Silvio Hemmelmayr est un jeune homme politique autrichien qui s’illustre comme une figure montante au sein de la Freiheitliche Jugend, la jeunesse du parti FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche) qu’il dirige désormais. Notre correspondant sur place, Matisse Royer, l’a rencontré et interrogé.
Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?
Silvio Hemmelmayr : J’ai 25 ans et j’ai étudié le droit à Vienne. Je m’engage en politique depuis l’âge de 16 ans. Je suis membre de la Freiheitliche Jugend, l’organisation de jeunesse du FPÖ, tant au niveau régional qu’au niveau autrichien. Dans mon Land d’origine, la Haute-Autriche, j’ai également le privilège de la présider en tant que président. Nous sommes le porte-parole de la jeunesse patriotique autrichienne et nous revendiquons notre droit à la patrie.
Breizh-info.com : Dans quelle mesure êtes-vous particulièrement fier d’être autrichien ?
Silvio Hemmelmayr : L’Autriche est un petit pays au cœur de l’Europe. Ici, la vie culturelle s’allie à une histoire riche en traditions. Outre ses magnifiques paysages et l’architecture classique de ses villes, notre pays séduit par l’hospitalité de ses habitants. J’aime ce pays et ses habitants. C’est la raison pour laquelle je souhaite le préserver pour nos enfants et les enfants de nos enfants. Nous, Européens, devons à nouveau pouvoir être fiers de nos pays et de leurs réalisations !
Breizh-info.com : Comment décririez-vous les Autrichiens sur le plan politique ?
Silvio Hemmelmayr : Probablement un peu plus conservateur que dans d’autres pays d’Europe occidentale. Néanmoins, nous sommes nous aussi victimes d’une élite libérale de gauche dans les universités et les rédactions. D’où le décalage entre l’opinion publique et l’opinion publiée. Le système tente de s’accrocher à ses centres de pouvoir par l’hégémonie culturelle. Mais les Autrichiens se réveillent et voient que nous conduisons notre pays dans le mur si nous continuons à agir comme nous l’avons fait jusqu’à présent.
Breizh-info.com : Quel rôle joue l’histoire du FPÖ dans son image publique actuelle ?
Silvio Hemmelmayr : Le FPÖ, ou plutôt son prédécesseur le VdU, a été fondé en 1949. C’est-à-dire peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le FPÖ est donc depuis longtemps un élément marquant de la politique intérieure autrichienne. Au début, il était encore considéré comme un petit parti, mais Jörg Haider a réussi à faire du FPÖ un parti populaire. On dit de Jörg Haider qu’il a été l’inventeur du populisme de droite. Cela marque encore le parti aujourd’hui et nous défendons une ligne rigoureuse sur la question de l’immigration.
Breizh-info.com : Comment le paysage médiatique autrichien rend-il compte du FPÖ ? Pensez-vous qu’il y a une couverture équilibrée ou y a-t-il des tendances qui parlent pour ou contre le FPÖ ?
Silvio Hemmelmayr : Je ne trahis pas un grand secret en disant que la plupart des médias établis ne sont pas toujours très fair-play lorsqu’il s’agit de couvrir le FPÖ. La radio-télévision publique en particulier, qui serait tenue par la loi à la neutralité, laisse souvent à désirer en termes d’équilibre. Les médias, en tant que partie intégrante du système, craignent bien sûr pour leur influence et deviennent de plus en plus hystériques dans leurs mises en garde contre le FPÖ, car les gens se font désormais leur propre idée par eux-mêmes. Dans cette mesure, il est également important de soutenir les médias alternatifs, car ils apportent une contribution importante à la diversité des opinions !
Breizh-info.com : Comment décririez-vous les récents développements politiques en Autriche ?
Silvio Hemmelmayr : Les développements politiques s’orientent vers un duel entre le parti unique et le FPÖ. En effet, si l’on observe l’éventail des partis autrichiens, on constate que tous les partis, des libéraux à la gauche, défendent la même opinion dans une nuance différente. A cela s’ajoute le cartel médiatique qui se positionne contre le FPÖ. La victoire électorale du FPÖ a toutefois été un point d’exclamation montrant que les Autrichiens veulent du changement.
Breizh-info.com : Quels sont les événements importants qui ont marqué la politique autrichienne au cours des dernières années ?
Silvio Hemmelmayr : On peut citer notamment la crise migratoire, qui n’est en réalité pas résolue depuis 2015, et la situation économique. De nombreux jeunes ne peuvent plus se permettre de vivre à cause de l’inflation. En effet, les prix de l’alimentation et du logement ont crevé le plafond ces dernières années. À cela s’ajoute la poursuite de la migration de masse. De nombreuses personnes ne se sentent plus chez elles dans leur propre pays.
Breizh-info.com : Qu’est-ce qui explique, selon vous, leur attrait actuel auprès des électeurs autrichiens ?
