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Le Sénat lève le voile sur les émeutes de juin 2023 : cette guerre civile qui vient

emeutes
Le 30 juin 2023, alors que les émeutes enflamment les banlieues dans la foulée du décès du jeune Nahel, Éric Zemmour est invité sur Europe 1 au micro de Dimitri Pavlenko, qui mentionne les scènes de chaos et de pillage. « On voit bien que nous sommes dans un des prodromes de guerre civile », commence Zemmour. « Guerre civile ?, interrompt Pavlenko. Qu’est-ce que c’est ? » « La guerre civile, ce sont les affrontements entre une partie de la population et les autorités publiques », répond Zemmour.

Un prodrome ? Le début d'une maladie, avant la crise aiguë. Daté de ce 9 avril 2024, le tout récent rapport d’information du Sénat ne décrit pas autre chose. Rédigé par une commission d’enquête présidée par le sénateur François-Noël Buffet (LR), ce texte de 282 pages ne parle pas de guerre civile ni même d’immigration. Mais il alourdit le bilan de ces jours d’émeutes et décrit une situation de pré-guerre civile.

Côté bilan des émeutes de 2023, le Sénat fait état d’un coût plus lourd encore qu’annoncé : on en était resté à plus de 700 millions d’euros. « L’estimation des dommages aux biens atteint le chiffre, colossal et en nette hausse par rapport à 2005 [aux émeutes de 2005, NDLR], d’un milliard d’euros », écrit le rapport. À elle seule, la facture des émeutes de 2023 présentée aux assureurs bondit à 793 millions d’euros. C’est... quatre fois le coût des émeutes de 2005 ! Où l'on constate que la France a pris le chemin du progrès. Les émeutes de 2023 ont, par ailleurs, fait deux morts. Et « la mission d’information évalue dans une fourchette basse à plus d’un millier le nombre de personnes blessées ». Parmi elles, « 782 agents des forces de l’ordre ». Des chiffres qui ne relèvent plus de la poussée de fièvre mais de l’affrontement. Les émeutes de 2005 avaient touché 25 départements, celles de 2023 en ont concerné 95 sur 101, ajoute le rapport… Quand on vous parle de progrès !

Un rapport décomplexé à la violence

Ce n’est pas tout. Les émeutiers s’en sont pris « aux symboles républicains », explique benoîtement le texte du Sénat. C’est-à-dire aux symboles de la France. Parmi les 2.508 bâtiments incendiés ou dégradés (bien 2.508 !) figurent 273 bâtiments des forces de l’ordre, 105 mairies et 243 écoles. Pas moins de 12.031 véhicules ont aussi été incendiés, dont de nombreux véhicules de la police. Chez ces habitants gourmands en subventions de tous ordres, l’amour du pays et de son modèle ne saute pas aux yeux…

Le profil de l’émeutier n’a, par ailleurs, rien à voir avec le miséreux sans le sous imaginé par la gauche : il a 23 ans en moyenne, un diplôme du secondaire, il est en activité. C’est un homme, pour neuf émeutiers sur dix, et un Français, pour sept émeutiers sur dix (71 %). Ce qui signifie que trois émeutiers sur dix sont étrangers… Ces émeutiers n’ont utilisé le décès du jeune Nahel que comme un prétexte, nous dit encore ce rapport, sauf une minorité d’entre eux. L’extrême gauche n’a rien manipulé. Pas de revendication politique, mais « une colère » contre les « institutions » et les « représentants de l’autorité publique », un « effet de groupe » et une « recherche d’adrénaline ». La « dimension ludique des réseaux sociaux » a aussi joué un rôle. Si on peut rigoler un peu... Tous les ingrédients d’une sédition sont là, le terreau d’une guerre civile.

Certains mots du rapport présagent ainsi d’un avenir assez sportif… « Les forces de sécurité intérieure ont fait face à des émeutiers démontrant un rapport décomplexé à la violence ainsi qu’un degré d’organisation et de désinhibition déconcertant », note le texte. Les sénateurs prennent donc la mesure de la menace et interrogent la capacité de l’État à « assurer le rétablissement rapide de l’ordre public ». Question grave. « Une telle question se pose avec une acuité renouvelée, tant le risque de nouveaux phénomènes (le cas échéant plus localisé), de violences ou d’émeutes urbaines pourrait à l’avenir se présenter très rapidement », insiste ce rapport du 9 avril. Autant dire officiellement que la France a basculé, qu’elle ne maîtrise plus ses banlieues et qu’elle est désormais assise sur une poudrière.

Sécuriser les armureries

Les sénateurs proposent ainsi de « construire un schéma national de rétablissement et de maintien de l’ordre en contexte émeutier », d’améliorer l’entraînement des forces de l’ordre face aux émeutes et de les équiper pour « des contextes émeutiers longs et protéiformes ». Cela ne sent pas le vivre ensemble dans la diversité heureuse... La mission sénatoriale préconise ainsi de produire davantage de munitions et d’armement, de moderniser les flottes de drones et de s’équiper en caméras de surveillance, « d’assurer la sécurisation des bâtiments et armureries » ou « d’améliorer la cartographie des quartiers sensibles » sans oublier de gérer la profusion des mortiers d’artifice.

Selon le Larousse, la guerre civile est une « lutte armée, au sein d'un même État, entre les partisans du pouvoir en place et une fraction importante de la population ». Après que la France a investi 117 milliards d'euros dans la politique de la ville depuis 2010, on y est.

Marc Baudriller

https://www.bvoltaire.fr/edito-le-senat-leve-le-voile-sur-les-emeutes-de-juin-2023-cette-guerre-civile-qui-vient/

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