Alors nous y voilà. Les regards des Parisiens, voire des Franciliens et même des Français sont supposés se focaliser sur la baignade de Mme Hidalgo, en maillot de bain (on pense) dans la Seine le 23 juin.
Se baigner dans la Seine était interdit depuis 1923 à cause de la pollution et des dangers de noyade. Mme Hidalgo veut ainsi capter l’attention sur son geste de transgression: plonger dans la Seine. Autrefois, quand nous étions enfants, le plongeon dans un fleuve était signe de stupidité, de servilité ou de conformisme: « Et si on te dit de plonger dans la Seine, tu vas le faire? » [Pour moi, c’était plutôt la Garonne…] D’ailleurs, la transgression apparente de Mme Hidalgo sent le conformisme à plein nez, celui du grand troupeau bêlant de satisfaction, prêt à l’accompagner, au moins mentalement, dans son plongeon. Mais surtout, nous nageons dans la politique spectacle comme on dit: le geste emblématique et narcissique, destiné à attirer les regards sur une personne et à le détourner de l’essentiel. Le 23 juin, les médias auront les yeux rivés sur le plongeon de la Dame. Personne ne songera à l’horreur des 93 viols survenus dans les rue de la capitale en 2023, à la dette de 8, 2 milliards € de la ville (doublement en 10 ans), au loyer moyen de 1599€ pour un deux pièces, à la hausse de la taxe foncière de 52% en 2023, au 5 millions de rats (plus de deux par habitants) qui ont proliféré, signe de la saleté de la ville, et le déclin démographique parisien (- 12400 habitants/an), ni même au désastre de science po, cette école jadis emblématique de l’excellence parisienne. Voilà à quoi sert la politique spectacle, mais ce n’est qu’un exemple. Au niveau de la France, c’est exactement la même chose: diarrhée verbale des plus hauts dirigeants, gesticulations quotidiennes, boulimie cérémonieuse, débats télévisés, etc.
MT