La réforme de l’assurance chômage ne résoudra pas le problème
Recette immédiatement trouvée par M. Attal : une nouvelle réforme de l’assurance chômage et un moindre remboursement de certains frais médicaux. Marine Le Pen a aussitôt publié, sur X : « La réforme de l’assurance chômage est une escroquerie… pour renflouer les comptes de l’État qui sont en déficit à cause de l’impéritie du gouvernement. » Le Premier ministre a répliqué que M. Mélenchon et Mme Le Pen avaient le même « logiciel du tout allocation ». En réalité, c’est Mme Le Pen qui a raison. La réforme de l’assurance chômage ne résoudra pas le problème au fond. Réfléchir à un mécanisme d’indemnisation et de lutte contre le chômage plus pro-actif, avec une action de formation professionnelle forte, comme cela se pratique aux Pays-Bas et en Suède, est légitime, mais les raisons du déficit public sont autres.
Des programmes électoraux qui se résument très souvent à un catalogue de dépenses nouvelles
L’État et les collectivités locales font preuve de manque de tempérance et bien des hommes politiques pensent que gouverner, c’est dépenser toujours plus. Le personnel politique détient une lourde part de responsabilité car les programmes électoraux se résument très souvent à un catalogue de dépenses nouvelles pour séduire telle ou telle portion de l’électorat. De surcroît, bien des élus s’acharnent à offrir aux citoyens des services ou des prestations qu’ils ne demandent nullement. Tout cela crée bureaucratie, paperasserie et embauches, donc impôts. Un bel exemple est la création d’une subvention pour faire ravauder ses chaussettes ou réparer sa cafetière ! Plutôt que ponctionner les revenus des Français pour leur redistribuer ensuite une part de ces revenus, amputée des frais de gestion, en allocations pas forcément utiles ou vertueuses, il serait préférable de leur laisser la libre disposition du fruit de leur travail pour l’investir là où ils le souhaitent. D’autant que la lourde fiscalité française frappe en priorité la classe moyenne, qui est le moteur du développement économique et un facteur essentiel de la stabilité démocratique.
Trop de normes et donc trop de bureaucrates
La vraie cause du déficit réside dans la sur-administration française. D’après le Panorama des administrations publiques 2023 de l’OCDE, il y a 88 fonctionnaires pour 1.000 habitants en France, 56 en Allemagne. La part de l’emploi public représente 21 % de l’emploi total en France, 14 % en Italie et 11 % en Allemagne. Et chacun sait que la France additionne les niveaux d’administration : communes, communautés de communes, départements, régions, État, UE, et multiplie ainsi les bureaucraties et les impôts. Il y aura toujours quelqu’un pour dire : « Vous trouvez qu’il y trop d’infirmières ou d’agents de police ? » Évidemment non, mais trop de normes qui entraînent trop de bureaucrates pour les mettre en œuvre, et donc de contraintes sur la part productive de la nation.
L’incapacité à réduire les déficits publics traduit une incapacité à gouverner.
Gouverner ne se réduit pas à tenir un guichet de bienfaisance avec l’argent des autres. Gouverner, c’est avoir une ambition pour la France et les Français, c’est se projeter dans l’avenir. C’est exercer pleinement ses devoirs régaliens de sécurité extérieure et intérieure, de justice, de puissance internationale, offrir une instruction de qualité, publique ou privée, proposer un service de santé robuste, savoir libérer les énergies et les forces économiques pour créer de la richesse, condition de la sécurité matérielle des personnes et de l’État. Gouverner, c’est d’abord remplir ses devoirs de gouvernement de façon rigoureuse avant que d’inventer des motifs de dépenses supplémentaires.
Il est assez divertissant de recevoir des leçons d’économie de la part de gens qui ont porté la dette de la France à 110,6 % du PIB (INSEE 2023), soit 3.101,2 milliards d'euros, ce qui correspond à plus de 44.000 euros par habitant, et détenue à 50 % par des investisseurs étrangers, ce qui pose une vraie question de souveraineté. Les mêmes ont porté le taux d’imposition à 43,5 % du PIB (INSEE 2023), la dépense publique à 57,3 % du PIB et le déficit commercial à 99,6 milliards (douanes 2023). En ce temps pascal, cela rappelle la parabole : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil à toi ? »