Pendant ce temps, l’heure tourne et, pour le camp du Bien, il faut se dépêcher de mettre la pagaille dans le monde. Il ne s’agirait pas que les méchants, c’est-à-dire Trump et Poutine (pour les Démocrates, c’est presque pareil), mettent un terme à la guerre en Ukraine. Alors, Joe Biden a pris les choses en main cette semaine. Façon de parler, bien sûr, car il n’est pas certain que ce brave homme puisse encore tenir une cuillère à café. Mais enfin, la nouvelle s’est répandue par voie de presse : les Etats-Unis autorisent désormais l’Ukraine à frapper le territoire russe avec les missiles américains à longue portée. De quoi faire basculer les Etats-Unis du côté de la belligérance, alors même que Volodymyr Zelensky, plus au fait de la situation tactique que ses mentors américains, envisageait, il y a quelques jours, une solution négociée.
Une escalade de la violence potentiellement irréversible
Comme un fait exprès, Joe Biden s’est déplacé au Brésil le 17 novembre, plus précisément à Manaus, au cœur de la forêt amazonienne, pour y donner une conférence de presse à la veille du lancement du sommet du G20 à Rio de Janeiro – et alors qu’il revenait d’un sommet Asie-Pacifique à Lima (Pérou). Bien que les deux événements ne soient pas liés, le président des Etats-Unis, à deux mois de la fin de son mandat, aurait pu en profiter pour s’expliquer sur sa décision belliciste, qui peut sembler absurde à de nombreux observateurs de l’actualité internationale. Las ! Après un discours particulièrement convenu sur l’urgence climatique, Joe Biden, vêtu d’une chemise tropicale et d’une paire de Ray-Ban, comme un officier traitant de la CIA qu’on aurait oublié trop longtemps dans la jungle, n’a pas répondu aux questions des journalistes. Après un vague signe de la main, il a pivoté mécaniquement, puis, regardant droit devant lui, s’est enfoncé dans la forêt primaire, suivi par ses officiers de sécurité.
Un président sénile, qui vient d’autoriser une escalade de la violence potentiellement irréversible, apparaît pour parler du climat, avant de partir seul, chaussé de lunettes de soleil, vers une direction inconnue, dans une végétation épaisse. On dirait que cette scène a été tournée sous LSD, qu’elle est sortie de l’imagination du scénariste de Las Vegas Parano. Mais non. Tout cela est réel, on est en 2024, la troisième guerre mondiale n’est plus seulement un jouet conceptuel et là-bas, dans la forêt vierge, un vieux monsieur articule avec peine quelques phrases creuses avant de tituber vers l’infini. Nicolas Conquer, qui représente les Républicains américains en France, a ironisé sur X. Il n’est probablement pas le seul à rire aujourd’hui de ce triste spectacle. Mais dans nos médias, qui osera s’en affliger ?
Arnaud Florac
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