Une défense plus que bancale
À toute cette tromperie, Juliette de Causans a une explication. « C’est le moyen que j’ai trouvé pour faire connaître notre liste, notre projet », explique-t-elle à nos confrères du Parisien, avant de développer : « Aujourd’hui, on n’a le droit qu’à trente secondes de temps de parole à la télévision. Et comme on est plus ou moins neuvième dans les sondages, c’est impossible d’obtenir une interview, on est invités nulle part dans les médias. » Sans l’admettre, tout en l’admettant, la candidate reconnaît avoir sciemment menti pour faire parler de son projet. Mais comme le disait Hugo, « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface »…
Pourtant, la candidate écologiste l’assure : « Sur cette photo, il y a des choses qui ont été enlevées, mais rien n’a été ajouté, tente-t-elle encore de se justifier, en vain. Ça a été retouché au niveau du ventre, on a du maquillage ajouté, le grain de peau uniformisé. Mais après, les traits n’ont pas été modifiés en tant que tels, que ce soit au niveau du visage ou de la poitrine, par exemple. » À l’ère de l’hyper-communication, l’enseignante a cru bon de tricher pour séduire l’électorat. À l’avenir comment expliquera-t-elle à ses élèves les mauvais fondements de la fraude ?
Les élus macronistes coutumiers de l’intelligence artificielle
Juliette de Causans n’est pas à son coup d’essai. En 2023, celle qui était alors candidate pour la majorité présidentielle aux législatives partielles, puis aux élections sénatoriales pour Europe Égalité Écologie, a déjà usé des mêmes méthodes. Toujours avec l'intelligence artificielle, la candidate avait suffisamment modifié son visage pour le rendre plus avenant et donc beaucoup moins naturel. Plus largement, la Macronie est particulièrement concernée par ses petits candidats truqueurs.
Figurant également sur une liste de la majorité présidentielle, à l’époque, Samira Herbal, candidate pour la 9e circonscription des Français de l’étranger (Maghreb), avait usé des mêmes procédés, lui donnant un visage plus fin, un teint plus clair et des cheveux plus blonds… Même chose pour la macroniste Tatiana Boteva Malo qui était candidat pour la circonscription des Français des Balkans. Moins de rides, large sourire de porcelaine, cheveux plus longs et blonds… La candidate y était, elle aussi, méconnaissable.
Ce n’est pas la première fois que des candidats ou des membres de Renaissance utilisent l’intelligence artificielle de manière peu scrupuleuse. Début janvier dernier, Loïc Signor, porte-parole du parti présidentiel, avait détourné l’adresse des vœux aux Français de Marine Le Pen, la faisant parler russe et la renommant Marine Poutine. Relevant d’une nouvelle forme de communication politique, cette utilisation de l’IA pose un certain nombre de questionnements éthiques et moraux pour l’avenir du débat démocratique.
Julien Tellier
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