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[SATIRE À VUE] Édouard Philippe réveille François Hollande

Capture d’écran © TMC
Capture d’écran © TMC
Édouard Philippe n'avait pas terminé de se déclarer candidat à la prochaine présidentielle que, déjà, un doigt se levait derrière lui. Au bout du doigt, un bras ; au bout du bras, un homme d'une certaine rondeur. Mais qui était-ce donc ? Après dissipation du brouillard entourant le quartier de l'Élysée, la presse reconnaissait François Hollande. Il avait entendu tous les mots prononcés par le maire du Havre. Eh bien, figurez-vous que « Édouard Philippe n'était pas le seul à imaginer que cela puisse venir plus tôt ». À Tulle, aussi, on avait senti qu'Emmanuel Macron pourrait rendre son tablier avant la fin de son mandat. De par sa situation en altitude, la ville permet de voir venir les événements les plus inattendus.

Attiré par cette analyse foudroyante, les journalistes se pressent autour de l'ex-Président normal. Et, donc ? Que ferait-il, dans le cas d'une présidentielle anticipée ? Il serait... il serait... « Non, je ne l'envisage pas aujourd'hui », précise François Hollande. Non, sans façon. Pas le temps. Trop de projets. Des tas de rendez-vous. Non, vraiment.

Non... mais... peut-être...

Le micro s'éloigne, les caméras sont rangées dans les valises. La pluie se met à tomber. Ah, que de souvenirs ! Galvanisé par cette averse soudaine, l'homme ajoute : « Je ne l'écarte pas non plus. » Retour des micros et caméras. Il n'envisage pas d'être candidat mais pourrait l'être ! Du « en même temps » de cette pureté mérite d'être développé. Irait-il jusqu'à se présenter en demandant aux électeurs de ne pas voter pour lui ? François Hollande n'en dira pas davantage. La profondeur du message ne peut être perçue par le commun des mortels. Il refuse tout mais n'écarte rien. Pour le moment, une préoccupation le ronge : l'indécision dont le Président fit preuve. Ces politiques qui ne savent pas exprimer clairement leur choix le déprime : « Il y a un problème, chez le président de la République, c'est son rapport à la décision. »

À sa place, l'affaire était rondement menée. Dans la demi-heure, Xavier Barnier-Cazeneuve était nommé, écarté, réintégré. Du travail d'orfèvre. Lui Président ? Jamais ! Sauf en cas d'intempérie. Président du Havre, à la rigueur. Une place pourrait se libérer. Le climat, la brume. Oui, il pourrait en être. Gardien de phare, pourquoi pas ?

Seul, abandonné des journalistes partis du côté de Matignon, François Hollande poursuit ses divagations. Il pourrait s'auto-renverser et devenir député corrézien à la place de lui-même. Son monologue se perd dans la fraîcheur du soir. Cette fois-ci, c'est décidé, il sera le point de repère incontournable des journalistes dans les moments où Emmanuel Macron tergiverse. Vice-hésitant, porteur du « en même temps » par intérim. À moins que... sous réserve de... Les lecteurs compléteront les pointillés selon leur sensibilité politique.

Jany Leroy

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