Hélas, la tragédie du 7 octobre s’en est chargée. Depuis le pogrom commis par le Hamas en Israël, les fractures anglaises apparaissent au grand jour et elles sont béantes. Pas une manifestation pro-palestinienne ne s’y déroule sans appels à la violence ou cris de ralliement islamistes. Positionnés en bordure de cortèges, les policiers locaux restent stoïques, tristement flegmatiques, les bras ballants, comme indifférents à la haine raciste proférée par les manifestants. Une tolérance coupable qui a eu pour conséquence d’encourager les passages à l’acte : en 2023, ce sont plus de 4.000 actes antisémites qui ont été commis au Royaume-Uni, en hausse de 147 % par rapport à l’année 2022. La situation des Anglais de confession juive est si dégradée qu’ils évitent désormais de se rendre dans le centre de leur capitale le week-end par peur de se faire agresser. « Londres est devenue une no-go zone pour les juifs », alerte Robin Simcox, conseiller du gouvernement britannique en matière de lutte contre l’extrémisme, en Une du Daily Telegraph.
Quelques jours plus tôt, c’est le Premier ministre Rishi Sunak qui tirait la sonnette d’alarme et pointait du doigt la dérive antisémite de nombreux militants pro-Gaza. « Ce qui a commencé comme de simples manifestations dans nos rues s’est accompagné d’intimidations, de menaces et d’actes de violence prémédités. Les enfants juifs ne veulent plus porter l’uniforme de leur école, de peur de révéler leur identité. Maintenant, c’est toute notre démocratie qui est menacée. »
Et en France ?
On se souvient qu’en 2015, la chaine Fox News avait fait sensation en publiant la liste des « no-go zones » parisiennes, ces enclaves islamistes où la police n'ose plus s'aventurer. Toute la presse bien-pensante était alors tombée sur le média américain et sur son journaliste qui avait croulé sous les menaces de mort… Mais près de dix ans plus tard, ce qui relevait de l’affreuse fake news d’extrême droite s’impose comme une réalité incontestable. Certains quartiers ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient : Stalingrad, Gare du Nord, Barbès, Belleville, Porte de la Chapelle… À moins d’aimer vivre dangereusement, il n’est pas conseillé d’y mettre un orteil après le coucher du soleil. Encore moins si vous portez une kippa. Un homme, traité de « sale juif », a encore été agressé il y a dix jours, rue des Orteaux, autre zone malfamée de la capitale où tout ce qui symbolisait la France a été peu à peu chassé.
Si la France n’a pas connu les gigantesques manifestations pro-Gaza qui ont déferlé sur l’Angleterre, elle n’a pas été épargnée par l’explosion mondiale de la judéophobie : les actes antisémites ont bondi de 1000 % dans l’Hexagone depuis l’attaque du 7 octobre. Rien que ça.
En réalité, certaines zones ne sont tout simplement plus habitables par nos compatriotes juifs et le phénomène n’est pas nouveau. « Il est en effet, sous nos yeux, une stupéfiante et cruelle réalité : en France, les enfants juifs ne peuvent plus être scolarisés dans n'importe quel établissement », alertait l'inspecteur général Jean-Pierre Obin dès 2004, dans son rapport fracassant sur l’entrisme religieux à l’école. « Sur une quinzaine d’années, des effectifs de populations ou de familles juives se sont effondrés dans toute une série de communes de Seine-Saint-Denis », indiquait aussi Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop. Il s’agirait même d’un exode de 80 % de la communauté israélite du 93, selon l'historien Georges Bensoussan. Dans le Val d’Oise, le Val-de-Marne, sans oublier certains arrondissements de Paris, on observe aussi ce mouvement de populations qui, s’il ne se déroulait pas sous notre nez, serait désigné pour ce qu’il est : une épuration ethnique à bas bruit.
Jean Kast
https://www.bvoltaire.fr/londres-no-go-zone-pour-les-juifs-paris-aussi/