La bonne société se scandalise des militants autrichiens qui mettent en avant le fait qu’ils sont 30 % à souhaiter la remigration dans leurs slogans ces jours-ci, après leur victoire historique, soit le retour d’étrangers venus en Autriche. Ils devraient quitter ce pays qui ne les a pas invités.
Décolonisation et remigration ?
Mais qu’est-ce que la décolonisation en Algérie ou au Sénégal quand des populations installées depuis 5 générations, voire plusieurs siècles, ont été priées de quitter le pays de leur naissance et de celle de leurs pères et mères ? La décolonisation n’a-t-elle pas pointé du doigt des personnes en vertu de leur appartenance historique, voire ethnique, à un monde qui n’était pas celui de la majorité de la population autochtone : algérienne ou sénégalaise dans mon exemple. La décolonisation a obligé ces populations à quitter ces pays, à abandonner leurs biens, leurs maisons, leurs entreprises, leurs fermes parce qu’il fallait décoloniser. Mais le fermier était-il un colon ? Le médecin était-il un colon ? Le maître d’école ? L’ingénieur, etc. Ces braves gens travaillaient, construisaient, éduquaient et œuvraient dans leur quotidien au développement de leur territoire. Pourtant, ils furent expulsés, chassés, au nom de leur non-appartenance aux populations autochtones. Or, l’Occident a entériné ce droit à la décolonisation ; et après l’avoir combattu, l’a soutenu et défendu comme aujourd’hui. A tort ou à raison, nous avons entériné ces décolonisations.
Remigration et libération coloniale
Mais qu’est-ce que l’appel à la remigration si ce n’est l’exercice du droit souverain des peuples autochtones européens de ne pas accepter des migrants qui se comportent en colons ? Alors comment, une fois encore, l’Occident peut-il être schizophrène jusqu’à la folie en reconnaissant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes en sommant certains de quitter le pays au nom de la décolonisation et ne pas accepter que les peuples européens puissent ressentir la même chose, le sentiment de perte de leur identité, le sentiment de subir une invasion et le désir de se retrouver avec les siens, ne voulant pas changer de culture, de langue, de mœurs ? N’est-ce pas le propos des Algériens qui clamaient que l’arabe était leur langue, l’islam leur religion et l’Algérie leur pays, en résistance légitime à une francisation, une laïcisation et des mœurs qui suscitaient le rejet de la plupart des Algériens qui refusaient l’acquisition de la citoyenneté.
L’identité des uns ne vaut pas plus que celles des autres
Pourquoi donc des pays auraient-ils le droit de revendiquer leur identité ? On peut penser aux Kanaks aujourd’hui dont la culture est valorisée par certains, et les mêmes ne tolèrent pas que les peuples autochtones européens aient les mêmes droits. L’inégalité des cultures jouerait en défaveur des cultures européennes, étrange ! Comme si certains avaient des droits que les autres n’ont pas ? C’est une folie dans le raisonnement, ou une mauvaise foi très étrange.
La remigration, acte la liberté des peuples autochtones
Oui, la remigration est un choix souverain des peuples qui ont un droit supérieur sur leur sol et qui peuvent décider de l’opportunité d’expulser des étrangers, même après plusieurs générations. A dire vrai, ceux qui s’ulcèrent de cette revendication en Europe devraient, par souci de cohérence, se scandaliser des politiques nationalistes des peuples africains et du Maghreb qui furent à l’origine de la décolonisation : raciste, nationaliste, identitaire à l’évidence.
Pierre-Antoine Pontoizeau
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