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Inde, Suède… Emmanuel Macron en toute déconnexion

Des agriculteurs dorment dans leurs tracteurs ou en cellule de garde à vue pour faire entendre leur mécontentement. Le siège de Paris a commencé, le Premier ministre fraîchement débarqué à Matignon fait face, seul. Le président de la République, loin des débats qui animent la France, enchaîne les visites diplomatiques. Le 25 janvier, il partait en Inde, invité d’honneur de la fête nationale. Parade militaire en calèche, défilé en pick-up, garden-party dans les immenses jardins de la présidence : une ambiance bien paisible et décontractée, tout en cérémonie, en déconnexion totale avec la colère qui gronde en France. Une déconnexion assumée, d’ailleurs, puisque le Président a refusé de répondre à une question qui lui était posée au sujet des agriculteurs.

De retour en France, le chef de l’État n’a pas eu le temps de défaire ses valises puisqu’un vol l’attendait, lui et la première dame, pour la Suède. Il s’est alors livré à une réelle démonstration de faste. Au même moment, des paysans français déclaraient ne plus pouvoir vivre de leur activité, avec 300 euros par mois. Le roi Carl XVI Gustav et la reine Silvia ont reçu le couple Macron autour d’un dîner luxueux lors d’un gala. Ils ont été décorés : le Président français a été fait chevalier de l’ordre des Séraphins et son épouse a reçu la grand-croix de l’ordre de l’Étoile polaire. Après avoir évoqué les déboires de la France à l’Eurovision, le Président a poussé la chansonnette avec des étudiants suédois : « Aux Champs-Élysées… » Ces mêmes Champs-Élysées que de jeunes agriculteurs français à bout de souffle ont couverts de paille, quelques jours plus tard.

https://www.youtube.com/watch?v=3xHLZb57Kg8

La décevante réponse du Président

Après avoir fait preuve, au moins en apparence, d’un désintérêt à l’égard de la colère agricole, Emmanuel Macron a daigné leur adresser un mot, sur son compte X… Il récite les poncifs que son Premier ministre Gabriel Attal s’efforce de faire entendre, intervention après intervention. « Nous serons intraitables… Toujours aux cotés de nos agriculteurs… » Pourtant, alors que la grogne monte jusqu’à Bruxelles d’où sortent en grande partie les normes qui asphyxient les agriculteurs, le Président chante les louanges de cette Europe que les paysans français dénoncent : « soutenir nos agriculteurs, nous le faisons avec la politique agricole commune européenne »« nous voulons une Europe plus forte »« la souveraineté alimentaire européenne »… Nouvelle déconnexion entre les revendications d’une profession qui ne demande qu’à survivre et les réponses du Président.

Le capitaine quitte le navire

Quitter le territoire en temps de crise n’est pas nouveau, pour le président de la République. En décembre 2018, la contestation gilets jaunes grondait partout en France jusque dans les rues de la capitale. Pas de leader, pas de revendication précise, sinon la rage d’être pris à la gorge par les taxes insurmontables. Pendant ce temps, le président de la République est en Argentine pour le G20, il n’en revient que le 1er décembre, jour de la troisième journée de mobilisation d’ampleur de cette France qui n’en peut plus.

Lors des manifestations contre la réforme des retraites, en juin dernier, le Président a aussi quitté le navire. Il s’est d’abord rendu à Pékin pour des enjeux politiques et diplomatiques, puis à Amsterdam dans la foulée. Cette dernière visite diplomatique est troublée par plusieurs incidents : puisque le Président a quitté le pays pendant leur contestation, les manifestants l’ont rejoint en Hollande pour lui faire entendre leur mécontentement.

Comme de Gaulle disparaissant pendant quelques heures, le 29 mai 1968, Macron quitte l’Hexagone en temps de crise. Une ruse, une fuite ou un désintérêt ?

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