À quelques encablures du scrutin du 9 juin, nous nous rapprochons d'une échéance qui risque de se révéler capitale.
Le résultat devra sans doute être évalué au niveau européen, où on peut espérer un basculement vers les diverses droites. Qu'elles soient cataloguées conservatrices ou étiquetées nationalistes, elles bénéficient toutes du rejet par les peuples de l'immigration incontrôlée, ressentie comme une invasion. Reléguant aussi les excès délirants de l'écologie politique elles sont dénoncées comme "populistes". Ce mot ne veut rien dire mais il convient aux logiciels surannés de nos commentateurs agréés.
Le recul souhaitable des éco-extrémistes et autres forces de gauche pourrait donc transformer les équilibres au sein du parlement européen et de la Commission.
Mais c'est particulièrement en France qu'il faut s'attendre à un début de secousse tellurique et aux conséquences du rejet de l'illusion macronienne.
Le déclassement de la dette française par l'agence de notation Standard & Poor's, connue ce 31 mai dans la soirée, a vocation en effet à ébranler la confiance. Certains milieux appuyaient, plus ou moins ouvertement depuis 2017 le président actuel. Ils considéraient comme suffisante la présence inamovible des deux principaux ministres issus des rangs chiraquiens et sarkozystes. Tant que Le Maire aux Finances et Darmanin a l'intérieur ont pu donner à certains l'illusion d'une stabilité économique sociale et du maintien de l'ordre public [dans les beaux quartiers] on pouvait se croire tranquille à l'Élysée. "Cet heureux temps n'est plus".
De telles évolutions ne sauraient être tenues pour surprenantes. Paradoxalement rien n'assure que la mauvaise nouvelle de la dégradation de la note financière entraîne obligatoirement, en elle-même, des conséquences matérielles directement considérables. Tant qu'il existera une demande mondiale d'investissement de liquidités dans des obligations d'État, les gens de Bercy parviendront sans doute encore à placer leurs emprunts, de plus en plus onéreux. Ainsi, la classe politique continuera-t-elle de croire acheter la paix sociale, de faire bénéficier les immigrants même illégaux de notre généreuse législation et de subventionner le secteur public, tout ceci à crédit.
La formulation ésotérique de la notation, AA- succédant à AA ne fait à cet égard qu'obscurcir un peu plus le commentaire et la compréhension du grand public.
Le point le plus important porte cependant sur la perte de confiance financière. Or, celle-ci se manifeste à l'encontre d'un gouvernement qui n'a plus guère pour se prévaloir qu'une imaginaire réputation internationale, et pas seulement sur le terrain économique. Tout en gargarisant sa propagande d'une prétendue dimension européenne, la Macronie agace de plus en plus ses 26 partenaires : nous en ressentirons obligatoirement les effets.
L'isolement grandissant de la France macronienne, en Europe comme dans le reste du monde reflète à cet égard un effondrement interne.
Certes la gestion de Monsieur "Quoi qu'il en coûte", portée par son ministre de l'Économie, n'est pas seule en cause si depuis plus de 40 ans, la dette de la France en pourcentage de son produit intérieur brut s'est multipliée par 5,5 passant de 20 % à 110 %. Depuis le traité de Maastricht, aucun des engagements de Paris n'ont été tenus
Il se trouve que l'actuel locataire de Bercy ne disposant plus d'aucune marge de manœuvre, ne peut plus guère faire illusion.
Bruno Le Maire était certain en vue de la présidentielle de 2017, d'être désigné comme candidat des droites à la présidentielle. Il obtint un glorieux 2,38 % aux primaires du 20 novembre 2016, et seulement 10,2 % dans le département de l'Eure qu'il représentait à l'Assemblée nationale. Il disait alors « mon problème c'est mon intelligence ». Il analyse aujourd'hui la situation de la façon suivante : « La raison principale de cette dégradation, c’est que nous avons sauvé l’économie française »
Ainsi ce 1er juin toujours satisfait de lui-même, le ministre des Finances glorifiait son action sur BFM. Il s'exprimait donc dans les termes suivants, dépourvus d'ambiguïté et encore plus d'humilité : « J’ai sauvé les usines, j’ai sauvé les restaurateurs, j’ai sauvé les hôteliers, j’ai sauvé le monde de l’événementiel, j’ai sauvé des emplois, des compétences, la filière aéronautique ».
Le bilan est-il ressenti de la même manière par beaucoup d'électeurs ? Nous le mesurerons bientôt.
JG Malliarakis
https://www.insolent.fr/2024/06/les-consequences-dun-declassement.html