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Il y a 400 ans, l’apothéose de Richelieu, le plus grand serviteur de la France

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Quel homme de pouvoir extraordinaire a été Armand Jean du Plessis, plus communément appelé le cardinal de Richelieu! Consacré à Dieu en tant qu’ecclésiastique, M. de Luçon, comme il est surnommé, sut user de stratagème, de malice, de charme et d’intelligence afin de s'élever à la plus haute place du royaume de France, juste derrière le roi Louis XIII. Cette longue ascension s'acheva il y a exactement 400 ans, le 13 août 1624.

« Ce jeune homme sera un grand fourbe »

Richelieu commence son aventure politique loin de Paris et de la cour. Issu d’une famille aux origines poitevines, il se doit de faire l’honneur, la gloire et la fortune des siens. Pour cela, sa destinée l’oblige à devenir évêque de Luçon. Se rendant à Rome en 1607 afin d’obtenir la bénédiction papale, il ment sur son âge. En effet, un évêque ne pouvait pas avoir moins de 26 ans. Or, Armand du Plessis n’a que 21 ans. Révélant la vérité à Paul V après avoir été béni, le Saint Père aurait dit alors : « Ce jeune homme sera un grand fourbe. »

Devenu homme d’Église, Richelieu veut maintenant devenir homme d'État. Profitant de sa charge influente, il se rapproche du cercle des amis de la régente Marie de Médicis et devient l’un de ses conseillers vers 1615. Seulement, tout cela est risqué car les relations entre le roi et sa mère sont des plus compliquées. En effet, Louis XIII, souhaitant régner pleinement et sans contrainte, décide en 1617 de supprimer l’un de ses ministres et favoris de la régente : Concino Concini. Ce meurtre est le signal de la disgrâce pour Marie de Médicis et ses proches, dont Richelieu. Le jeune roi triomphant n’hésite pas à le souligner lorsqu’il le croise dans les couloirs du Louvre : « Me voilà délivré de votre tyrannie, M. de Luçon. » Débute alors pour Armand du Plessis une courte traversée du désert aux airs d’exil.

« Le plus grand serviteur et le meilleur maître »

Rapidement, il est rappelé en 1619 afin de résoudre la guerre qui couve entre le roi de France et l’ancienne régente, cette dernière ayant pris la tête d’une rébellion aristocratique. Se transformant en homme de paix, Richelieu réussit, après d’âpres négociations et de nombreux échecs, à réunir mère et fils au château de Brissac en 1620 pour une véritable réconciliation. Pour ces actes, notre évêque de Luçon est récompensé de la pourpre cardinalice et finit même par rentrer au Conseil du roi avant d’en prendre la tête, le 13 août 1624. En ce « jour d’éternelle mémoire », selon Philippe Erlanger, le cardinal de Richelieu comprend que son « séjour parmi les Grands révoltés lui a prouvé, depuis, l’impossibilité de rien bâtir autrement que par le Roi, avec le Roi ». Ainsi, en répondant à l’hommage que lui fait Louis XIII en le désignant comme « le plus grand serviteur de la France », Richelieu remercie avec fidélité celui qui est « le meilleur maître du monde ».

Trois objectifs : la noblesse, le protestantisme et l’Europe

Devenu le deuxième homme du royaume de France derrière son souverain, le nouveau chef du Conseil du roi va alors s’efforcer de « changer la face de l’Europe et permettre à la France d’atteindre son apogée ». Pour cela, sa politique s’oriente vers trois axes majeurs : discipliner une noblesse trop encline à se révolter contre son monarque, combattre un protestantisme trop apte à faire alliance avec les ennemis de la France et briser l’emprise des Habsbourg sur l’Europe.

Pour atteindre ces objectifs, Richelieu devient un homme de guerre. Pour mater l’aristocratie rebelle, il ordonne sans ménagement la destruction de 2.000 châteaux forts afin d’empêcher que ces places fortes ne soient des repaires imprenables de félons à la couronne. Contre le protestantisme, Richelieu mène une guerre sans merci car, selon lui, dans ses Mémoires« c'était chose certaine que tant que le parti des huguenots subsisterait en France, le Roi ne serait absolu dans son Royaume ». Le plus beau et le plus violent exemple de cette campagne est le siège victorieux de La Rochelle protestante en 1628. Enfin, pour lutter contre les Habsbourg, le cardinal, au crépuscule de sa vie, envoie les armées du royaume conquérir l’Artois et le Roussillon. Comme une victoire et un héritage posthume pour Richelieu, après son décès en 1642, le traité de Westphalie est signé en 1648. Ce dernier, concluant la guerre de Trente Ans, permet à la France d’acquérir une partie de l’Alsace mais aussi d’affirmer son influence en Europe.

Ainsi, la longue ascension puis les plans politiques d’Armand du Plessis permirent de préparer le règne glorieux de Louis XIV qui, comme son père, sut se faire accompagner et conseiller par l’héritier de M. de Luçon : Jules Mazarin.

Eric de Mascureau

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