Chronique de Paysan Savoyard (n° 315 – Mars 2024)
Comme on le sait, l’élection d’E. Macron en 2017 a marqué une nouvelle ère dans la vie politique française. Jusque-là, depuis les années 1970-1980, la gauche et la droite alternaient au pouvoir. Elles y menaient la même politique mais mettaient en scène un affrontement d’autant plus rude qu’il portait non sur le fond des choses mais sur la distribution des places. Les dirigeants du Système ont jugé que cette situation de tension et de confrontation constituait pour eux un facteur d’affaiblissement : aussi ont-ils sélectionné E. Macron avec la mission d’opérer la réunion du centre gauche, l’aile « deuxième gauche » du Parti socialiste, et du centre droit, le courant « juppéiste » de la droite. Ainsi réunis sous l’égide du macronisme, les deux courants centristes jusque-là opposés poursuivent la politique conduite par la classe dirigeante depuis les années 1970 : libérale sur le plan économique, socialiste pour ce qui est des impôts et des transferts publics, libertaire quant aux mœurs, immigrationniste s’agissant des frontières.
Le pôle macroniste se présente depuis lors comme occupant le centre de la politique française, rejetant les excès et les outrances qui, affirme-t-il, caractérisent les deux extrêmes, l’extrême gauche et l’extrême droite, toutes deux populistes, démagogues et dangereuses pour la république, la démocratie et la paix civile.
Or cette présentation des choses est profondément fausse et malhonnête. Les politiques conduites par les macroniens, dans la continuité de celles de leurs prédécesseurs depuis une soixantaine d’années, sont tout sauf modérées, raisonnables et centristes : elles sont au contraire caractérisées par l’extrémisme le plus dur et le plus dépourvu de scrupules.
Les gouvernements qui se succèdent ont, ces six dernières décennies, multiplié les décisions extrêmes
La classe dirigeante et ses différents gouvernements organisent ainsi, depuis la fin des années 1950, une immigration massive. Avec l’attribution du droit au regroupement familial dans les années 1970, suivie, à partir des années 2000, de la délivrance en masse du statut de demandeur d’asile, ce qui était au départ une immigration de travail est devenue une invasion. Depuis, d’une présidence à l’autre, les arrivées d’immigrés ne cessent d’augmenter. Les installations légales (titres de séjour + titres de demandeurs d’asile) ont atteint en 2023 un nouveau record : 488 000 (voir ici). Ces arrivées légales, auxquelles il faut ajouter les arrivées irrégulières (en nombre inconnu), s’accompagnent en outre d’un accroissement constant du nombre des naissances issues de l’immigration, qui représentent désormais plus de 40 % du total (voir cette chronique). Ce faisant, la classe dirigeante a organisé un processus d’invasion du pays et de remplacement de la population de souche, en passe de devenir minoritaire dans son propre pays : les immigrés d’origine non européenne sont sans doute au moins 20 millions déjà. Non seulement les immigrés sont autorisés à s’installer en masse, mais la classe dirigeante leur attribue des droits et des avantages multiples, supérieurs même à ceux des Français de souche : accès gratuit au système de soins (CMU…) et aux services publics (école gratuite ; moyens supplémentaires dans les « zones prioritaires »…) ; attribution d’allocations multiples ; quotas « sociaux », mais en réalité raciaux, dans les meilleurs lycées, les grandes écoles, les grandes entreprises et l’administration ; attribution de HLM, y compris dans le centre historique des grandes villes, à Paris par exemple ; attribution massive de la nationalité… Mieux encore, même les immigrés en situation irrégulière bénéficient de différents droits ! Cette invasion migratoire provoque une délinquance de masse, face à laquelle le Système réagit par un laxisme absolu, sous-tendu par l’extrémisme de son idéologie humaniste et individualiste. L’invasion se double enfin d’un processus d’islamisation galopante, que la classe dirigeante accepte et accompagne (par des accommodements et concessions multiples, dans les écoles, dans les administrations et dans les grandes entreprises ; par des autorisations de construction de mosquées ; par des subventions ; par le clientélisme des maires…). A ces divers titres, la politique d’invasion migratoire fait courir un danger mortel aux peuples européens, à leurs Etats, à leur territoire et à leur civilisation : elle n’est donc pas seulement extrémiste mais criminelle et relève de la haute trahison
Deuxième secteur d’application de leur extrémisme, les gouvernements français et européens ont organisé depuis les années 1980, sous la tutelle des Etats-Unis, la mondialisation de l’économie et un système de libre-échange mondial. La disparition progressive des frontières économiques produit en Europe différentes conséquences délétères, en particulier la désindustrialisation et les phénomènes de dumping, social, fiscal, sanitaire et environnemental. Le dossier agricole illustre en ce moment les effets de cette politique libre-échangiste : mis en concurrence avec des producteurs étrangers qui ne sont pas soumis aux normes et aux charges salariales et sociales qui leur sont imposées, les agriculteurs français sont nécessairement placés en situation difficile. Ces différents effets catastrophiques ne conduisent nullement les gouvernements français et européens relayés par l’UE à modifier leur politique. Ils l’accélèrent au contraire et multiplient les accords de libre-échange (avec la Nouvelle-Zélande il y a quelques semaines, avec le Mercosur prochainement).
