Celui qui fut le saint-bernard du Président dresse le tableau de la bataille. Le temps de l'émission, il est le Picasso du Guernica de la porte de Versailles... « Ils ont fait mettre le Président dans une nasse - pardon de le dire - avec une violence inouïe ! » Et tant pis pour les âmes sensibles qui sont à l'écoute. « Et le lendemain, ils sont arrivés comme des sauveurs, ils ont fait des selfies, ils ont été bien reçu, mais ça, ils l'ont orchestré... »
Sur les lieux du forfait, le Rassemblement national est donc venu exhiber le contraste entre le grand bazar de la veille et la sympathie avec laquelle ses membres ont été accueillis. « Je vous fais juge, madame Amandine Bégot. Mon client fut agressé par des paysans à la solde d'une extrême droite calculatrice. Le complot ne fait pas l'ombre d'un doute. Aujourd'hui, les agriculteurs sèment la pagaille, demain, aux européennes, le parti de monsieur Bardella passera la moissonneuse pour en récolter les fruits. Mesdames messieurs du jury, dans ce champ où poussent des électeurs, Emmanuel Macron fait désormais figure d'épouvantail. Voilà le stratagème mis au point par le RN. »
Le plaidoyer prévu ayant été jugé trop long par la direction de RTL, Éric Dupond-Moretti passe sans transition aux « gudards », aux ultra-violents et autres néo-nazis contre lesquels Marine Le Pen devait déposer plainte. Une femme dont « on parle davantage du nom de ses chats que de ses amis. Si on allait voir du côté de ses amis, on aurait quelques frayeurs. » La complaisance de « tout le monde » à l'égard de ce marigot imaginaire - mais nauséabond quand même - révolte l'ex-avocat. « Personne ne s'est élevé pour dénoncer ce qui s'est passé au Salon de l'agriculture. Je trouve ça absolument monstrueux. » Excepté quelques bêlements de moutons apeurés, pas une voix, pas un cri d'effroi ne s'est fait entendre dans la classe politique. « Chère madame, mon client demande réparation. Un geste, un poulet, un filet garni... La tradition qui voit le Président goûter les produits du terroir n'a pas été respectée. Mon client a faim de reconnaissance. Mesdames messieurs les jurés, accordez-lui ce dont les suppôts de la droite sanguinaire l'ont privé. L'amour du peuple. L'amitié des petits producteurs, la confiance de tous... Voilà. J'en ai terminé. »
Le résultat du délibéré est attendu au soir du 9 juin. Éric Dupond-Moretti, alias « Acquittator », parviendra-t-il à sauver Emmanuel Macron du désastre électoral ? Le cas semble désespéré.
Jany Leroy