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Agriculture : les syndicats jugent insuffisantes les mesures du gouvernement

© Jordan Florentin
© Jordan Florentin
Après plusieurs semaines de revendications et d’actions syndicales, les agriculteurs ont enfin reçu quelques mesures à se mettre sous la dent concernant les lourdeurs administratives qui pèsent sur le monde paysan. Leur ministre, Annie Genevard, après s’être entretenu, vendredi dernier, avec plusieurs de leurs représentants, a dévoilé, ce samedi, les décisions « qu’elle entend prendre de toute urgence ». Des annonces qui divisent les syndicats agricoles.

La colère se fait entendre

Tout est encore loin d’être acquis, mais c’est un bon début pour de nombreux agriculteurs qui se réjouissent d’avoir (enfin !) été entendus par le gouvernement. Le ministre de l’Agriculture a tenu à s’entretenir avec certains acteurs de la révolte paysanne avant d’annoncer, ce samedi, les mesures qu’il a choisi d’adopter afin de répondre aux attentes de ceux qui manifestent sur les routes de France depuis trois mois. Pour une fois, les discussions se sont soldées par plusieurs mesures « de bon sens », concrètes et positives, selon la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs. Ces derniers « se réjouissent de retrouver certaines de leurs propositions dans ces annonces », portant principalement sur les contraintes « subies par les agriculteurs ».

Parmi elles, la simplification de l’instruction des projets d’élevage dans le cadre de la réglementation dite ICPE (pour installations classées pour la protection de l’environnement) destinée à raccourcir les délais de réponse de l'administration, ainsi que l’accélération du paiement des acomptes de la PAC (politique agricole commune), y compris pour les agriculteurs soumis à un contrôle. Le ministre a également tenu à apporter des changements aux contrôles très controversés de l’Office français de la biodiversité (OFB) en donnant l’instruction à son directeur d’assurer la dissimulation des armes et le port de « caméras-piétons » par les agents.

Des mesures saluées par l’alliance des deux syndicats, mais encore insuffisantes selon elle, au regard du travail qui reste à accomplir. Parmi les priorités sont pointées la nécessité d’avancer sur la lutte contre la prédation, soit les dégâts occasionnés dans les élevages par les loups ou les ours (chéris par les écologistes), l’amélioration du régime d’assurance récolte et la révision des seuils ICPE. Mais surtout, les syndicats insistent sur le problème central qui demeure sans réponse et pour lequel ils appellent à reprendre les manifestations, dès le 10 décembre prochain : la faiblesse des revenus agricoles empêche encore de nombreux agriculteurs de vivre décemment de leur travail.

Pour la CR, « toujours plus de bureaucratie »

La Coordination rurale n’a pas attendu l’appel de la FNSEA pour maintenir sa mobilisation. Le troisième syndicat de la profession continue d’organiser des manifestations dans toute la France. Sa délégation du Lot-et-Garonne, suivie par des centaines d’agriculteurs, a même appelé à porter plainte contre l’État pour « préjudice moral et financier ».

Pour ce groupe syndical, qui prend de plus en plus d’ampleur depuis les contestations de janvier, « le compte n’y est toujours pas ». Si sa présidente, Véronique Le Floc’h, se satisfait d’être tombée d’accord avec le ministre sur l’impossibilité d’imposer des « interdictions sans [proposer de] solutions », ainsi que sur la surtransposition des normes européennes, elle regrette de n’avoir rien vu dans les annonces ministérielles qui soulage réellement les agriculteurs. Quant à la création du Conseil d’orientation pour la protection des cultures, c'est « une structure de plus, à la française, parfaitement inutile », a-t-elle déclaré auprès du Télégramme. Concernant l’instruction rapide des dossiers, elle rappelle que l’annonce avait déjà été faite par l’ancien ministre, Marc Fesneau. Rien de nouveau de ce côté, donc.

Elle fustige aussi l’approche française en matière de normes européennes : « Au lieu d’interdire ce qui est autorisé dans les pays voisins, que la France se range derrière les autorisations de mise sur le marché prises par Bruxelles. » Quant à la dissimulation des armes des agents de l’OFB ? La présidente réclame « la suppression pure et simple » de l’organisme, qu’elle juge inutile : « Combien d’agents circulent dans nos campagnes, pour combien d’agriculteurs délinquants ? », interroge-t-elle.

Enfin, elle déplore l’absence de mesures pour améliorer les revenus agricoles : « Pendant ce temps, [...] rien sur l’allègement de nos charges sociales et fiscales [...] Rien, non plus, concernant les dividendes des grandes coopératives qui délocalisent via leurs filiales à l’étranger… » Une colère toujours intacte, nourrie par une méfiance croissante envers un gouvernement qui multiplie les promesses mais dont les agriculteurs attendent toujours... des actes.

Alienor de Pompignan

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