Mes chères impertinentes, chers impertinents,
En France, nous nous égarons depuis des années, pour ne pas dire des décennies parce que nous oublions l’essentiel, et l’essentiel c’est l’essence des institutions, de nos textes fondateurs et du partage des pouvoirs.
Nous enchaînons les oublis et les incompréhensions.
Si vous demandez aux jeunes ce que veut dire l’égalité, ils vous répondront « tous pareils » !
Vous l’avez compris, on ne peut pas être tous pareils et tous libres.
Nous ne pouvons pas plus être fraternels si nous n’avons rien à partager.
Liberté, égalité et fraternité sont des idées parfaitement expliquées et définies notamment dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. On y explique que la liberté est le régime général, l’interdiction l’exception. On y explique le nécessaire consentement à l’impôt qui doit être juste et proportionné. On y explique aussi ce que l’égalité veut dire et l’égalité ne signifie pas que nous devrions être tous pareils, avec les mêmes revenus.
Je voulais partager avec vous quelques réflexions entre philosophie et politique sur ce sujet et sur notre devise républicaine.
La Déclaration des droits de l’homme en réalité entérine les différences ! Elle les consacre et c’est fondamental de le rappeler.
Article 1er
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »
On parle ici d’égalité en « droit’ pas en capacité, en argent ou en talents !
Article 6
« La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».
Là encore le texte fondateur des droits de l’homme consacre les différences. L’immense changement c’est que les places, les dignités, les emplois publics doivent pouvoir être tenus par tous en fonction de leurs vertus et talents, des vertus et talents dont certains sont plus pourvus que d’autres ! Il y a même induit ici une recherche d’excellence. On veut des gens vertueux et talentueux. Pas des gros nuls sans vertu et sans talent.
Je n’ose vous parler enfin de l’article 14.
Article 14
« Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ».
Nous avons le droit de constater par nous-mêmes mes amis ce que nos vedettes de Bercy et des palais font de notre argent.
C’est même un devoir de le faire.
Ce serait dans un pays fonctionnel avec une démocratie efficiente, notamment le rôle d’une presse libre. C’est aujourd’hui le rôle de modestes indépendants comme moi qui osons encore réfléchir. Non pas « contre » mais « pour » un avenir meilleur pour chacun de nous, et plus important encore pour nos enfants.
Liberté, Egalité, Fraternité.
Vous pouvez aller lire cette déclaration des Droits de l’homme (source ici)
A ce stade de la réflexion, il est important de dire, que dans cette déclaration, il n’y a rien sur la fraternité… alors que la constitution de 1848 (il y en a eu plusieurs) en parlait.
Que disait-elle ?
« La République a pour principe, la Liberté, l’Égalité et la Fraternité » (article 4 du préambule de la Constitution de 1848).
« Les citoyens doivent concourir au bien-être commun en s’entraidant fraternellement les uns les autres » (article 4 du préambule).
« La République doit par une assistance fraternelle assurer l’existence des citoyens nécessiteux, soit en leur procurant du travail dans les limites de ses ressources, soit en donnant, à défaut de la famille, des secours à ceux qui sont hors d’état de travailler ». (article 8 du préambule).
La République ne doit pas un RSA. La République ne doit pas des tickets de rationnement sous la forme de chèques restaurants, rentrée, Noël, etc… Ce n’est plus la République, mais le régime des chèques. Un système qui commence à distribuer les tickets de rationnement est un système en échec. Un système défectueux.
La constitution de 1948 avait parfaitement compris cela en expliquant que :
« La République doit par une assistance fraternelle assurer l’existence des citoyens nécessiteux, soit en leur procurant du travail dans les limites de ses ressources, soit en donnant, à défaut de la famille, des secours à ceux qui sont hors d’état de travailler ».
On parle ici de donner un travail. Pas des subsides pour ne rien faire.
On parle d’aider uniquement si la famille ne peut y pouvoir, seulement ceux qui ne peuvent pas travailler.
La fraternité ce n’est pas l’assistanat.
La solidarité pas plus.
Le droit à la paresse n’existe pas et doit être combattu, car on ne redresse pas un pays sans travailler, sans ambition, sans exigence.
Ces trois principes de la Liberté, l’Égalité et la Fraternité, ne peuvent fonctionner que si chacun reste équilibré.
Aucun d’eux ne doit prendre le pas sur l’autre.
Si la fraternité devient forcée par des impôts confiscatoires alors il n’y a plus de liberté. Si l’égalité est bafouée sur les droits d’accès aux fonctions, alors nous recréerons une oligarchie, une nouvelle noblesse qui hérite de ses privilèges. L’égalité n’est pas l’égalité des ressources ou de l’argent. C’est légalité d’accès aux fonctions. D’où l’importance de « l’ascenseur social ». D’où l’importance de la sélection, du travail, qui reconnait les talents de tous d’où qu’ils viennent. D’où l’importance… de l’école et de l’instruction gratuite pour chacun.
Au départ, se trouve l’école.
L’égalité des droits, l’égalité des chances, c’est l’école ambitieuse pour chacun des enfants de France où qu’ils se trouvent sur notre territoire.
Nous sommes passés du pays des lumières, aux pays des paresseux.
Voilà pour ce premier volet de réflexion sur l’égalité, la liberté et la fraternité. Une belle devise, désormais inexistante dans les faits.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
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