Une authenticité qui ne fait aucun doute
L’authenticité et la véracité des documents en provenance du ministère polonais des affaires étrangères, rendus publics par le gouvernement allemand, ne font désormais absolument aucun doute.
Charles C. Tansill, professeur d’histoire diplomatique des États-Unis à l’université de Georgetown, les considérait comme authentiques. « … J’ai eu une longue conversation avec M. Lipsky, l’ambassadeur de Pologne à Berlin au cours des années d’avant-guerre, et il m’a assuré que les documents du Livre Blanc allemand étaient authentiques, » a-t-il écrit8, 1982), p. 184 (note 292) — ouvrage traduit en français par le Saker francophone. Tansill a également cité plusieurs de ces documents dans son ouvrage Back Door to War, pp. 450-51.] Harry Elmer Barnes, historien et sociologue, a confirmé cette évaluation : « Le professeur Tansill et moi-même avons établi de manières indépendantes la pleine authenticité de ces documents »9 Dans « America’s second cruisade, William H. Chamberlin a rapporté : « J’ai été informé par une source extrêmement fiable que Potocki, qui réside désormais en Amérique du Sud, a confirmé la véracité des documents, pour autant qu’il puisse en juger. »10
Chose plus importante, Edward Raczynski, l’ambassadeur de Pologne à Londres entre 1934 et 1945, a confirmé l’authenticité des documents dans son journal personnel, publié en 1963 sous le titre In Allied London. Pour la journée du 20 juin 1940, il écrivit :
Les Allemands ont publié au mois d’avril un Livre Blanc contenant des documents en provenance des archives de notre ministère des affaires étrangères, constitués par des rapports envoyés par Potocki depuis Washington, par Lukasierwicz à Paris, et par moi-même. Je ne sais pas où ils les ont trouvés, car on nous a affirmé que les archives avaient été détruites. Les documents sont absolument authentiques, et les reproductions montrent que pour la plupart, les Allemands ont mis la main sur les originaux, et pas sur de simples copies.
Dans cette « première suite » de documents, j’ai trouvé trois rapports envoyés depuis mon Ambassade, deux produits par moi-même et le troisième signé de ma main mais écrit par Balinski. Je les ai lus avec appréhension, mais ils ne contenaient aucun élément propre à me compromettre ou à compromettre l’Ambassade, ou à nuire à nos relations avec nos hôtes britanniques11
En 1970, leur authenticité a été confirmée de nouveau avec la publication de Diplomat in Paris 1936-1939. Cet ouvrage important constitue de documents et mémoires officielles de Juliusz Lukasiewicz, l’ancien ambassadeur de Pologne à Paris, qui fut l’auteur de plusieurs des rapports diplomatiques secrets rendus publics par le gouvernement allemand. Le recueil a été publié par Waclaw Jedrzejewicz, ancien diplomate polonais, et ancien membre du cabinet polonais, puis professeur émérite aux universités de Wellesley et de Ripon. Le professeur Jedrzejewicz considérait les documents rendus publics par les Allemands comment absolument authentiques. Il en a cité abondamment plusieurs.
M. Tyler G. Kent a également prodigué des assurances quant à l’authenticité de ces documents. Il affirme que lorsqu’il travaillait pour l’ambassade des États-Unis à Londres, en 1939 et en 1940, il a vu des copies de messages diplomatiques étasuniens dans les fichiers, qui correspondaient aux documents polonais, et qui confirmaient leur véracité.
Deux diplomates clés
Deux diplomates étasuniens qui jouèrent des rôles particulièrement centraux dans la crise européenne de 1938-1939 sont mentionnés de manière répétée dans les documents polonais. Le premier d’entre eux est William C. Bullitt. Bien que son poste officiel fût celui d’ambassadeur en France, il s’occupait dans les faits d’un champ d’activités bien plus vaste. Il était le « super envoyé » de Roosevelt et son adjoint personnel en Europe.