Le troisième théâtre d’opération de l’extrémisme du Système n’est pas le moins spectaculaire. Le financement de l’immigration massive d’une part, le financement des mesures destinées à amortir l’effet social des suppressions d’activités dues à la mondialisation d’autre part, ont entraîné l’explosion des dépenses publiques. Pour y faire face, la classe dirigeante a accru considérablement les impôts, taxes et charges sociales, qui sont désormais parmi les plus élevés du monde : en 2022 (la donnée 2023 n’est pas encore disponible) la France était le 2e pays le plus taxé (voir ici). Ces prélèvements, qui plus est, pèsent essentiellement sur la classe moyenne, qu’ils étranglent un peu plus chaque année. Les ménages du bas de l’échelle, eux, à commencer par les immigrés et les assistés, sont bénéficiaires de ce système inique (60 % des ménages reçoivent davantage qu’ils ne paient, indique l’INSEE ; voir ici). Les ménages situés en haut de l’éventail des revenus échappent eux en partie au prélèvement confiscatoire grâce à différents mécanismes (voir cette chronique). Cette politique injuste et tyrannique, qui spolie la partie centrale de la population de souche, notamment pour financer l’immigration et donc son propre remplacement, constitue une illustration significative des politiques extrêmes menées par la classe dirigeante.
Quatrième terrain de manœuvre des extrémistes à la tête du Système : les mœurs. La classe dirigeante a multiplié ces dernières décennies les réformes sociétales, les unes libertaires les autres égalitaristes : discrimination positive, quotas de race et de sexe (dans les recrutements, dans les publicités, au cinéma…), mariage homo, adoption homosexuelle, PMA ouvert aux couples homosexuels, reconnaissance des transgenres, libéralisation continue des possibilités d’avortement… D’autres réformes, toujours plus transgressives, se profilent déjà : la libéralisation des drogues, la GPA, le suicide assisté, le clonage peut-être et le transhumanisme. Ces réformes vont à l’opposé de ce qui a été considéré pendant des siècles comme le bon sens et la morale commune. Tout montre qu’elles bousculent les structures anthropologiques fondamentales et déboucheront sur des monstruosités.
L’habitat et les paysages sont un dernier champ d’action des centro-extrémistes, et non le moindre. Dans les années 1960, ils ont d’abord fait disparaître l’agriculture paysanne au profit de l’agriculture industrielle à l’américaine, provoquant un exode rural massif et détruisant ainsi, en quelques années, des équilibres millénaires. La classe dirigeante a également multiplié depuis soixante ans les « aménagements » destructeurs des paysages. Elle a détruit l’harmonie des villes avec les barres, les tours, les périphériques et les zones commerciales. Elle a ensuite saccagé la campagne, avec les autoroutes et les lignes TGV. En dépit de leurs discours pseudo écolos destinés à amadouer les naïfs, les extrémistes au pouvoir ne se modèrent nullement et continuent à marche forcée leur œuvre de destruction (citons par exemple, parmi les saccages du moment, l’autoroute Bordeaux-Toulouse ou le tunnel Lyon-Turin). Avec les champs d’éoliennes, ils ont trouvé le moyen d’accentuer encore le massacre de la campagne mais également de défigurer, pour toujours sans doute, les paysages marins.
