Le vent semble tourner en République d’Irlande après que le Sinn Féin, le plus grand parti d’opposition du pays, a changé de position sur les propositions de lois sur le discours haineux visant à freiner la montée de la droite populiste. En outre, le parti de gauche a laissé entendre qu’il adopterait une approche à la danoise pour s’opposer aux nouvelles politiques d’ouverture des frontières de l’UE.
La semaine dernière, le Sinn Féin, a été critiqué à la fois par la gauche et par la droite lorsqu’il a indiqué qu’il ne soutiendrait plus la législation délirante, orweilienne, sur les discours de haine, en vertu de laquelle les personnes condamnées risqueraient jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Cette décision intervient alors que le Parlement irlandais avait déjà soutenu cette même législation.
Le Sinn Féin pourrait diriger un gouvernement populiste de gauche après les prochaines élections irlandaises, mais il a été secoué par de récentes manifestations populaires contre l’immigration de masse. De nombreux experts établissent un lien entre ces manifestations et le déclin du soutien électoral dont bénéficie le parti, en particulier au sein de sa base ouvrière.
Pa Daly, député du Sinn Féin, a rapidement souligné que son parti était “opposé à l’ouverture des frontières“, bien qu’il ait déjà soutenu des politiques favorables à l’immigration. Il a ajouté : “Nous pensons que l’Irlande a besoin d’un système de migration bien géré“, en relation avec les changements prévus dans les lois européennes sur l’asile. Cette déclaration fait suite à l’annonce faite par le parti, en début de semaine, de revenir sur sa position à l’égard de ces lois.
La politique irlandaise évolue rapidement. Ces dernières semaines, l’élite mondialiste de Dublin a été prise de court par la démission soudaine du Taoiseach (Premier ministre) centriste Leo Varadkar, et le futur nouveau dirigeant du pays, Simon Harris, doit mener une lutte acharnée pour être officiellement couronné comme son successeur. Dans le même temps, jeudi matin, les autorités ont arrêté plusieurs suspects dans le cadre d’une série d’incendies criminels de centres d’asile.
Le changement d’avis du Sinn Féin sur la législation relative aux discours de haine signifie que la République ne disposera probablement pas de lois sur les discours de haine de type britannique à la veille des élections générales. Les partis situés plus à gauche que le Sinn Féin n’ont pas tardé à critiquer ce changement, le chef du parti travailliste, Aodhán Ó Ríordáin, affirmant que le parti s’inspirait de la droite populiste.
Le pacte européen sur l’asile, qui vise à normaliser la politique d’asile dans l’ensemble de l’Union et à imposer des amendes aux États membres qui n’acceptent pas un quota de réfugiés, est rapidement devenu un sujet brûlant en Irlande, le Sinn Féin déclarant : “Nous n’avons tout simplement pas assez de lits dans notre système [d’asile] pour continuer à héberger des personnes qui devraient se trouver dans d’autres pays de l’UE”.
Le parti a déclaré qu’il s’opposerait également à de nombreuses mesures prévues en matière d’asile, tant au niveau de l’UE que de l’Irlande. Il a également exprimé l’espoir que l’Irlande utilise une clause spéciale codifiée dans divers traités de l’UE qui lui permet de se soustraire à certaines législations en matière d’immigration, à l’instar du Danemark.
Jusqu’à présent, les politiciens indépendants et non alignés semblent être les principaux bénéficiaires de la réaction contre l’immigration incontrôlée en Irlande, le parti centriste Fianna Fáil ayant été témoin d’une série de défections de conseillers municipaux sur la question.
S’adressant à The European Conservative, le représentant rural du Fianna Fáil, le conseiller Noel Thomas, qui a quitté le parti après avoir vu sa maison perquisitionnée par la police à la suite d’un incendie criminel dans un centre d’asile local, a déclaré que le gouvernement irlandais “était désespéré d’essayer de faire taire les opposants à ses politiques migratoires imprudentes”, ajoutant qu’il était “choquant de voir ce qui arrivait à ce pays” en ce qui concerne les tactiques musclées déployées contre ceux qui critiquaient le nombre de demandeurs d’asile.
Après une décennie de libéralisation, la République d’Irlande semble, du moins sur le plan rhétorique, en train de virer à droite, des membres importants du Fine Gael, le parti au pouvoir, ayant averti que le parti avait viré trop à gauche et qu’il devait écouter davantage le courant dominant sur les questions d’immigration et d’asile.
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