Comme Roosevelt, « il venait de chez les riches ». Il était né d’une importante famille de banquiers de Philadelphie, membres du gratin de la ville. Le grand-père de sa mère, Jonathan Horwitz, était un Juif allemand qui avait immigré aux États-Unis depuis Berlin12 En 1919, Bullitt avait été l’un des assistants du président Wilson à la conférence de paix de Versailles. La même année, Wilson et Lloyd George, le premier ministre britannique, l’avaient envoyé rencontrer Lénine en Russie pour déterminer si le nouveau gouvernement bolchevique méritait une reconnaissance de la part des Alliés. Bullitt avait rencontré Lénine et d’autres hauts dirigeants soviétiques, et avait à son retour exhorté à ce que le nouveau régime fût reconnu. Mais il se disputa avec Wilson et quitta les services diplomatiques. En 1923, il épousa Louise Bryant Reed, la veuve du dirigeant communiste John Reed. En Europe, Bullitt collabora avec Sigmund Freud sur une biographique psychanalytique de Wilson. Lorsque Roosevelt devint président en 1933, il fit revenir Bullitt dans les sphères diplomatiques13.
Au mois de novembre 1933, Roosevelt envoya Bullitt à Moscou comme premier ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union soviétique. Son enthousiasme initial pour le système soviétique laissa la place à une profonde méfiance envers Staline et le communisme. En 1936, le président le muta à Paris. Il y joua le rôle de diplomate clé de Roosevelt en Europe jusqu’en 1940, lorsque la montée au pouvoir de Churchill en Grande-Bretagne et la défaite de la France firent tomber son rôle spécial en désuétude.
Au printemps 1938, tous les envoyés étasuniens en Europe étaient subordonnés à Bullitt en vertu d’une directive intérieure au département d’État14 Alors que la situation en Europe empirait en 1939, Roosevelt échangeait souvent avec son homme de Paris par téléphone, parfois quotidiennement, et lui donna fréquemment des instructions précisément détaillée et ultra-confidentielles sur la ligne à suivre en matière de politique étrangère étasunienne. Le secrétaire d’État Cordell Hull lui-même restait sans avoir connaissance de nombre des lettres et communications échangées entre Bullitt et Roosevelt.
En France, nota la New York Times, Bullitt « était acclamé comme « l’ambassadeur au champagne » en raison de la somptuosité de ses réceptions, mais il était bien plus que l’envoyé à Paris : c’était le conseiller intime de Roosevelt sur les affaires européennes, avec accès par téléphone au président à toute heure. »15
Bullitt et Roosevelt étaient attachés l’un à l’autre et étaient d’accord sur tout en matière de politique étrangère. Les deux hommes étaient des aristocrates et des internationalistes patentés, qui partageaient des opinions tranchées sur la manière de refaçonner le monde, et la conviction selon laquelle ils avaient pour destinée de faire survenir cette grande réorganisation.
« Entre ces coéquipiers, » rapporta le Saturday Evening Post au mois de mars 1939, existe une amitié étroite et chaleureuse ainsi qu’une grande affinité de tempéraments. On sait que le président écoute le jugement de Bullitt avec une telle attention que les rapports envoyés par câble et par courrier par l’ambassadeur depuis l’étranger sont complétés plusieurs fois par semaine par une conversation téléphonique transatlantique. En outre, Bullitt retourne aux États-Unis plusieurs fois par an pour prendre part à des conseils de la Maison-Blanche, au déplaisir du département d’État, qui le considère comme une prima donna.
Dans le long répertoire du département d’État, le président n’aurait pas pu trouver un conseiller qui aurait été aussi réactif à sa propre personnalité de champagne que Bullitt. Les deux hommes, des praticiens nés, avaient le même enthousiasme fondamental à l’idée de refaçonner la société16
En Europe, Bullitt parlait avec la voix et l’autorité du président Roosevelt en personne.
