Pascal Praud
Toutes les critiques qui préludent aux Jeux olympiques cessent le jour où les épreuves commencent. C’est une règle que j’ai observée depuis toujours et que j’ai répétée à l’envi à ceux qui doutaient du succès des Jeux à Paris
L’événement balaie tout. Je me souviens d’Albertville en 1992. Le biathlon était devenu sport national en quelques heures. Étienne Mougeotte avait chamboulé la grille de l’antenne pour que TF1 devienne 100 % olympique. Il connaissait le public et devinait que les Français se passionneraient pour des sports qu’ils ne regardent pas d’habitude. Le judo, l’escrime ou l’équitation ont peu d’importance dans cet enthousiasme. Ce sont d’abord des histoires d’hommes et de femmes, de gloire ou de regret, de joies et de larmes. Léon est devenu le plus beau prénom de France. Clarisse Agbégnénou a arraché le bronze quand elle espérait l’or. Elle a pleuré. Et nous avec elle.
Les Jeux transforment le plomb en or. Il existe une France joyeuse et légère. Elle remplit les gradins dans un décor que Haussmann, Eiffel, Garnier et tant d’autres ont dessiné depuis des lustres.
Le sport est-il réac ?
Je m’amuse à penser que les Jeux olympiques reposent sur deux ou trois piliers que l’époque récuse 350 jours sur 365. Les athlètes représentent un drapeau et portent les espoirs d’un pays. Les supporters expriment une passion nationale. Le bleu, blanc, rouge flotte au vent sans que personne crie au fascisme. Le stade est le dernier endroit où il est permis de célébrer la France sans arrière-pensées.
Les JO reconnaissent aussi la différence naturelle qui existe entre les hommes et les femmes au point qu’ils ne luttent pas ensemble. Excepté l’invraisemblable combat entre la boxeuse algérienne Imane Khelif et son adversaire italienne Angela Carini, qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Je remarque enfin que le sport olympique chante les louanges de la hiérarchie. Il y a des sportifs qui sont meilleurs et d’autres qui sont moins bons. Il y a des médailles d’or et d’autres en chocolat. En ces temps de relativisme où tout se vaut, cet éloge du classement est une anomalie.
La presse, unanime, célèbre chaque matin ce qu’elle combat à longueur d’année. Cette conversion à la différence naturelle, à la sélection darwinienne et à la patrie reconnaissante fait ma joie.
Je lis ces éditorialistes qui en font des tonnes pour expliquer qu’il y aura un avant et un après-JO, que rien ne sera plus comme avant, que la France est unie, fraternelle, réconciliée etc., etc. Ils servent une version nouvelle du black-blanc-beur, fadaise à laquelle ils ne croient sans doute pas mais qu’ils déclinent à longueur d’articles avec l’énergie de monsieur Coué. Ces JO sont une parenthèse enchantée. C’est déjà ça.
Seine, Cène et scène
Une semaine après la cérémonie d’ouverture, l’encre a coulé sous les ponts de la Seine. Philippe Katerine a demandé pardon aux chrétiens pour être apparu en Dionysos bleu sous cloche. Entre excuses et mea culpa, il s’est dit « désolé si ça a pu choquer, parce que ce n’était pas l’intention ». Sur CNews, Charlotte d’Ornellas a trouvé les mots justes : « On peut se définir par autre chose en permanence que d’attaquer ce que les autres ont de sacré. »
Le prologue des JO a manqué d’humour. Thomas Jolly a tiré le spectacle vers le Grand-Guignol. Il a surligné les messages. Certains ont vu créativité et intelligence quand il ne s’agissait que de convenances et de poncifs. Attaquer la religion chrétienne ne rélève pas de l’audace la plus folle.
J’avais aimé l’esprit des Anglais à Londres en 2012. Élisabeth II arrivait dans le stade, escortée par James Bond. Mister Bean interprétait avec le London Symphony Orchestra Les Chariots de feu composé par Vangelis. J’ai préféré la légèreté de Londres à la provocation de Paris. And last but not least, Thomas Jolly a mis en scène une histoire de France sans évoquer une seule seconde Charles De Gaulle. Monsieur Jolly ignore l’homme qui a dit non et sauvé deux fois la France.
Source : Journal du dimanche 4/8/2024
http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2024/08/04/panem-et-circenses-6509421.html