Interrogé vendredi dernier par Le Figaro, l'ex-diplomate a levé le voile sur les incroyables privilèges accordés par la France à une certaine caste algérienne. Il cite une correspondance datant de 2007 entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Bernard Kouchner et Mourad Medelci, qui exempte de visas tous les détenteurs algériens de passeports diplomatiques. « Or en Algérie, les passeports diplomatiques sont diffusés très largement à toute la nomenclature algérienne : les diplomates, mais aussi les militaires, les politiques, leurs familles… Ils ont des passeports diplomatiques à vie !, explique Xavier Driencourt. Toute la nomenclature algérienne peut venir en France sans visa, avec un simple passeport diplomatique, pour se faire soigner et faire leurs affaires. »
Conscient des enjeux actuels, le diplomate ne s’en tient pas au simple constat, mais se veut aussi force de proposition. Il suggère ainsi d’utiliser les largesses de l’État français comme moyen de pression dans certains dossiers. « Si on voulait envoyer un signal au système algérien, on commencerait par dénoncer cet accord, glisse-t-il. Le ministre des Affaires étrangères peut le faire sans même l’autorisation du président de la République… » À bon entendeur !
Un privilège aussi ancien qu’extravagant
Cet avantage accordé à une certaine élite est symptomatique de l’attitude française à l’égard de l’ensemble de la population algérienne. Une générosité XXL induite par les accords du 27 décembre 1968 qui comprennent de nombreuses dispositions dérogatoires, très avantageuses y compris par rapport aux accords conclus avec d’autres pays comme le Maroc ou la Tunisie : regroupement familial accéléré, conditions d’intégration dans la société française assouplies, visas étudiants généreusement attribués, régularisation des clandestins facilitée… Alors que l’Algérie s’est rapidement assise sur les rares devoirs qui lui avaient été fixés par les accords d’Évian, la France continue d’arroser d’aides et de privilèges exorbitants son ancienne colonie.
C’est en réalité dès l’indépendance, en 1962, que la France s’est crue tenue d’accéder aux demandes les plus extravagantes de l’État maghrébin. Des aides financières massives et régulières ont été versées à l’Algérie après l’indépendance, pour un total de 8 milliards de nouveaux francs rien que pour la période 1962-1969. Une générosité qui ne s’est, hélas, jamais démentie.
Aujourd’hui, ce qu’il n’est pas exagéré de nommer le « privilège algérien » continue de produire ses effets. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 18% de l’ensemble des titres de séjours sont détenus par des Algériens (devant le Maroc et la Tunisie), plus de 40% des Algériens de plus de 15 ans vivant en France sont chômeurs ou inactifs (soit trois fois plus que les Français) ; 50% des ménages immigrés d’origine algérienne en France vivent en HLM (soit presque quatre fois plus que les ménages non-immigrés).
En résumé, les Algériens sont sous-contributeurs à la richesse nationale, mais surconsommateurs de différents dispositifs de solidarité mis en place par notre si généreux pays. Stop ou encore ?