Le second diplomate le plus important d’Europe était Joseph P. Kennedy, l’ambassadeur de Roosevelt auprès de la Cour de St. James. Comme Bullitt, c’était un riche banquier. Mais hormis cela, ce catholique de Boston aux ascendants irlandais était un homme très différent. C’était pour des raisons purement politiques que Roosevelt avait envoyé en Grande-Bretagne Kennedy, une figure importante du parti démocrate et père d’un futur président. Roosevelt détestait Kennedy et n’avait pas confiance en lui, et ce sentiment crut au fur et à mesure que Kennedy s’opposa aux politiques guerrières du président avec de plus en plus de véhémence. Qui plus est, Kennedy détestait son homologue de Paris. Dans une lettre à son épouse, il écrivit : « Je parle occasionnellement à Bullitt. Il est plus râleur que jamais. Son jugement est pathétique et je crains son influence sur FDR car ils se ressemblent à bien des égards. »17
Les documents
Voici des extraits conséquents tirés directement des documents polonais. Nous les produisons ici par ordre chronologique. Ils sont remarquablement lucides pour des rapports diplomatiques, et leur contenu est tout à fait éloquent
Le 9 février 1938, l’ambassadeur de Pologne à Washington, le comte Jerzy Potocki, rapporta au ministre des affaires étrangères en poste à Varsovie le rôle tenu par certains Juifs dans l’établissement de la politique étrangère étasunienne :
La pression exercée par les Juifs sur le président Roosevelt et sur le département d’État se fait de plus en plus puissante…
… Les Juifs sont actuellement les premiers à créer une psychose de guerre qui pourrait plonger le monde entier dans la guerre et provoquer une catastrophe générale. Cette humeur se fait de plus en plus apparente.
Dans leur définition des États démocratiques, les Juifs ont également créé un véritable chaos : ils ont mélangé l’idée de démocratie et de communisme, et ont par-dessus tout élevé la bannière de la haine brûlante contre le nazisme.
Cette haine est devenue frénétique. Elle est propagée partout et par tous les moyens ; dans les théâtres, au cinéma, et dans la presse. Les Allemands sont dépeints comme une nation vivant sous l’arrogance de Hitler qui veut conquérir le monde entier et noyer l’ensemble de l’humanité dans un océan de sang.
Au cours de conversations avec des représentants de la presse juive, je me suis élevé de manière répétée contre la vision inexorable et convaincue selon laquelle la guerre serait inévitable. Cette communauté juive internationale exploite tous les moyens de propagande pour s’opposer à toute tendance vers toute forme de consolidation et d’entente entre les nations. De cette manière, l’opinion publique aux États-Unis se trouve de manière régulière mais certaine imprégnée de l’idée selon laquelle les Allemands et leurs satellites, sous la forme du fascisme, sont des ennemis qui doivent être mâtés par le « monde démocratique ».
Le 21 novembre 1938, l’ambassadeur Potocki envoya un rapport à Varsovie, discutant en détail une conversation tenue entre Bullitt et lui, l’ambassadeur des États-Unis en France se trouvant à ce moment-là à Washington :
Avant-hier, j’ai eu une longue conversation avec l’ambassadeur Bullitt, qui se trouve ici en vacances. Il a commencé par remarquer que des relations amicales existaient entre lui et Lukasiewicz, l’ambassadeur [de Pologne] à Paris, dont il appréciait beaucoup la compagnie.
Comme Bullitt informe de manière régulière le président Roosevelt sur la situation internationale en Europe, et surtout au sujet de la Russie, ses rapports font l’objet d’une très forte attention de la part du président Roosevelt et du département d’État. Bullitt parle énergiquement et dit des choses intéressantes. Néanmoins, sa réaction aux événements en Europe ressemble davantage à celle d’un journaliste qu’à celle d’un homme politique…
Au sujet de l’Allemagne et du chancelier Hitler, il s’est exprimé avec une grande véhémence et une forte haine. Il a affirmé que seule la force, et en fin de compte la guerre, pourraient mettre fin à l’avenir insensé de l’expansionnisme allemand.
