Rester sur scène
Politiquement paralysé faute de majorité à l’Assemblée, cousu d’échecs à l’intérieur où la dette et l’insécurité explosent comme à l’extérieur où la France s’isole, Macron joue la fuite en avant, une fuite dans la com' - ce qu’il fait de mieux. À ses trousses, le spectre d’une défaite électorale à peu près acquise aux européennes, le 9 juin. À ses trousses, surtout, la menace d’un Président Potemkine qui inaugure les chrysanthèmes ou d’un Président Grévin qui sort de l’Histoire pour aller au musée. Macron a vu Hollande acculé à la paralysie. Son orgueil refuse cette issue, il se cabre, il veut rester sur scène, continuer le spectacle. Surtout ne pas disparaître, ne pas assister, impuissant, à l’envolée du RN de Bardella et Le Pen pour qui il affichait, hier, encore tant de mépris, ne pas incarner le roi fainéant.
Alors, tout est bon : avec l’avortement, il triomphe sans risque dans des cérémonies empanachées grotesques. Avec l’euthanasie, il se remet au centre du jeu pour d’infinis débats. Avec l’Ukraine il s’invente une influence internationale et tente le coup de la guerre qui soude une nation autour du pouvoir. Avec les mesures judiciaires sur le viol (sa dernière idée), il endosse encore une fois le rôle d’arbitre. Tous les jours, une idée de communication, tous les jours, une intervention présidentielle dans un média de masse sur un sujet différent. Tous ces sujets pouvaient attendre. Peu importe l’intérêt national, la France, les Français, il occupe la scène, il fait semblant, il joue sa survie. À ceux qui dressent face à lui son bilan, le Président répond en accélérant la course. Encore trois mois ! Ce n’est plus un Président, c’est « Le Fugitif ».
Marc Baudriller
https://www.bvoltaire.fr/edito-une-idee-de-com-par-jour-emmanuel-macron-le-fugitif/