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Dédollarisation et nécessaire retour à l’étalon-or (1)

« L’or, une réserve de valeur internationale et non plus une relique barbare »
Titre d’un rapport du FMI (27 janvier 2023)
« Il y a une raison pour laquelle le magicien dispose d’une étrange capacité à créer de la monnaie à partir de rien. Derrière lui se tient un homme avec un fusil »
David Graeber, écrivain, professeur, figure de proue du mouvement Occupy Wall Street
« Celui qui parie sur les monnaies en papier parie contre 6 000 ans d’histoire »
Charles de Gaulle
« L’or n’est la dette de personne »
John Pierpont Morgan, célèbre banquier et financier américain

Qu’est-ce que la dédollarisation ? C’est le recul de la domination du dollar dans les échanges commerciaux mondiaux et dans les réserves de change des banques centrales. La dette américaine insoutenable, et la propension des États-Unis à utiliser leur monnaie comme arme, incitent de nombreux pays à trouver le moyen d’échapper au joug de la première puissance financière, bancaire, monétaire et boursière mondiale.
Si le dollar venait à s’effondrer, ce serait un bouleversement considérable de l’ordre mondial qui ne serait pas qu’économique : les États-Unis perdraient l’un des principaux leviers de leur impérialisme politique et militaire. Le dollar est un instrument de puissance, un outil d’exportation du droit américain dans le monde. Le Système actuel est basé sur des « monnaies papier », celle du dollar principalement, qui ne sont pas convertibles en or ou en actifs tangibles. De Gaulle s’est toujours battu pour le retour à l’étalon-or, afin de briser le monopole du dollar, source d’inflation, de laxisme monétaire et d’hyper-endettement des États.

L’endettement exorbitant des États-Unis et de l’ensemble du monde : source première de la faiblesse du dollar

Les 950 milliards de billets verts détenus à l’étranger et les 7000 milliards de dollars de bons du Trésor américain achetés par les banques centrales étrangères pour placer leurs réserves en devises et financer les déficits budgétaires américains abyssaux, deviennent des placements de plus en plus risqués, d’autant plus que la dette publique des États-Unis vient de dépasser le chiffre monstrueux de 31 500 milliards de dollars, soit environ 100 % du PIB (32 349 milliards de dollars en 2022) .
Si les taux d’intérêt augmentent trop, les États-Unis, tout comme la France et l’Italie, seront en faillite, et ce sera la chute du dollar, le krach du siècle des siècles à Wall Street. Avec des taux actuels peu élevés, les États-Unis doivent déjà payer 600 milliards de dollars en intérêts, soit deux fois le budget de l’Etat français, pour leur dette. « Le privilège exorbitant du dollar », déjà dénoncé par le général de Gaulle, Jacques Rueff et Valéry Giscard d’Estaing en 1964, car il permet de se financer à volonté avec de la monnaie émise par la Federal Reserve américaine ou avec les bons du Trésor américains détenus par les banques centrales étrangères et les créanciers étrangers.
Le problème est d’autant plus grave que depuis l’abandon le 15 août 1971 par Nixon de la convertibilité du dollar en or, des taux de changes fixes et l’introduction des taux de changes flottants, tous les États se sont dispensés d’une discipline budgétaire saine pour se lancer dans une politique d’hyper-endettement. Selon le grand expert international Egon von Greyerz, depuis que le lien entre le dollar et l’or a été supprimé en 1971, l’endettement mondial a été multiplié par 80 ! Le résultat des courses, c’est qu’aujourd’hui la dette globale des États atteint le chiffre faramineux en temps de paix de 300 000 milliards de dollars, soit 360 % du PIB mondial d’un montant de 85 000 milliards de dollars. En 1970, la dette globale s’élevait à 100 % seulement du PIB mondial. Le monde hyper-endetté, les États-Unis et le dollar reposent donc sur un volcan, sur une pyramide de Ponzi.

Le déclin du dollar comme monnaie commerciale dans le monde

« Qui a décidé que le dollar serait la devise du commerce, après la fin de la convertibilité en or » interrogeait le président brésilien Lula en avril 2023 ? La part de la facturation du dollar, plutôt stable à 50 % pendant deux décennies, se dirige aujourd’hui vers les 40 %. Les exportations des États-Unis ne représentent plus en 2022 que 8,29 % des exportations mondiales (Chine 14,43 %).
La Russie et le Monde islamique discutent de l’abandon du dollar ; les règlements mutuels entre la Russie et l’Iran se font désormais en rials et en roubles. L’Inde paie le pétrole et gaz russe en roubles et règle parfois le pétrole des Émirats arabes unis en roupies. Dans les échanges commerciaux de la Russie avec les pays de l’OCS, la part du rouble a dépassé 40 %. « L’abandon du dollar et de l’euro par la Russie est irréversible », a pu dire le Président de la banque russe VTB.
10 % des échanges commerciaux mondiaux se font déjà en yuans. La Chine, le Brésil ont décidé de se facturer en yuans et reais. La Chine paie le pétrole et le gaz iranien en yuans. L’Argentine a abandonné le dollar au profit du yuan pour payer ses importations chinoises. TotalEnergies a livré du GNL, en mars 2023, à la Chine payé en yuans.
Le petit Ghana a même osé s’affranchir, en novembre 2022, de la monnaie du monde, en payant son pétrole en or et non plus en dollars.

Le déclin du dollar dans les réserves des banques centrales et la fin prochaine du dollar-roi

Il se passe actuellement avec le dollar ce qui s’est passé avec la livre sterling dans les années 1920-1930. Après le premier chant du cygne de la non-convertibilité en or en 1971, on assiste à une diminution progressive et accélérée des réserves en dollars dans les banques centrales. Le billet vert représente environ 58 % des réserves mondiales en devises contre 73 % en 2001, alors qu’il était la « réserve hégémonique incontestée ».
La machine est lancée ; les États-Unis avec leurs prétentions à l’extraterritorialité de leur droit et de leur monnaie ont scié la branche « dollar » sur laquelle leur hégémonie économique et politique est fondée. Selon l’ancien député américain Ron Paul « le système du dollar va s’effondrer en raison de l’interventionnisme US ». Les nations européennes devraient en prendre conscience et revendiquer leur indépendance, afin d’éviter de sombrer avec le vieillissant « nouveau monde ».
L’euro, autour de 20 % des réserves mondiales, va aussi fortement décliner puisque l’Europe n’a pas eu l’intelligence de laisser les États-Unis faire tout seuls leur guerre à la Russie par Ukraine interposée. Au lieu de s’envoler, ce que souhaitaient les Russes au départ, prêts à jouer la carte de l’euro, la monnaie européenne va continuer de décliner de plus en plus fortement.
Le Yuan chinois, pour l’instant, n’a pas de prétentions comme monnaie de réserve car il est sous contrôle strict des mouvements de capitaux. La Chine devrait continuer à diminuer ses réserves en dollars qui s‘élevaient à 3200 milliards de dollars en 2021, dont 1100 milliards de bons du Trésor américain (850 miliards seulement en 2023). (à suivre)

Marc Rousset – Auteur de « Notre Faux Ami l’Amérique / Pour une Alliance avec la Russie -Préface de Piotr Tolstoï – 370p – Librinova – 2024

http://marcrousset.over-blog.com/2024/08/dedollarisation-et-necessaire-retour-a-l-etalon-or-1.html

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