Lorsque je lui ai demandé comment il visualisait la guerre en approche, il a répondu que par-dessus tout, les États-Unis, la France et l’Angleterre devaient pratiquer un réarmement colossal pour se trouver en position de s’opposer à la puissance allemande.
Ce n’est qu’alors, lorsque le moment sera propice, a poursuivi Bullitt, que l’on sera prêt pour la décision finale. Je lui ai demandé de quelle manière un conflit pourrait se déclencher, puisque l’Allemagne n’attaquerait sans doute pas l’Angleterre et la France en premier. Je ne parvenais simplement pas à voir le point de connexion dans toute cette combinaison.
Bullitt a répondu que les pays démocratiques avaient absolument besoin de deux années de plus avant d’être pleinement réarmés. Dans l’intervalle, l’Allemagne aurait sans doute poursuivi son expansion en direction de l’Est. Il relèverait du désir des pays démocratiques qu’un conflit armé éclaterait là-bas, à l’Est, entre le Reich allemand et la Russie. Comme on ne connaît pas encore la force potentielle de l’Union Soviétique, il se pourrait que l’Allemagne se soit trop éloignée de sa base, et soit condamnée à mener une guerre longue et affaiblissante. Ce n’est qu’alors que les pays démocratiques attaqueraient l’Allemagne, déclara Bullitt, et la contraindraient à capituler.
En réponse à ma question de savoir si les États-Unis participeraient à une telle guerre, il a répondu « Oui, indubitablement, mais uniquement après que la Grande-Bretagne et la France y seront entrées ! » Le sentiment aux États-Unis est tellement intense contre le nazisme et l’hitlérisme qu’une psychose règne déjà parmi les Étasuniens, semblable à celle qui précéda la déclaration de guerre des États-Unis contre l’Allemagne en 1917.
Bullitt ne donnait pas l’impression d’être très bien informé sur la situation en Europe de l’Est, et il s’exprimait d’une manière plutôt superficielle.
Le rapport du 9 janvier 1939, envoyé par l’ambassadeur Potocki depuis Washington, traitait en grande partie de l’allocution annuelle du président Roosevelt face au Congrès :
Le président Roosevelt agit suivant l’hypothèse que les gouvernements dictatoriaux, par-dessus tout ceux de l’Allemagne et du Japon, ne comprennent qu’une politique de force. Par conséquent, il a décidé de réagir à tout nouveau choc en y répondant. Ceci a été démontré par les mesures les plus récentes adoptées par les États-Unis.
Le grand public étasunien est sujet à une propagande plus alarmante que jamais, qui est sous influence juive et qui évoque de manière continuelle le spectre du danger de la guerre. De ce fait, les États-Unis ont fortement changé de vision sur les problèmes de politique étrangère, en comparaison avec l’année passée.
Parmi tous les documents de ce recueil, le plus révélateur est sans doute le rapport secret envoyé par l’ambassadeur Potocki le 12 janvier 1939, traitant de la situation intérieure aux États-Unis. Ce rapport est ici reproduit dans son intégralité :
Le sentiment qui prévaut désormais aux États-Unis est marqué par une haine croissante du fascisme et, par-dessus tout, du chancelier Hitler et de tout ce qui a trait au nazisme. La propagande est principalement entre les mains des Juifs qui contrôlent quasiment à 100% la radio, les films, et la presse quotidienne et périodique. Bien que cette propagande soit extrêmement grossière et présente l’Allemagne sous un jour aussi sombre que possible — par-dessus tout, les persécutions religieuses et les camps de concentrations sont exploités — cette propagande est néanmoins extrêmement efficace, car le public est ici complètement ignorant et ne sait rien de la situation en Europe.
Actuellement, la plupart des Étasuniens considèrent le chancelier Hitler et le nazisme comme le plus grand mal et le plus grand danger menaçant le monde. La situation ici fournit une excellente plateforme pour les orateurs publics de toutes sortes, pour les émigrés d’Allemagne et de Tchécoslovaquie qui ne ménagent aucun mot pour inciter le public ici par toutes les formes de diffamation. Ils font l’éloge de la liberté aux États-Unis, qu’ils opposent aux États totalitaires.