Comme on le voit les politiques poursuivies par le Système n’ont rien de centriste et de modéré : elles défigurent le patrimoine naturel et paysager, déstructurent la société, nuisent aux intérêts vitaux du peuple européen de souche, détruisent les bases mêmes de la civilisation européenne. Le Système en outre ne ralentit nullement ses entreprises nihilistes : au contraire, comme on vient de le voir également, il les étend, les renforce et les systématise.
Les extrémistes au pouvoir se présentent pourtant comme modérés
Tout en menant ces politiques de bouleversement, la classe dirigeante parvient à se présenter comme le camp de la modération contre les extrêmes, le camp de la Raison contre les passions mauvaises, le camp du juste-milieu contre les extrémismes, islamistes d’une part, populistes de gauche et de droite de l’autre. A sa tête le Système place des figures souriantes à costume-cravate et bronzage ajusté, destinées à renvoyer l’image de la raison, de la mesure, de la respectabilité et de la compétence, comme Macron, Philippe, Attal, Trudeau, Biden ou encore Van der Leyen. Alors qu’ils mènent les politiques les plus extrêmes et les plus destructrices qui se puissent imaginer, les boutes-feu à la tête de la plupart des pays occidentaux réussissent à apparaître comme des dirigeants modérés et responsables : même si le contrôle presque absolu qu’il exerce sur les médias lui facilite grandement la tâche, ce tour de force du Système est particulièrement remarquable.
Pour réussir à abuser l’opinion, les centro-extrémistes tirent le plus grand parti de l’existence de l’extrême-gauche. En affirmant rejeter également extrême gauche et extrême droite, placées l’une et l’autre hors du « cercle de la Raison », le Système parvient à paraître occuper une position de juste milieu, qui sied à la majorité des électeurs, avides de modération et de concorde civile.
Or cette position de juste milieu est un mensonge et un leurre. D’abord parce que, comme on vient de le voir, loin d’être modérées, toutes les politiques et décisions du Système sont au contraire marquées par la radicalité, la démesure et l’extrémisme le plus effréné et le plus cynique. Les centro-extrémistes au pouvoir rencontrent l’opposition plus ou moins vigoureuse de l’extrême droite : en revanche, contrairement à ce qu’ils affirment, les dirigeants et gouvernants ne sont que fort peu éloignés de l’extrême gauche. Extrême gauche et extrême centre divergent sur l’économie, celle-là dénonçant le capitalisme et exigeant de celle-ci toujours plus de mesures à visée égalitaire. Les deux ailes du progressisme sont en revanche en accord sur tout le reste : l’immigration, le sans-frontiérisme, les mesures sociétales égalitaires et libertaires. Sur tous ces sujets, l’extrême gauche, certes, réclame que les avancées progressistes soient toujours plus ambitieuses et aillent toujours plus vite. Mais ce jusqu’au-boutisme sert les intérêts des centro-extrémistes : il permet là encore aux gouvernements de la classe dirigeante de se présenter en position d’arbitre entre les extrêmes, alors que sa politique va invariablement dans la direction souhaitée par l’extrême gauche. Surtout, le radicalisme de l’extrême gauche permet de mettre en avant des thèmes et des revendications qui préparent le terrain et accoutument l’opinion aux futures réformes.
L’islamisme et les attentats sont eux aussi bien utiles au Système. Ils lui offrent la possibilité de se poser en chef de guerre contre « l’islamisme radical », qu’il ne faut pas amalgamer, proclame-t-il, avec « l’immense majorité des musulmans modérés et bien intégrés ». Cette posture lui permet de poursuivre sans encombre sa politique extrémiste d’immigration massive, dont l’un des effets est au demeurant d’alimenter sans cesse l’islamisme, bouclant ainsi un cercle vicieux et diabolique.
La position que prétendent occuper les centristes sur la ligne de crête de la raison et de la modération est donc, on le voit, parfaitement usurpée et factice.
Le Système soi-disant modéré accuse d’extrémisme ceux qui s’opposent à sa politique nihiliste
Non seulement la classe dirigeante réussit à se présenter comme le camp de la modération et du juste milieu, mais elle parvient à faire peser le fardeau de l’extrémisme sur ceux qui s’opposent à sa politique de destruction.