Interrogé dans Le Figaro, Nicolas Sarkozy, qui souhaite que LR participe au gouvernement, déclare :
[…] Analysons la situation politique à la lumière des deux derniers scrutins, les européennes et les législatives anticipées. La France est de droite, sans doute comme elle ne l’a jamais été. Une droite qui ne doit pas être conservatrice, une droite qui doit porter les valeurs du travail, du mérite, de l’ordre, de l’autorité, de la promotion sociale. Quand le président de la République dit qu’il ne souhaite pas nommer un représentant du Nouveau Front populaire parce qu’il serait immédiatement censuré par le Parlement, il a raison. […]
Comment jugez-vous l’alliance d’Éric Ciotti avec le RN ?
Je n’ai jamais voulu d’alliance avec le Front national ni le Rassemblement national. Mais à l’inverse, je n’ai jamais voulu tomber dans la diabolisation. La droite doit gagner par elle-même et regarder avec une grande franchise les problèmes du quotidien auxquels les Français sont confrontés. Ce qu’a fait Éric Ciotti, ce n’est pas le choix d’une alliance mais d’une absorption compte tenu de la force du Rassemblement national. Je ne vois pas l’intérêt de monter sur le porte-bagages d’une moto conduite par Mme Le Pen. Quand j’ai été candidat, jamais Mme Le Pen ni son père n’ont été au second tour, c’est d’ailleurs bien pourquoi elle avait appelé à me faire battre face à François Hollande. Ce que nous avons fait dans le passé, d’autres peuvent le faire maintenant.
Comment analysez-vous la puissance du front républicain ?
Elle m’a surpris. Mais ce que l’on peut dire, c’est que ce front républicain n’a pas amené de clarté. J’ai été étonné de voir certains responsables dits de droite appeler à voter pour le Parti communiste plutôt que le RN. Est-ce que je l’aurais fait ? Non. Je pense que la bonne solution était de ne choisir ni l’un, ni l’autre. Il est faux de dire que Marine Le Pen est plus dangereuse que Jean-Luc Mélenchon. […]
Autre urgence pour les Français : la sécurité. À Mougins, un gendarme a été tué lors d’un refus d’obtempérer par un homme déjà condamné dix fois par la justice. Sa veuve accuse la France d’avoir «tué son mari». Que vous inspire sa réaction ?
La prise de parole de cette femme était bouleversante d’émotions et de vérité. Dans ma longue carrière, les quatre années où j’étais le plus heureux furent celles au ministère de l’Intérieur. Mon lien avec les policiers et les gendarmes a toujours été très profond : je les aime et je les admire. Je n’accepte pas les attaques honteuses qu’ils subissent au quotidien. Mais, disons la vérité : lorsque j’ai imposé les peines planchers, on m’a qualifié de fasciste, de dictateur. C’était pourtant la réponse aux multirécidivistes : quand un délinquant arrivait devant le tribunal, il n’était plus jugé pour sa dernière infraction mais pour «l’ensemble de son œuvre». Quelle a été la première décision de M. Hollande ? Supprimer les peines planchers. Quand la gauche a été au pouvoir, elle a démantelé l’arsenal sécuritaire que nous avions mis en place. Avec les peines planchers, le meurtrier de Mougins n’aurait vraisemblablement pas été en liberté. Donc quand on dit que rien n’a été fait depuis 50 ans, c’est un mensonge. Car la droite et la gauche, en matière de sécurité, ce n’est pas la même chose. […]