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La Russie européenne souhaite se rapprocher de la France et de l’Europe

 « La création d’un mode de collaboration entre l’Union Européenne et la Russie favoriserait un règlement plus rapide des problèmes économiques, techniques et contribuerait à la création d’un espace économique commun. La coopération entre la Russie et l’Union Européenne s’avère être un élément clé, un pont entre l’Europe et la Chine, ainsi qu’entre les régions asiatiques et pacifiques ; l’américanisation du monde est impossible ; la création d’un monde unipolaire est chimérique. L’essentiel est d’élaborer les contours d’un nouvel ordre mondial et de définir les concepts sur lesquels il doit se fonder ».

Mikhail Gorbatchev

« L’interdépendance entre la Russie et l’Europe est déjà largement dans les faits. Au point que, pour la première fois depuis longtemps, nous pouvons imaginer, au moins sur le plan économique, une communauté de destin avec la Russie. »

(Francis Mer, ministre des Finances)

« Le monde commercial va s’organiser en grandes zones : la zone des Amériques et la zone asiatique. ll faut qu’il y ait un pendant européen. »

(Guillaume Sarkozy)

« Si l’Europe ne prend pas conscience de la nature réelle de la mondialisation, elle risque de devenir d’ici peu un sous-traitant industriel, voire un désert. »

(Laurent Fabius)

« Si à une certaine époque, la réconciliation historique de la France et de l’Allemagne fut l’une des conditions de base de l’intégration ouest-européenne, aujourd’hui, c’est le partenariat entre la Russie, l’Allemagne et la France qui constitue le facteur positif majeur de la vie internationale et du dialogue européen.

Je suis profondément convaincu que la Grande Europe unie de l’Atlantique à l’Oural, et de fait jusqu’à l’Océan Pacifique, dont l’existence repose sur les principes démocratiques universels, représente une chance exceptionnelle pour tous les peuples du continent, pour le peuple russe notamment. (…) Le peuple russe a toujours eu le sentiment de faire partie de la grande famille européenne, à laquelle se rattachent les mêmes valeurs culturelles, morales, spirituelles(…) Nul ne remet en question l’importance des relations partagées entre l’Europe et les États-Unis. Toutefois, je pense que l’Europe peut assurer à long terme sa réputation de centre puissant et politiquement indépendant si elle parvient à associer ses ressources avec celles de la Russie… avec les ressources naturelles, humaines et territoriales… avec le potentiel économique, culturel et de défense de la Russie. »

(Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie, devant le Bundestag allemand, le 25 septembre 2001)

Une Russie européenne

Poutine, natif de Saint-Pétersbourg qui parle allemand couramment, est un Européen visionnaire à la tête d’une puissance eurasiatique. Un ministre de la culture russe a pu déclarer que la Russie devait renforcer son statut de « gardienne de la culture européenne, des valeurs chrétiennes et de la civilisation authentiquement européenne », valeurs mises à mal par l’occidentalisation. La Russie est clairement devenue un réservoir de valeurs, un modèle pour une Europe malade et décadente.

La Russie est bel et bien un pays européen et asiatique par sa géographie, mais c’est en Europe que se situe Moscou, son centre de décisions. C’est pourquoi nous avons un avenir commun, la Grande Europe, que certains, outre-Atlantique pour des raisons impérialistes, et que d’autres, à l’est de l’Europe pour des raisons historiques, essaient de diviser.

La Russie avec la Sibérie, plus grande à elle seule que les États-Unis, est européenne par ses origines slaves et vikings, par son histoire, par sa religion, ses auteurs, ses musiciens célèbres et sa civilisation.

La Russie veut et doit se tourner vers l’Europe

Selon Natalia Soljenitsyne, l’épouse du grand écrivain disparu, « Poutine prend ses décisions en fonction des limites imposées et des circonstances. Il a d’indéniables capacités politiques. S’il était parvenu à s’entendre avec l’Ouest, il ne fait aucun doute qu’il aurait considéré cette relation comme primordiale. Mais cela ne s’est pas produit. Qui est responsable ? Je suis personnellement persuadée que l’Occident porte une vraie part de responsabilité et a fait beaucoup d’erreurs. Si les Occidentaux menaient une ouverture, Poutine saisirait cette chance »[1].

Il est un malentendu fondamental qu’il est urgent d’évacuer, maintenant que la Russie semble définitivement décomplexée, c’est celui qui porte sur la perception réciproque de l’Europe et de la Russie. L’Europe a élaboré, au travers de tâtonnements douloureux et à la suite de deux Guerres mondiales, un système dont elle pense que les autres pays ne peuvent qu’aspirer à en adopter les valeurs et les normes. De son côté, la Russie considère qu’elle appartient à une civilisation spécifique, qui procède de l’Europe et de l’Asie et qu’elle a déjà poussé plus loin que quiconque l’expérimentation d’un monde soi-disant meilleur, avec le communisme, idéologie utopique européenne importée. Elle cherche donc à perfectionner son propre modèle plutôt que d’adopter l’actuel modèle décadent, irréaliste et droit-de-l’hommiste d’un ensemble voisin. La Russie respecte la civilisation européenne dont elle pense être une composante importante, mais pas l’Union européenne qui lui semble être une construction bancale.

Prise dans le cercle hostile que l’OTAN tente de refermer sur elle, en butte à des sanctions de la part des pays européens, la Russie tente de briser peu à peu son isolement par la voie diplomatique et par une politique maîtrisée d’interventions extérieures (Syrie, Iran et Libye).

« Nous sommes déterminés à promouvoir l’intégration eurasiatique sans l’opposer à d’autres projets d’intégration, dont le solide projet européen. Nous nous basons sur le principe de notre complémentarité réciproque, et nous continuerons de travailler avec nos amis européens en vue de mettre au point un nouvel accord de base », a pu affirmer, fin 2019, le maître du Kremlin.

Poutine n’a pas d’autre solution, face à la Chine trop forte, que de parier sur l’Europe. Le nouveau tsar sait que les Chinois sont très durs en affaire, qu’ils lui enlèvent son pétrole avec un rabais de 20 %, sous prétexte de « leur amitié ». Il sait également que l’Empire du Milieu n’a pas oublié la signature des traités inégaux qui lui ont fait perdre, entre autres, Vladivostok. Il sent que les Chinois ont un appétit secret pour la Sibérie. La Russie ne sera jamais à l’aise avec la Chine, alors qu’elle peut parfaitement s’intégrer à l’Europe. Les jeunes élites de Moscou ne rêvent que de cela. Elles y sont prêtes culturellement.[2]

La Russie, avec l’OTAN américain à l’Ouest, la Chine à l’Est et l’Islam au Sud, souhaite se rapprocher d’une vraie Europe européenne. (à suivre)

Marc Rousset– Auteur de Notre Faux-Ami l’Amérique/ Pour une Alliance avec la Russie – Préface de Piotr Tolstoï- 369p -Editions Librinova -2024

[1] Natalia Soljenitsyne : « L’Occident n’est plus le compas d’autrefois » – p.17- Le Figaro du 22 novembre 2019

[2] Renaud Girard – « Entre la Chine et l’Europe, la Russie doit choisir » – p.19 – Le Figaro du 3 septembre 2019

http://marcrousset.over-blog.com/2024/05/la-russie-europeenne-souhaite-se-rapprocher-de-la-france-et-de-l-europe.html

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