Il est intéressant de noter que dans cette campagne extrêmement bien préparée actuellement menée par-dessus tout contre le national socialisme, la Russie soviétique est presque complètement exclue. Si elle est jamais mentionnée, ce n’est que de manière amicale et les choses sont présentées comme si la Russie soviétique travaillait avec les États démocratiques. Grâce à la propagande bien pensée, la sympathie du grand public étasunien est complètement acquise à la cause de l’Espagne rouge.
Outre cette propagande, on est en train de créer artificiellement une psychose de guerre. On affirme au peuple étasunien que la paix en Europe ne tient plus qu’à un fil, et que la guerre est inévitable. Dans le même temps, on affirme sans équivoque au peuple étasunien qu’en cas de guerre mondiale, les États-Unis devront également prendre une part active pour défendre les slogans de la liberté et de la démocratie dans le monde.
Le président Roosevelt a été le premier à exprimer de la haine contre le fascisme. Ce faisant, il répond à deux desseins : tout d’abord, il tenait à détourner l’attention du peuple étasunien des problèmes politiques intérieurs, surtout le problème de la lutte entre le capital et le travail. Deuxièmement, en créant une psychose de guerre et en répandant des rumeurs au sujet d’un danger menaçant l’Europe, il voulait amener le peuple étasunien à accepter un énorme programme d’armement qui dépasse les besoins de défense des États-Unis.
Au sujet du premier point, il faut dire que la situation intérieure sur le marché du travail ne fait constamment qu’empirer. On dénombre aujourd’hui douze millions de chômeurs. Les dépenses fédérales et les dépenses des États augmentent jour après jour. Seules les sommes colossales, qui se comptent en milliards, que le trésor débourse pour des projets de travaux d’urgence, maintiennent un certain niveau de paix dans le pays. Jusqu’ici, on n’a assisté qu’aux habituelles grèves et aux habituels désordres locaux. Mais nul ne peut prédire combien de temps ce type d’aide gouvernementale pourra être maintenu. L’effervescence et l’indignation de l’opinion publique, et le grave conflit qui oppose d’une part les entreprises privées et les énormes trusts, et d’autre part les forces du travail, ont créé de nombreux ennemis face à Roosevelt et lui font passer de nombreuses nuits d’insomnie.
Pour ce qui concerne le second point, je ne peux qu’affirmer que le président Roosevelt, en acteur politique avisé et expert de la mentalité étasunienne a rapidement détourné l’attention du public de la situation intérieur pour l’arrimer à la politique étrangère. La manière d’y parvenir a été simple. Il fallait, d’un côté, conjurer une menace de guerre pesant sur le monde à cause du chancelier Hitler, et de l’autre côté, créer un spectre en émettant divers bruits au sujet d’une attaque des États totalitaires contre les États-Unis. Les accords de Munich se sont présentés au président Roosevelt comme un cadeau du ciel. Il les a décrits comme une capitulation de la France et de l’Angleterre face au militarisme allemand belliqueux. Comme les gens le disent ici : Hitler a contraint Chamberlain sous la menace des armes. Par conséquent, la France et l’Angleterre n’avaient d’autre option que de conclure une paix honteuse.
La haine, répandue contre tout ce qui est d’une manière ou d’une autre relié au nazisme allemand est encore enflammée par la politique brutale menée en Allemagne contre les Juifs et par le problème des émigrés. Divers intellectuels juifs ont pris part à cette action : par exemple, Bernard Baruch ; Lehman, gouverneur de l’État de New York ; Felix Frankfurter, juge récemment nommé à la Cour Suprême ; Morgenthau, le secrétaire au Trésor, et d’autres qui sont des amis personnels du président Roosevelt. Ils veulent que le président devienne le champion des droits de l’homme, de la liberté de religion et de la liberté d’expression, et l’homme qui à l’avenir punira les fauteurs de trouble. Ces groupes de personnes qui occupent les positions les plus élevées au sein du gouvernement étasunien et qui veulent se faire passer pour les représentants du « vrai américanisme » et les « défenseurs de la démocratie » sont, dans la dernière analyse, reliés par des liens indissolubles à la communauté juive internationale.
