Roland Hélie
Directeur de Synthèse nationale
Les mois que nous venons de vivre ont été riches en événements. Qu’il s’agisse des deux grandes élections du début de l’été, de la grotesque et coûteuse mascarade censée honorer la culture française lors de l’ouverture des JO ou encore l’interminable tragi-comédie de laquelle est sorti finalement le très consensuel Michel Barnier (qui, à l’heure où j’écris ces lignes, n’a toujours pas arrêté la composition de son gouvernement), sans oublier la multiplications des actes de violence liés, pour une bonne part, au trafic de drogue ou à l’absence totale d’inhibition chez un certain nombre d’individus issus de l’immigration… Tous les indices de la putréfaction avancée du Système se trouvent réunis. Après sept années de "macronie", la France est profondément divisée
Pourtant, notre Patrie mérite bien mieux que ce pitoyable tableau barbouillé par des décennies de gouvernance mondialiste (dont Macron et sa clique ne sont, en fait, qu’un des chaînons).
Dans ce numéro, nous abordons le naufrage de la "maison Macron", la crise gouvernementale, le grave problème de la dette, la déplorable (à bien des égards) "cérémonie" d’ouverture des JO ou encore le jeu du pouvoir avec le feu face à la guerre en Ukraine... Dans cet éditorial, je ne m’étendrai pas sur ces divers sujets mais je reviendrai, si vous le voulez bien, sur les élections européennes et législatives.
Les élections européennes d’abord…
Leurs résultats ont confirmé que la France est désormais divisée en trois "blocs" politiques. D’une part, un marais central (ou centriste) en pleine déconfiture, incarné par la "macronie" et ses satellites (LR résiduels, nostalgiques d’Édouard Philippe et autre Modem…). D’autre part, une gauche extrême aux forts relents marxistes, boboïsée à souhait, qui, hélas, s’en tire mieux que prévu. Et face à ces deux "syndicats d’intérêts", une droite nationale toujours aussi divisée mais qui profite amplement du mouvement dextrogyre qui se développe actuellement dans toute l’Europe.
En ce qui nous concerne, si nous ne pouvons que nous féliciter de voir la droite nationale et identitaire se renforcer en France, la tournure qu’ont prise les choses au lendemain des élections européennes nous laisse pour le moins dubitatifs.
Dans notre précédente livraison (Synthèse nationale n°66, printemps 2024), nous expliquions pourquoi nous appelions à voter pour la liste Reconquête! conduite par Marion Maréchal. Nous pensions (et nous continuons à le penser) que l’émergence d’une force d’équilibre au sein de la droite nationale française était une nécessité, et que le résultat de Marion (si celui-ci dépassait la barre fatidique des 5%) permettrait à son parti d’alors, Reconquête!, d’incarner cette "seconde force". L’objectif a été atteint (la liste R! faisant 5,5%), mais, très vite, la maladie infantile de la droite d’idées, à savoir la "scissionite", a pris le dessus. Dès le lendemain des européennes, Marion Maréchal rompait avec Éric Zemmour et suscitait une énorme déception au sein de l’appareil militant de Reconquête! Comme toujours, en pareilles circonstances, chacun y est allé de son couplet accusateur. Dans un souci d’apaisement, nous ne nous étendrons pas sur cette séquence regrettable. Et il est trop tôt pour savoir si Reconquête! s’en remettra…
Quoi qu’il en soit, l’analyse exposée au printemps dernier dans notre revue reste toujours d’actualité. En France, si l’on veut gagner, il faut rassembler plusieurs forces derrière soi (en leur temps, le PS avec le PC et le MRG, le RPR avec l’UDF et le CNI et, plus récemment, Macron avec le Modem de François Bayrou). Reconquête!, dès sa création en décembre 2021, s’était imposé comme un parti conséquent (le score honorable d’Éric Zemmour à la présidentielle de 2022 l’a confirmé), capable de devenir, si l’on en croit sa volonté maintes fois répétée de réaliser l’union des droites, un partenaire suffisamment crédible pour le RN dans sa marche vers le pouvoir. Mais le problème du Rassemblement national, c’est qu’il pense pouvoir triompher seul. D’où la captation de Marion. Captation qui risque fort d’hypothéquer dans l’avenir les relations entre les deux principales composantes de la droite nationale.
…et les législatives ensuite.
Les répercussions de cette crise puérile n’ont pas tardé à arriver. Le capricieux Macron ayant dissout l’Assemblée nationale sans réfléchir un instant à l’imbécilité de sa décision, de nouvelles législatives ont dû être organisées à la va-vite, compte tenu de la saison estivale qui commençait et des Jeux olympiques qui approchaient.
En quelques jours, le parti zémourien, écarté d’un accord potentiel avec le RN, s’est retrouvé dans l’obligation, s’il voulait accéder à la reconnaissance publique des partis politiques (et au financement public), de présenter un maximum de candidats. Quant au RN, il se devait d’être présent partout.
On connaît la suite de l’histoire : Reconquête! a pu déposer 330 candidatures et le RN, allié aux LR "dissidents" d’Éric Ciotti, présenter des candidats dans presque toutes les circonscriptions. Résultats : 143 députés au Palais Bourbon pour ces derniers et un Reconquête! laminé par le "vote utile" mais qui sauve néanmoins les meubles en atteignant les conditions lui donnant droit au financement d’État…
Reste à savoir, maintenant, ce que va faire le RN… On se souvient, en effet, de ses dérives hasardeuses lors de la précédente législature. Mais ne lui faisons pas ici, par avance, un mauvais procès d’intention…
Nul ne sait de quoi demain sera fait…
Pour le moment, la France a un Premier ministre mais toujours pas de gouvernement. Celui-ci (si l’on en croit Michel Barnier) aura enfin été constitué lorsque ce numéro paraîtra … Deux mois après la démission de Gabriel Attal ! Macron, l’apprenti sorcier, aura bien pris son temps pour régler la crise gouvernementale qu’il a lui-même créée !
Une chose est sûre, c’est que la droite nationale, et c’est sans doute mieux ainsi, ne rentre pas dans les projets de cohabitation. La prochaine échéance électorale, au-delà des municipales, et si l’on s’en tient au calendrier - même s’il y a fort à parier que dans un an les Français seront convoqués de nouveau pour élire une nouvelle Chambre -, sera la présidentielle de 2027. Il peut donc se passer beaucoup de choses d’ici là… Qui aurait imaginé, trois ans avant la dernière présidentielle, qu’Éric Zemmour serait candidat et rassemblerait 7,5% des voix ? Pas grand monde…
Synthèse nationale, depuis sa création en octobre 2006, il y a maintenant 18 ans, se bat pour que la droite nationale finisse par arriver au pouvoir afin de redresser la France. L’hypothèse d’une droite nationale "plurielle", telle que nous l’avons espérée à maintes reprises, aurait pu se concrétiser ces derniers mois. Hélas, les vieux démons ne sont pas encore morts et l’égo l’a emporté.
Il y a encore beaucoup de travail à faire pour réaliser la salvatrice révolution des esprits et des institutions. C’est ce à quoi nous allons, à notre modeste niveau, continuer à nous consacrer dans les mois et les années qui viennent. Méditons encore sur cette phrase ô combien d’actualité de José Antonio Primo de Rivera, fondateur de la Phalange espagnole : « La révolution est l’œuvre d’une minorité inaccessible au découragement »…
Éditorial de Roland Hélie rédigé le 12 septembre 2024 et publié dans le n°67 (automne 2024) de la revue Synthèse nationale qui vient de paraître.
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