, un jour, en France ?
Paradoxalement, c’est une France attachée à la laïcité comme une bernique à son rocher qui aura servi sur un plateau d’argent, y travaillant idéologiquement chaque jour pied à pied, leur supériorité démographique aux croyants. Cela s’appelle, encore une fois, scier la branche sur laquelle on est assis. Les journalistes qui dédaignent la Marche pour la vie et ce qu’elle dit des bouleversements démographiques à venir ne font pas leur métier.
Gabrielle Cluzel
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