Combat royaliste 19
Par Philippe Germain
L’État impérial européen n’est pas finalisé et ses piliers se fissurent déjà.
Le pilier social, l’oligarchie technocratique, est vu comme une féodalité lointaine ne prenant en considération ni le pays réel, ni ses revendications. Ce qui sécrète l’imaginaire du complot ou le « nous » devient « eux, les dominants ». Ce sentiment de fissure s’est avéré réalité lorsque le pays légal technocratique a détourné, au profit de l’Europe, le vote pourtant négatif du referendum de 2005. Ce rejet de l’oligarchie technocratique, s’ajoutant à celui de la classe politico-médiatique, profite électoralement au courant populiste. La fissure est devenue fracture entre « France périphérique » et technocratie. Le virage social-populiste de Marine Le Pen, comme pour d’autres nations, devient alors une menace de blocage parlementaire de l’Europe.
L’idéologie progressiste perd en crédibilité car « demain ne sera pas mieux qu’hier », d’autant que « l’économique d’abord » a poussé à l’importation massive d’étrangers. La Commission européenne contrôle les flux migratoires et pour de bas salaires impose un Grand remplacement démographique africain, qui se double d’un Grand remplacement civilisationnel coranique. Une fissure identitaire s’est ouverte autour du « remplacisme ». Les anti-remplacistes sont le courant national-conservateur d’Éric Zemmour augmenté d’identitaires suprémacistes, tandis que les remplacistes sont le courant progressiste gonflé de l’islamo-gauchisme prônant créolisation et racialisme. La menace permanente de cette fissure identitaire touchant d’autres nations est celle d’émeutes ethniques (2010, 2023) dans les « quartiers perdus » entraînant l’intervention de l’armée.
La croissance, relancée par la mondialisation, génère une double fissure au travers de deux courants opposés. Il y a les colères antifiscales de la classe moyenne (Bonnets rouges 2013, Gilets jaunes 2018), victime d’une mondialisation économique profitant au tiers-monde – les Gilets jaunes ne s’opposent pas à la croissance mais au fait d’en être exclus –, ainsi que le nouveau courant écologiste dont l’activisme (Notre-Dame-des-Landes 2010, Sainte-Soline 2023) déborde le gauchisme vert. Manipulé par les organisations climatophobes américaines, ce courant est désorienté car il n’assume pas son conservatisme ; sauf sa frange technophobe (site Pièces et Main-d’Œuvre, mensuel La décroissance) contestant le monde moderne incarné par l’Europe des robots. La fissure de la croissance, avec la colère de la classe moyenne et l’activisme écologiste, désaliènent peu à peu les mentalités.
La métapolitique de l’anthropologie cosmopolite a créé une fissure civilisationnelle. Les agressions sociétales ont poussé le courant catholique du pays réel à descendre massivement dans la rue. Avec le « Mariage pour tous » (2013), pour la première fois, il a résolument fait le choix de la dissidence. Ayant sans succès privilégié le débat comme mode d’expression et pratiqué la non-violence, les catholiques sont, depuis, la cible d’une succession de lois sociétales décivilisatrices. La fissure civilisationnelle s’aggravant menace de faire retrouver au courant catholique son exceptionnelle capacité mobilisatrice face à une Europe qui a refusé d’inscrire les racines chrétiennes dans sa constitution mais aussi face à une République qui a inscrit l’IVG dans la sienne.
Malgré l’allure conquérante affichée, l’État européen est fragilisé par ses fissures populiste, identitaire, croissance, civilisationnelle (2005, 2010, 2013, 2018, 2023). Ce n’est pas assez pour effondrer l’Europe.
https://www.actionfrancaise.net/2024/04/23/combat-royaliste-19/