Cette semaine, loin de la banlieue parisienne et des meetings de Mélenchon, c'est dans un autre Villeneuve que l'union des droites a discrètement posé ses premiers jalons, à Villeneuve-sur-Lot. Cette sous-préfecture du Lot-et-Garonne, naguère gaulliste puis fief de Jérôme Cahuzac et de ses épigones pendant vingt ans, est repassée dans le giron de la droite LR, son nouveau maire se faisant ensuite élire député contre la sortante RN Annick Cousin, à la faveur de la dissolution. La ville ne semblait pas un objectif prioritaire du RN, mais le départ du nouveau maire pour l'Assemblée, la progression du score du RN et les mutations de la droite au nouveau national et local « ont changé la donne », comme l'écrit Sud-Ouest.
Il vaut la peine de s'attarder sur les profils des protagonistes de ce projet d'union, tel que la dessine la photo. Deux leaders RN : Sébastien Delbosq, candidat RN sur la circonscription d'Agen et responsable départemental, décrit par la presse locale comme un ex-sarkozyste devenu mariniste et Annick Cousin, ex-député RN de la circonscription de Villeneuve-sur-Lot. Deux leaders qui ont rassemblé sur leurs noms des milliers de voix de Lot-et-Garonnais et en capacité d'être élus ou réélus aux prochaines législatives. Dans cette séquence politique un peu incertaine qui s'ouvre où l'on ne sait pas trop quelles élections auront lieu en premier (municipales, législatives ou présidentielles...), leur fonction de locomotive est un précieux atout quelle que soit la configuration.
A côté d'eux, deux figures politiques bien connues des Villeneuvois, dont le parcours politique témoigne de la tectonique des plaques déclenchée par la dissolution. Geoffroy Gary était le responsable départemental de Reconquête!, et, par son charisme, il a hissé le score de Zemmour à 8,5 % dans une terre qui ne correspondait pas franchement à la sociologie de Versailles ou de Saint-Tropez. Soucieux d'union, il a, comme beaucoup de cadres Reconquête!, suivi Marion Maréchal après les européennes et la dissolution. Enfant du pays, investi dans le milieu agricole et le rugby, cet enseignant apportera à cette liste en construction une solide expérience. L'autre pilier de cette union autour du RN est Freddy Gueudin, qui était jusqu'à il y a un mois le délégué LR pour la 3e circonscription. Elu conseiller municipal de Villeneuve en 2020, il est aujourd'hui le délégué départemental de l'UDR d'Eric Ciotti. Ce sont donc deux professionnels de valeur, engagés, habitués au militantisme et au combat électoral qui rejoignent cette union des droites version lot-et-garonnaise.
Un cas isolé ou un exemple parmi tant d'autres communes ? Les semaines et mois qui viennent nous le diront. Longtemps, le RN s'est trouvé incapable de présenter des listes pour les municipales, peinant à recruter des candidats de valeur solides et bien identifiés. Cette époque semble révolue et l'union des droites qui se met en place se traduit par un afflux de responsables politiques locaux, dont les compétences, les réseaux (personnel, professionnel et militant) devraient lui permettre de concrétiser ses succès nationaux au niveau local.