Le tout est assorti d’un photomontage, façon Ken™ et Barbie™ sur pièce montée, histoire de démontrer que l’imagination est au pouvoir. Rappelons qu’en matière de blagounettes façon Carambar™, les humoristes élyséens n’en sont pas à leur galop d’essai, tel qu’en témoigne cette autre « fake news » ayant consisté à détourner les vœux de la même Marine Le Pen, la faisant s’exprimer dans la langue maternelle de Léon Zitrone et de Fiodor Dostoïevski. Laquelle est assortie de ce commentaire : « L'IA fait encore plus peur quand elle se rapproche de la réalité. »
Renaissance : y a-t-il encore un capitaine dans ce vaisseau fantôme ?
Encore une facétie due au porte-parole de Renaissance, Loïc Signor, grâce à cette même intelligence artificielle ; ce qui est toujours pratique quand d’intelligence humaine il n’y a plus. Mais qui a aussitôt déclenché la colère d’un autre macroniste à peu près aussi anonyme, Jean-Noël Barrot, ministre du Numérique : « C’est une initiative personnelle qui aurait mérité quelques explications pour éviter la confusion », tel qu’expliqué en catastrophe, le jeudi 4 janvier, sur Sud Radio.
Mais soyons chrétiens : tant d’esprits brillants ne peuvent pas mettre en permanence la balle dans le panier. Surtout quand ces derniers se couvrent une fois de plus de ridicule avec l’affiche de leur campagne destinée aux prochaines élections européennes. Là, carton plein. Une étoile or croquée par la droite, façon Apple™, le géant de l’informatique qu’on sait, ornée d’une flamme sur le haut et assortie de ce slogan : « Think Different Renew Europe ».
Et Allan Bouamrane, chargé de la communication du groupe Renew (Renaissance, in French), de se féliciter : « Pour la première fois, de Lyon à Prague, de Paris à Berlin et de Berlin à Madrid, nous allons partager la même affiche. » Et le peuple des internautes de railler cette campagne de communication des plus approximatives : « C’est un élève de CM1 qui l’a dessiné ? » Ou, mieux : « Ils ont payé combien à Apple pour récupérer leur slogan ? »
Quand on sait que le logo en question n’est qu’un vulgaire plagiat de celui des Beatles, Apple Corps, en l’occurrence, qui valut à Steve Jobs, fondateur du géant informatique qu’on sait, un procès retentissant suivi d’un arrangement financier, voilà qui a de quoi laisser perplexe quant à la puissance novatrice des jeunes macronistes.
Marine Le Pen pas plus « russophile » qu’Emmanuel Macron ?
Dans la foulée, une autre question se pose : depuis le Brexit, l’anglais est censé ne plus avoir sa place en nos instances européennes, même si demeurant langue internationale. Alors, pourquoi transformer « Renaissance » en « Renew » et libeller l’affiche en question en cette langue ? Étonnant, non ?
Tout comme on peut également s’étonner que Marine Le Pen soit en permanence renvoyée à sa russophilie présumée. En effet, soyons sérieux. Certes, le Rassemblement national, pour financer ses diverses campagnes électorales, a dû faire appel à des banques russes. Pourquoi ? Tout simplement parce que leurs homologues françaises refusaient d’avancer un argent qui aurait été vite rentabilisé : après tout, le retour sur investissement est plus confortable avec Marine Le Pen que Valérie Pécresse. À croire que nos banquiers peuvent avoir leurs raisons que la raison ignore.
De même, l’ancienne présidente du RN est reçue par Vladimir Poutine le 24 mars 2017, en pleine élection présidentielle. L’occasion, pour le maître du Kremlin, de lui affirmer : « Bien sûr, il sera intéressant d’échanger nos points de vue sur le développement de nos relations bilatérales et sur la situation qui se crée en Europe. Je sais que vous représentez un spectre politique en Europe qui croît rapidement. »
Ce qui n’empêche pas Emmanuel Macron, à peine élu Président, de recevoir le même Vladimir Poutine au château de Versailles avec des honneurs rarement accordés à un homologue étranger, le 29 mai de cette même année. Les Marcheurs s’en sont-ils alors offusqués ? Non. Depuis - et c’est à mettre au crédit de l’Élysée -, jamais les ponts n’ont été coupés avec la Russie, même après son entrée en conflit avec l’Ukraine.
Cela s’appelle faire de la politique, sachant que du général de Gaulle à Emmanuel Macron tout en passant par Jacques Chirac et François Mitterrand, il ne faut pas avoir fait Saint-Cyr pour comprendre que la Russie demeure une puissance continentale avec laquelle il convient de compter.
Cela, Marine Le Pen l’a manifestement compris. Au contraire de ces aimables farceurs de la Saint-Valentin.
Nicolas Gauthier