C’est beau. C’est poignant. Rassurez-vous, braves gens. La barbarie islamiste est à l’œuvre, tapie dans l’ombre ; mais les troupes d’élite de la Macronie vous protègent. D’ailleurs, Prisca Thevenot est prête à bouter l’infâme hors des frontières de notre douce France.
Seulement voilà, derrière ce « beau roman », cette « belle histoire », comme jadis chanté par Michel Fugain, il y a la réalité, un poil moins héroïque. Car de « tentative de passage à l’acte » il n’y avait pas, Prisca Thevenot ayant tout bonnement confondu avec l’arrestation d’un Égyptien de 62 ans, lié à l’État islamique, arrêté début mars alors qu’il aurait envisagé « une action violente contre Notre-Dame de Paris ». Ce qu’a illico confirmé le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin n’ayant probablement pas résisté à ce menu plaisir de mettre en difficulté la porte-parole de Gabriel Attal, qu’il ne porte pas exactement en son cœur…
Un faux attentat islamiste faussement déjoué…
Du coup, rétropédalage en direct devant les journalistes obligeant l’infortunée à bredouiller, en forme d’excuses : « Je n’ai pas dit que c’était une tentative d’attaque terroriste. […] Je n’ai sûrement pas été claire et je m’en suis rendu compte en entendant vos différentes questions. »
Ce qui ne veut évidemment pas dire que le terrorisme islamiste n'est pas une menace pour la France ; mais est-ce pour autant une raison d’abandonner un sujet aussi périlleux à celle qui fait malgré tout l’effet d’une débutante en un poste aussi prestigieux ? La question mérite d’autant plus d’être posée que, le même jour, la même Prisca Thevenot est obligée de se priver des services de son principal conseiller, paraît-il expert en « discours, prospective et opinion », un certain Alexis Bétemps.
Lui, au moins, à défaut du soupçon consistant à fomenter une « tentative de passage à l’acte< », doit répondre de ses appétences pour « les idées d’Alain Soral » et de ses « partages » de posts avec Renaud Camus, théoricien du « Grand Remplacement », tel que révélé par Libération.
Le porte-parolat élyséen abandonné à des stagiaires ?
Bref, d’un côté comme de l’autre, tout cela fleure l’improvisation la plus totale. Ce qui rappelle les heures les plus sombres du porte-parolat élyséen. Olivier Véran, le croque-mort et ses litanies funèbres du soir, expliquant que, en plein Covid, un jour, le masque ne sert à rien et, l’autre, il est indispensable. Depuis reconverti dans la médecine esthétique, il a mieux à faire : remonter seins et fesses, tandis que les sondages du saint des saints élyséen n’en finissent plus de s’affaisser.
En allant chercher plus avant, il y a encore Sibeth Ndiaye, celle qui trouvait intelligent de se rendre, en 2019 et en pyjama, au défilé du 14 Juillet. Celle qui, encore, à l’annonce de la mort de Simone Veil, tentait de répondre à la question de journalistes lui demandant si la défunte aurait droit ou non à des funérailles nationales, eut cette réponse méritant d’être gravée dans le marbre de la République : « Aucune idée. La meuf est morte il y a moins de vingt-quatre heures. »
De là à imaginer que la pétulante Sibeth Ndiaye ait confondu Simone Veil avec une des Clodettes d’un autre défunt, Claude François, ou que son piercing sur la langue ait pu rendre ses propos peu intelligibles par le commun des mortels, il n’y a qu’un pas.
Pour autant, si l’amateurisme des premiers temps de la Macronie pouvait encore s’excuser, il serait probablement temps, au second quinquennat, de laisser ce poste à de véritables professionnels de la chose au lieu de remplacer des stagiaires par des emplois aidés.
Nicolas Gauthier