Silvio Hemmelmayr : Les Autrichiens veulent tout simplement du changement, pas du statu quo. Et si l’on considère les options qui s’offrent à nous dans les urnes, il n’y a qu’une seule véritable alternative au parti unique. Le FPÖ est le seul à proposer un autre cap sur de nombreuses questions, qu’il s’agisse de l’immigration ou de la situation économique. Chez nous, les électeurs savent ce qu’ils obtiennent.
Breizh-info.com : Quels sont les thèmes clés que le FPÖ met en avant pour attirer l’électorat ?
Silvio Hemmelmayr : Perte d’identité, idéologie du genre, question migratoire, renchérissement, pour ne citer que quelques éléments. Les gens ne veulent pas de politiciens déconnectés qui n’ont aucune idée de leurs problèmes et de leur réalité. Ceux qui préfèrent défendre l’idéologie du genre arc-en-ciel pour les enfants de maternelle au lieu de s’engager pour un logement bon marché et une vie abordable n’ont rien compris.
Breizh-info.com : Le FPÖ avait-il une stratégie particulière pour les élections autrichiennes dans les régions plus libérales ou urbaines ?
Silvio Hemmelmayr : En principe, les élections nationales ont un programme national. Il est évident que lors des élections régionales, il faut tenir compte des conditions structurelles particulières d’une région.
Breizh-info.com : Quelle est la conception de la remigration du FPÖ, notamment en ce qui concerne son application concrète ?
Silvio Hemmelmayr : La remigration est un ensemble de mesures. Il s’agit non seulement de mettre un terme à la politique d’immigration actuelle, erronée et irresponsable, mais aussi de réparer les dommages causés à notre pays au fil des ans. Pour cela, tous les migrants qui n’auraient jamais dû immigrer dans notre pays doivent retourner dans leur pays d’origine. La remigration vise donc les migrants non assimilés qui dépassent les capacités d’accueil de notre pays et qui nous pèsent donc culturellement, socialement et économiquement. Les migrants illégaux des dix dernières années doivent être systématiquement rapatriés. Mais il faut également inciter les étrangers vivant ici et les immigrés naturalisés à tort, qui posent problème dans notre pays, à rentrer chez eux. Cela doit se faire par le biais d’un ensemble de lois, de règlements, de programmes de soutien et d’incitations à l’émigration. La remigration signifie donc une politique migratoire pro-autrichienne qui inverse les flux d’immigration de ces dernières années. Tout cela ne pourra pas se faire du jour au lendemain, mais constituera un projet sur de nombreuses années.
Breizh-info.com : En quoi le FPÖ se distingue-t-il des autres partis autrichiens en matière de politique économique ?
Silvio Hemmelmayr : Nous ne participons pas à la lutte des classes entre entrepreneurs et travailleurs. Une économie nationale saine nécessite l’interaction d’entreprises innovantes et de travailleurs assidus. Nous disons que la performance doit être récompensée et nous nous prononçons contre une cupidité non solidaire. Tous ceux qui contribuent à la réussite de l’économie doivent en tirer profit. Pour cela, il faut des impôts peu élevés et des incitations à être assidu et à aller travailler.
Breizh-info.com : Comment réagissez-vous aux résultats du FPÖ ?
Silvio Hemmelmayr : Je me réjouis bien sûr énormément de la victoire électorale du FPÖ. Pour la première fois, il a franchi la ligne d’arrivée en tête, c’est historique ! Et surtout, c’est un grand bénéfice pour ce pays et ses habitants. On verra combien de temps le parti unique pourra tenir sa stratégie d’exclusion. Le FPÖ est en tout cas prêt à prendre ses responsabilités et à améliorer la vie des Autrichiens. Peu importe la question de l’immigration ou la situation économique.
Breizh-info.com : La gauche en Europe bénéficie d’un nombre considérable d’infrastructures organisationnelles (ONG, médias subventionnés, universités, etc.). Pensez-vous que nous devrions créer un pré-carré des droites européennes ? En d’autres termes, un ensemble de structures conçues pour renforcer les liens, notamment par la culture, mais aussi par la métapolitique
Silvio Hemmelmayr : L’élite libérale de gauche a consolidé son pouvoir par le biais de nombreuses ONG, mais aussi dans les universités et par le biais des journalistes. Il est difficile, voire impossible, de briser ce pouvoir non parlementaire par le seul travail parlementaire. C’est pourquoi il faut aussi des acteurs de la société civile, qu’il s’agisse d’ONG ou de médias, qui représentent une alternative au courant dominant de la gauche libérale. Que l’on appelle cela le Vorfeld ou la société civile patriotique n’est finalement pas pertinent. Ce qui est pertinent, c’est que nous devons changer la situation inacceptable en Europe ! Et ce, tous ensemble.
Propos recueillis par Matisse Royer
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