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Agriculture. La FNSEA possède un patron en or

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Ces dernières semaines on a vu les militants de la FNSEA manifester ici et là : barrages routiers, « visites » aux grandes surfaces, défilés avec les tracteurs… Pourtant, il y a un endroit où ils ont « oublié » de se rendre : le siège du groupe agroalimentaire  Avril situé à Bruz (près de Rennes). Ce sont donc les militants de la Confédération paysanne qui se sont dévoués le 9 février ; manifestation symbolique devant le bâtiment : « Avril, c’est le l’exemple type de ce qu’on ne veut pas », disent-ils (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, 10-11 février 2024) Rebelote le 22 février, cette fois ce sont les militants de Greenpeace qui s’introduisent sur le site et dérobent l’enseigne avec une perceuse et repartent avec. A la place, ils déroulent une banderole : « Avril se gave, agriculteurs exploités » (Ouest-France, Ille-et-Vilaine, vendredi 23 février 2024).

Pourquoi les militants de la FNSEA, d’habitude actifs, ne font-ils pas une petite visite au siège d’Avril ? Réponse : un certain Arnaud Rousseau est à la fois président de la FNSEA et président du conseil d’administration d’Avril  –  on est en plein dans le conflit d’intérêts. Quelques données : Avril c’est 700 personnes à Bruz (plusieurs directions et filiales), Avril c’est Lesieur, Puget, Isio 4, Avril c’est le Diester (mélange de colza et de tournesol), Avril c’est 9 milliards de chiffres d’affaires en 2022, etc. Mais Rousseau est également « paysan » (sic) : 735 hectares dans la Seine-et-Marne, avec quatre ouvriers agricoles et une valeur 3,3 millions d’euros pour l’exploitation. « Chapeau bas au patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, qui, grâce à ses 700 hectares de céréales, a empoché en 2022 178 000 euros d’aides de la PAC, auxquels s’ajoutaient 44 168 euros pour sa société de production d’énergie photovoltaïque. Ce gros céréalier oléoprotagineux  dirige, en prime, le géant des huiles Avril, qui touche chaque année de Bruxelles peu ou prou 130 millions d’euros. » (Le Canard enchaîné, 31 janvier 2024) Rousseau sait comment s’y prendre pour accumuler les subventions de la PAC. « Il a perçu plus de 178 000 euros en 2022 – 5,7 fois plus que la moyenne des producteurs comparables. Et touché trois fois l’aide dite « aux premiers hectares », normalement réservé aux « petits exploitants ». Cocasse quand on sait que le même Arnaud Rousseau a participé, lorsqu’il était vice-président de la FNSEA, aux négociations pour la répartition de ces aides européennes. » (L’Obs, 22 février 2022)

Macron et Rousseau, deux vieux copains

Évidemment, parler de la FNSEA, c’est parler politique. Son président est toujours proche du pouvoir, que le gouvernement soit de droite ou de gauche. Et Arnaud Rousseau n’échappe pas à la règle. Cet homme puissant  « a l’oreille des décideurs, jusqu’à celle d’Emmanuel Macron. Le président de la République  (…) demeure fidèle au groupe Avril, qu’il connaît bien (…) C’est lui qui, en 2012, alors banquier chez Rothschild, négocie le rachat de Lesieur Cristal, à l’époque filiale de la holding de la famille royale marocaine. En mai dernier, lors de la soirée des 40 ans d’Avril, organisée dans la très chic Fondation Pinault à Paris, Emmanuel Macron  est apparu sur grand écran pour souhaiter un joyeux anniversaire au groupe.  « Tout au long de ma vie professionnelle, je n’ai jamais été loin […] d’Avril […] Je serai toujours là dans l’avenir », a-t-il promis. Que d’honneur ! Quelques semaines plus tôt, on apercevait Arnaud Rousseau à L’Elysée en compagnie du chef de l’Etat pour la fête du muguet. » (L’Obs, 22 février 2022) Lorsqu’il prendra sa retraite de président de la République et s’il retourne jouer au banquier d’affaires chez Rothschild & Co, Macron sait qu’il aura comme client Arnaud Rousseau !

Il est facile de comprendre que le petit agriculteur de base ne constitue pas la priorité de Rousseau. « Sa vision, c’est la ferme de 1 000 hectares avec trois personnes pour la faire tourner, pour réduire les coûts au maximum et produire le blé le plus compétitif sur le marché mondial », résume un maraîcher bio. « Une ferme, c’est une entreprise, et une entreprise doit gagner de l’argent », répète à l’envi le président, apôtre d’une vision libérale de l’agriculture reposant sur la maximisation de la production et des échanges (L’Obs, 22 février 2024). On se demande pourquoi il y a encore des « petits » agriculteurs à la FNSEA… Rousseau et ses copains ne défendent pas leurs intérêts.

Bernard Morvan

Illustration : DR
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