Pour cette internationale juive, qui est préoccupée par-dessus tout par les intérêts de sa race, dépeindre le président des États-Unis comme le champion « idéaliste » des droits de l’homme a constitué une action très avisée. De cette manière, ils ont créé un foyer dangereux pour la haine et l’hostilité dans cet hémisphère, et divisé le monde en deux camps hostiles. L’ensemble du sujet est travaillé de main de maître. Roosevelt s’est vu remettre les bases de l’activation de la politique étrangère étasunienne, et dans le même temps, s’est procuré d’énormes stocks militaires pour la guerre qui approche, à laquelle les Juifs aspirent de manière très consciente. Au sujet de la politique intérieure, il est très pratique de détourner l’attention du public de l’antisémitisme, qui connaît une croissance constante aux États-Unis, en parlant de la nécessité de défendre les religions et la liberté individuelle contre l’agression.
Le 16 janvier 1939, Potocki, ambassadeur de Pologne, rapporta au ministère des affaires de Varsovie une autre longue conversation qu’il eut avec l’envoyé personnel de Roosevelt, William Bullitt :
Avant-hier, j’ai eu une plus longue discussion avec l’ambassadeur Bullitt à l’Ambassade, où il est venu me rendre visite. Bullitt repart le 21 du mois courant pour Paris, d’où il a été absent depuis presque trois mois. Il va faire le voyage avec tout un « coffre » empli d’instructions, de conversations et de directives de la part du président Roosevelt, du département d’État, et de Sénateurs appartenant au comité des affaires étrangères.
En parlant avec Bullitt, j’ai eu l’impression qu’il avait reçu de la part du président Roosevelt une définition très précise de l’attitude adoptée par les États-Unis envers la crise européenne actuelle. Il va présenter ces éléments au Quai d’Orsay [Le ministère français des affaires étrangères] et en fera usage au cours de discussions avec les hommes politiques européens. Le contenu de ces directives, comme Bullitt me les a expliqués au cours d’une conversation qui a duré une demi-heure, étaient :
- La vitalisation de la politique étrangère sous la direction du président Roosevelt, qui condamne sévèrement et sans ambiguïté les pays totalitaires.
- Les préparations des États-Unis pour la guerre sur mer, sur terre et dans les airs seront menées à une cadence accélérée et vont consommer la somme colossale de 1 2500 milliards de dollars
- L’opinion décidée du président est que la France et la Grande-Bretagne doivent mettre fin à toute sorte de compromis avec les pays totalitaires. Elles ne doivent pas entrer dans des discussions visant à une forme ou une autre de changement territorial.
- Elles disposeront de l’assurance morale que les États-Unis vont abandonner la politique d’isolement et seront prêts à intervenir activement aux côtés de la Grande-Bretagne et de la France en cas de guerre. Les États-Unis sont prêts à mettre à leur disposition toute leur richesse sous forme d’argent ou de matières premières.
Juliusz (Jules) Lukasiewicz, ambassadeur de Pologne à Paris, envoya un rapport top secret au ministère des affaires étrangères de Varsovie au début du mois de février 1939, exposant la politique des États-Unis vis-à-vis de l’Europe, conformément à ce qui lui avait expliqué William Bullitt :
Il y a une semaine, l’ambassadeur des États-Unis, William Bullitt, est rentré à Paris après un séjour de trois mois aux États-Unis. Depuis lors, j’ai eu avec lui deux conversations, qui me permettent de vous informer de sa vision au sujet de la situation en Europe, et d’établir une évaluation de la politique suivie par Washington.
À suivre